Comment arriver à leur propre vérité


Vous enseignez à vos enfants quoi penser plutôt que comment penser.

Explique, s’il Te plaît.

Certainement. Lorsque vous donnez de la connaissance à vos enfants, vous leur dites quoi penser. C’est-à-dire que vous leur dites ce qu’ils sont censés savoir; ce que vous voulez qu’ils trouvent vrai.

Lorsque vous donnez la sagesse à vos enfants, vous ne leur dites pas quoi savoir, ou ce qui est vrai, mais plutôt, comment arriver à leur propre vérité.

Mais sans connaissance, il ne peut y avoir de sagesse.

D’accord. Voilà pourquoi J’ai dit que vous ne pouvez ignorer la connaissance en faveur de la sagesse.

Une certaine part de connaissance doit être transmise d’une génération à la suivante.

De toute évidence. Mais le moins de connaissance possible. Moins il y en aura, mieux ce sera.

Laissez l’enfant faire ses propres découvertes. Sachez ceci : la connaissance se perd; la sagesse ne s’oublie jamais.

Alors, nos écoles devraient enseigner le moins possible?

Vos écoles devraient mettre l’accent sur l’inverse. Maintenant, elles sont hautement concentrées sur la connaissance, et accordent peu d’attention à la sagesse.

Pour bien des parents, les cours de pensée critique, de résolution de problèmes et de logique sont menaçants. Ils veulent éliminer ces cours des programmes. Ils devront le faire, s’ils veulent protéger leur mode de vie.

Car les enfants qu’on laisse développer leurs propres processus de pensée critique sont très susceptibles d’abandonner la morale, les normes et tout le mode de vie de leurs parents.

Afin de protéger votre mode de vie, vous avez bâti un système d’éducation fondé sur le développement, chez l’enfant, de souvenirs et non de capacités.

On enseigne aux enfants à se rappeler des faits et des fictions, les fictions que chaque société a établies autour d’elle-même, plutôt que de leur donner la capacité de découvrir et de créer leur propre vérité.

Les programmes qui demandent aux enfants de développer des capacités et des talents plutôt que des souvenirs subissent le ridicule de ceux qui croient savoir ce qu’un enfant a besoin d’apprendre. Mais ce que vous avez enseigné à vos enfants a mené votre monde vers l’ignorance, plutôt que de l’en écarter.

Nos écoles n’enseignent pas de fictions, mais des faits.

Alors, vous vous mentez à vous-mêmes, tout comme vous mentez à vos enfants.

Nous mentons à nos enfants?

Bien sûr. Prends n’importe quel livre d’histoire et tu verras.

Vos histoires sont écrites par des gens qui veulent que leurs enfants voient le monde d’un point de vue particulier.

On dénigre et on qualifie de «révisionniste» toute tentative d’enrichir les comptes rendus historiques en présentant une vision élargie des faits.

Vous ne dites pas à vos enfants la vérité à propos de votre passé, afin qu’ils ne puissent pas vous voir tels que vous êtes.

La plus grande part de l’histoire est écrite du point de vue de ce segment de votre société que vous appelleriez les mâles protestants, anglo-saxons et blancs. Lorsque des femmes, des Noirs ou d’autres membres de minorités disent : «Eh, minute. Ce n’est pas comme ça que c’est arrivé. Vous avez laissé de côté un aspect immense, ici», vous avez un mouvement de recul; vous vous agitez et vous exigez que les «révisionnistes» cessent d’essayer de changer vos manuels. Vous ne voulez pas que vos enfants sachent comment c’est vraiment arrivé. Vous voulez qu’ils sachent comment vous avez justifié ce qui est arrivé, de votre point de vue.