Sens internes


Chaque lecteur, donc, a des sens internes et, dans certaines limites, les utilise constamment, bien qu’il ne soit pas, au niveau de l’ego, conscient de le faire.

Admettons que nous nous servions de ces sens internes tout à fait librement et consciemment.

Si vous le faisiez, vous percevriez le type d’environnement dans lequel je vis.

Vous verriez une situation non occultée au sein de laquelle les événements et les formes seraient libres, non englués dans la gelée moisie du temps.

Vous pourriez voir, par exemple, votre living-room non seulement composé de meubles constants dans leur apparence, mais en stimulant votre attention vous verriez la danse immense et ininterrompue des molécules et des autres particules qui composent les objets.

Vous pourriez voir une lueur phosphorescente, l’aura de la « structure » électromagnétique qui caractérise les molécules elles-mêmes.

Vous pourriez, si vous le souhaitiez, condenser votre conscience jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de voyager à travers une seule molécule, et au sein de la molécule elle-même, contempler l’univers de la pièce et la gigantesque galaxie où les formes en mouvement, semblables à des étoiles, sont en état d’interaction.

Toutes ces possibilités représentent une réalité valable.

La vôtre ne l’est pas plus, mais c’est la seule que vous percevez.

En utilisant les sens internes, nous devenons des créateurs conscients, des cocréateurs.

Mais vous êtes des cocréateurs inconscients, que vous le sachiez ou non.

Si votre environnement vous semble non structuré, c’est seulement parce que vous ne comprenez, pas la vraie nature de l’ordre qui n’a rien à voir avec une forme permanente, laquelle n’apparaît telle qu’en fonction de votre point de vue.

Il n’y a ni après-midi ni soirée dans mon environnement. Je veux dire que je ne suis pas astreint à une continuité temporelle. Rien ne m’empêche néanmoins d’expérimenter une telle succession si je le désire.

Nous prenons la mesure du temps, ou de ce que vous entendez par là, en éprouvant des intensités – un temps psychologique avec ses sommets et ses vallées.

Ceci présente certaines similarités avec vos émotions quand le temps semble accélérer ou ralentir.

Néanmoins, par bien des aspects, les différences sont profondes.

Notre temps psychologique pourrait être comparé aux murs d’une pièce, mais dans notre cas, ces murs changeraient constamment de couleur, de dimension, de hauteur, de profondeur et de largeur.

Nos structures psychologiques sont différentes : nous utilisons consciemment une réalité psychologique multidimensionnelle qui n’est pas familière à votre ego.

Donc il est naturel que notre milieu possède des qualités multidimensionnelles que ne perçoivent pas les sens physiques.

En ce moment, alors que je dicte ce livre, je projette entre les systèmes une partie de ma réalité vers un niveau indifférencié qui n’est pas trop occulté.

Comparativement parlant, c’est une aire inerte.

Cette aire pourrait être comparée à celle qui est située immédiatement au-dessus de l’atmosphère terrestre.

Je parle d’atmosphère psychologique et psychique, et cette aire est suffisamment éloignée de toute influence physique pour que le message soit relativement compris.

Elle est également distante de mon environnement, car j’aurais, sinon, quelque difficulté à traduire l’information dans votre langage.

Vous devez comprendre que, quand je parle de distance, je ne me réfère pas à l’espace.

Création et perception sont beaucoup plus intimement mêlées que ne le pensent vos savants.

Il est tout à fait vrai que vos sens créent la réalité qu’ils perçoivent.

Un arbre est très déférent d’un microbe, d’un oiseau, d’un insecte ou d’un homme qui se tient à côté de lui.

Je ne dis pas seulement que l’arbre apparaît comme différent. Il est différent.

Vous percevez sa réalité par l’intermédiaire de sens hautement spécialisés ; ce qui ne signifie pas que cette même réalité existe sous une forme moins essentielle lorsqu’elle est perçue par le microbe, l’insecte ou l’oiseau.

Vous ne pouvez appréhender la réalité dans toute sa valeur que dans un contexte différent du vôtre.

Ceci s’applique à tout ce qui appartient au système physique tel que vous le connaissez.

