«Comment progresse ta récapitulation ?»
Sa demande me prit au dépourvu . Je lui répondis que je n’avais pas encore essayé l’exercice car j’attendais que les conditions soient favorables à la maison.
Il me lança un regard très sérieux, comme fait de reproches, et commenta que pour les sorciers, la totalité du chemin se résume à son premier pas.
« Cela signifie que les conditions idéales sont celles du moment présent et immédiat « Puis se radoucissant, il me dit encore.
« C’est ce qui se passe pour nous tous au début.
Observer notre vie est un exercice perturbateur, parce qu’il exige que nous allions jusqu’au fond et il est facile de remettre cela à plus tard.
Cependant, si nous insistons, après un certain temps d’observation aiguë, nous commençons à découvrir que ce qui nous avait toujours semblé être des formes évidentes et correctes de pensée n’étaient en réalité que des croyances implantées.
« Les idées auxquelles nous avons recours avec ferveur constituent la matière la plus dense de notre contamination mentale. En général, elles découlent toutes d’une erreur de syntaxe. Si on change la façon de parler, elles n’ont plus de sens et leur sont alors substituées d’autres idées.
C’est ainsi qu’existent tant de systèmes de croyances de par le monde.
« A partir du centre de la connaissance silencieuse nous savons tous cela et nous sommes peu souvent disposés à pratiquer nos croyances.
Nous pouvons passer notre vie à parler d’amour du prochain ou encore de tendre l’autre joue, mais qui ose vraiment passer à l’acte ?
On voit alors fleurir des guerres pour des motifs religieux et par lesquelles les gens se tuent pour leur façon plus particulière de prononcer le nom de Dieu.
« Les sorciers savent que les croyances basées sur des idées sont fausses.
Il m’expliqua que le point de départ de nos convictions est habituellement quelque chose qu’on nous a dit sur un ton impératif ou persuasif lorsque nous étions enfants, avant que nous n’ayons un bagage d’expériences pour pouvoir comparer, ou encore à cause de la propagande massive et subliminale à laquelle l’homme actuel se voit soumis.
Fréquemment, elles proviennent aussi d’un choc émotionnel soudain et profond, comme celui dont souffrent ceux qui se laissent entraîner par une hystérie religieuse.
Ce type de croyances est plus généralement associatif.
« Étant donné que dans le noyau de chacune de nos actions coutumières ou réactions se cache une croyance, alors le devoir initial sur le chemin de la connaissance sera de faire l’inventaire de toutes les choses dans lesquelles nous avons déposé notre foi.»
Il me suggéra que je consacre un nouveau cahier pour cet exercice où je pouvais annoter toutes mes croyances. Il m’assura qu’il me servirait de façon pratique en dessinant la carte de mes motivations et de mes attachements.
« A chaque moment, dit-il, tu dois chercher la source de tes croyances et analyser chacune d’entre elles en profondeur. Détermine quand et pourquoi elles surgirent, ce qui existait avant cette croyance et comment tu te sentais et combien cela a changé ta foi avec le fil des années.
L’intention n’est pas que tu justifies quoi que ce soit, mais que tu rendes tout plus limpide.
Cet exercice s’appelle ‘traquer les croyances’ Il me promit que le résultat de ma pratique me servirait à me libérer des «convictions de seconde main « et il s’empressa de dire que dans le monde des sorciers seule est valable l’expérimentation directe.