L’antagoniste


« Ne crains pas l’antagoniste ! Sous son masque cruel se cache ton plus grand allié, ton plus fidèle serviteur. »

Je lui fis part de mes résolutions, de l’attention nouvelle que j’accordais maintenant à mon corps, des résultats de mes premières expériences avec la nourriture, le sommeil et la respiration. Je lui parlai de la course à pied, de cette mystérieuse voix intérieur qui ne cessait de m’inciter à renoncer, à céder, à faillir dans mes intentions.

« La voix que tu entends est celle de l’antagoniste qui t’habite », déclara le Rêveur, abordant ainsi un des thèmes les plus exigeants de mon apprentissage.

Le Rêveur passa en revue les moments les plus marquants de l’histoire de l’humanité, les catastrophes qui, depuis des siècles, s’abattent sur elle et sur les sociétés qu’elles avaient créées. En cherchant la cause de tout cela, en fouillant l’origine de nos malheurs, il me fit la description détaillé d’une force planétaire qui est à la psychologie ce que la friction est à la physique.

Comme c’est le cas pour un corps en mouvement, chaque élan qu’un homme imprime à sa vie rencontre une force contraire équivalente. Ce jour-là, le Rêveur introduisit dans nos entretiens un ensemble de propositions et de principes qu’il appela « la loi de l’antagoniste ».

« Toute chose, de la plus simple à la plus complexe, de la vie d’un homme à celle de toute une civilisation, et même le plus petit organisme dans l’échelle de l’évolution, affronte un pouvoir apparemment contraire, un antagoniste dont la force et les capacités sont proportionnelles à l’ampleur de son projet. »

Le Rêveur m’expliqua que tout homme est un rêveur. Et tout homme, parce qu’il est un rêveur, est en bien ou en mal l’artisan, le créateur de sa réalité personnelle, de son propre destin ; avec le temps, chacun de ses rêves, chacune de ses pensées et tout ce qui naît de lui se matérialisent.

 « Le monde est un résultat, une projection de ton rêve, mais aussi de tes cauchemars. Il peut être paradisiaque ou infernal. C’est toi qui décides où et comment tu vis. »