Ce n’est pas que cette réalité physique soit fausse, c’est que la représentation que vous vous en faites n’est qu’une des innombrables manières de percevoir les aspects variés que prend la conscience.

Les sens vous contraignent à traduire l’expérience en structures physiques.

Les sens internes élargissent votre niveau de perception, vous permettent d’interpréter l’expérience d’une manière beaucoup plus libre, de créer de nouvelles formes et de nouvelles voies grâce auxquelles la conscience – la vôtre ou celle de n’importe qui – peut se connaître.

La conscience est, entre autres choses, un exercice spontané de créativité.

Dans un contexte à trois dimensions, vous apprenez les moyens grâce auxquels votre existence psychique et émotionnelle est en mesure de créer la diversité des formes physiques.

Vous agissez à l’intérieur de votre environnement psychique et ces manipulations s’inscrivent automatiquement dans le moule physique.

Notre environnement témoigne d’une créativité différente de la vôtre.

Votre monde est créatif et le seul fait que les arbres portent des fruits corrobore le principe d’autosuffisance selon lequel la terre tire sa nourriture d’elle-même.

Les aspects créateurs de la nature matérialisent les tendances psychiques, spirituelles et physiques les plus profondes mises en place il y a des millénaires et qui constituent une partie de l’inconscient collectif dont relève la connaissance psychique.

Nous dotons les éléments de notre environnement d’une force créatrice plus importante qu’on ne croit.

Par exemple, nous ne faisons pas pousser de fleurs.

Mais l’intensité, la force psychique concentrée de nos natures psychologiques forment de nouvelles dimensions.

Si vous peignez un nuage dans l’existence à trois dimensions alors que vous n’avez qu’une surface plane, vous ne pouvez que suggérer l’expérience tridimensionnelle complète.

En revanche, dans notre milieu, nous pouvons créer tous les effets dimensionnels que nous désirons.

Ces capacités ne nous appartiennent pas toutes en propre. Elles sont notre héritage.

Comme vous le verrez plus tard, vous exercez vos sens internes et vos capacités multidimensionnelles plus fréquemment qu’il n’y paraît, et cela au cours d’autres états de conscience que celui, considéré comme normal, de veille.

Comme mon milieu ne parvient que difficilement à définir les éléments physiques, vous serez capables de comprendre sa nature par déduction quand je développerai quelques sujets.

Vous percevez votre milieu physique en fonction de votre structure psychologique.

Si votre sens de la continuité résultait de processus associatifs plutôt que de l’habitude d’un Soi se déplaçant dans le temps, vous feriez l’expérience d’une réalité physique totalement différente.

Les objets du passé et du présent pourraient être perçus simultanément, leur présence étant légitimée grâce aux relations associatives.

Imaginons, par exemple, que votre père ait eu huit sièges favoris pendant son existence.

Si vos mécanismes perceptifs étaient principalement édifiés sur l’association intuitive plutôt que sur la continuité du temps, vous pourriez percevoir tous ces sièges à la fois, ou bien, en en voyant un, vous connaîtriez l’existence de tous les autres.

Ainsi le milieu ne constitue pas en lui-même une chose distincte, mais il est l’aboutissement de modèles de perception, et ceux-ci sont déterminés par la structure psychologique.

De la même manière, si vous voulez savoir à quoi ressemble mon milieu, vous devez comprendre ce que je suis.

Pour être clair, je dois vous parler de la nature de la conscience en général.

Ce faisant, je vous en dirai beaucoup plus sur vous-mêmes.

Votre ego interne est déjà très averti sur ce sujet.

Pour une part, mon objectif est de faire acquérir à votre Soi imbu de lui-même un savoir qui est déjà connu par une large partie de votre conscience, ce que vous avez longtemps ignoré.

Vous êtes éveillés à l’univers physique et interprétez la réalité en fonction de l’information provenant des « sens extérieurs ».

Pour parler d’une manière imagée, je me tiendrai dans la réalité physique et je regarderai en vous afin de décrire ces réalités de la conscience et de l’expérience que votre grande fascination vous empêche de voir.

Car vous êtes fascinés par la réalité physique, et vous l’êtes de la même façon que cette femme en transe par le truchement de qui j’écris ce livre.

Toute votre attention est concentrée d’une manière hautement spécialisée sur un point brillant que vous appelez réalité.

D’autres réalités sont tout autour de vous, mais vous ignorez leur existence et vous effacez tous les stimuli qui viennent d’elles.

Cette transe a sa signification que vous découvrirez, petit à petit.

Vous devez vous éveiller.

Mon but est de sensibiliser vos sens internes.

Mon environnement inclut, naturellement, ces autres personnalités avec qui j’entre en contact.

Communication, perception et environnement peuvent difficilement être séparés.

Donc le type de communication mis en pratique par moi et mes associés est extrêmement important dans toute discussion concernant notre environnement.

Comme vous, j’ai des amis, bien qu’ils puissent être de plus longue date que les vôtres.

Vous devez comprendre que nous appréhendons notre réalité très différemment de vous. Nous faisons l’expérience de ce que vous pourriez appeler le Soi et son cortège de personnalités que nous avons assumées dans d’autres existences.

Parce que nous faisons usage de la télépathie nous ne pouvons guère pratiquer la dissimulation entre nous, en admettant que nous le souhaitions.

Ceci, j’en suis sûr, vous parait être une violation de la vie privée, et pourtant je vous assure qu’en ce moment même aucune de vos pensées n’est secrète.

Elles sont très clairement connues de votre famille, de vos amis, et même de ceux que vous considérez comme vos ennemis.

Vous n’en avez simplement pas conscience.

Cela ne signifie pas que chacun de nous est un livre ouvert pour les autres.

Il existe entre nous quelque chose comme un cérémonial, une politesse mentale.

Nous sommes beaucoup plus au fait de nos pensées que vous ne l’êtes des vôtres.

Nous les choisissons librement et nous le faisons avec finesse et discernement.

Nous avons vécu nombre d’existences passées, et grâce à nos erreurs passées, nous avons mis en évidence le pouvoir de nos pensées.

Nous avons découvert notamment que personne ne peut échapper à l’immense créativité de l’image mentale ou de l’émotion.

Cela ne signifie pas que nous soyons dépourvus de spontanéité, ou que nous balancions entre deux idées en nous demandant avec anxiété laquelle est la bonne.

Nous avons dépassé depuis longtemps cette manière de voir.

Notre structure psychologique nous permet d’entrer en communication de façon beaucoup plus diversifiée que vous.

Imaginez, par exemple, que vous rencontriez un ami d’enfance, perdu de vue depuis longtemps.

Il se peut que, dans l’instant, tout vous sépare.

Vous pouvez pourtant passer une bonne soirée en axant votre discussion sur les vieux professeurs, les condisciples et rétablir ainsi une certaine relation.

Quand je « rencontre » quelqu’un, je peux nouer le dialogue en prenant pour base l’expérience d’une vie passée, bien que nous n’ayons dans « l’instant » que peu de chose en commun.

Nous avons pu nous connaître au XIV siècle, par exemple, alors que nous étions des personnages différents, et ,nous pouvons nous entretenir très agréablement en faisant revivre cette expérience, tout comme vous lorsque, avec votre hypothétique ami d’enfance, vous vous remémorez le passé.

Quoi qu’il en soit, vous devez être tout à fait conscients que nous-mêmes sommes des personnalités multidimensionnelles qui partagent plus ou moins un environnement à un certain niveau d’existence.

Comme vous pouvez le constater, cette comparaison est la seule qui puisse être proposée pour l’instant, puisque passé, présent et futur n’existent pas de cette façon.

Notre expérience, n’inclut pas les divisions du temps qui sont les vôtres.

Nous avons beaucoup plus d’amis et d’associés que vous n’en avez, parce que nous connaissons la variété des connexions existant entre ce que nous appelons pour l’instant nos « incarnations passées ».

Nous avons, pour ainsi dire, davantage de connaissances à portée de la main.

Quelle que soit la période que vous puissiez citer, il n’en n’existe pas qui n’ait été parcourue par certains d’entre nous.

Nous portons dans nos mémoires l’expérience indélébile acquise dans ce contexte particulier.

Sachant reconnaître la nature coopérative de toute conscience et de toute réalité, et la part que nous y prenons, nous n’éprouvons pas le besoin de dissimuler nos pensées et nos émotions.

Nous sommes hautement motivés. (Avec humour.) Peut-il en être autrement avec des esprits ?

(« Je ne le pense pas. »)

Parce que nous disposons du plein usage de l’énergie, nous sommes libres de tout conflit ; cette force, nous ne la gaspillons pas mais nous l’utilisons pour des buts individuels.

Ceux-ci sont la part essentielle de notre expérience psychologique.

Chaque Soi total, ou personnalité multidimensionnelle, a ses buts, ses missions, ses essais créateurs.

Ils composent les éléments primordiaux de lui-même.

Ils déterminent ces qualités qui lui assurent sa valeur éternelle et son éternelle quête.

 

En définitive, nous sommes libres d’utiliser notre énergie dans ces directions.

Nous faisons face à de nombreuses provocations d’un caractère tout à fait conjoncturel.

Nous nous rendons compte que nos buts sont moins importants en eux-mêmes que les ramifications engendrées dans nos efforts pour les atteindre.

En œuvrant pour atteindre ces buts nous traçons des voies qui peuvent être utilisées par d’autres.

Nous soupçonnons – tel est mon cas – que les buts eux-mêmes ont des finalités surprenantes, d’étourdissantes conséquences Qui nous restent étrangères et qu’ils ouvrent de nouvelles voies.

Cette prise de conscience aide à conserver le sens de l’humour.

Quand on est né et mort de nombreuses fois, qu’on s’attend à disparaître et que cette expérience aboutit à être en prise directe avec l’existence, le sentiment de la divine comédie se fait jour.

Nous participons à la joie créatrice du jeu.

Je croie, par exemple, que toute créativité et toute conscience naissent, à l’opposé du travail, de la qualité du jeu, dans l’accélération de la spontanéité intuitive qui, à travers toutes mes existences et l’expérience que j’en retire, m’apparaît comme une constante.

Par exemple, j’entre en rapport avec votre dimension, non par un effort de volonté pour me situer à votre niveau mais en m’imaginant que j’y suis.

Toutes mes morts ont constitué des aventures qui m’ont permis d’acquérir mes connaissances actuelles.

D’un côté vous prenez la vie trop au sérieux, et de l’autre vous ne prenez pas assez en compte le jeu de l’existence.

Nous possédons un sens du jeu marqué par une grande spontanéité, mais que vous considéreriez néanmoins comme un jeu sérieux.

C’est, de toute évidence, un jeu créateur.

Nous jouons avec la mobilité de notre conscience, en la propulsant, par exemple, le plus « loin » possible.

Nous sommes constamment surpris par ce qu’elle est capable de réaliser comme par les dimensions de la réalité que nous utilisons comme une marelle.

Notre comportement pourrait être futile et pourtant, là encore, nous laissons des voies derrière nous qui sont inutilisables par d’autres.

Nous laissons des messages pour qui passe par là, des signaux de nature mentale.

D’être motivés ne nous empêche pas de comprendre l’utilité créatrice du jeu, et de l’utiliser à la fois comme un moyen d’atteindre des objectifs et comme un effort surprenant et créateur en lui-même.

Actuellement pour les besoins de mon travail d’instructeur, je me déplace à travers de nombreuses dimensions, comme un professeur qui donnerait des conférences dans de nombreux pays.

La ressemblance pourtant s’arrête là parce que, avant de commencer ce travail, je dois préalablement mettre en place les structures psychologiques et apprendre à connaître les élèves.

Je dois avoir une connaissance complète du système particulier dans lequel vit mon élève, de son mode de pensée et des symboles qui ont une signification pour lui.

La stabilité de sa personnalité doit être correctement évaluée.

Ses exigences doivent être prises en considération.

L’élève doit être ,encouragé sans sollicitation outrancière.

Mon message doit s’accorder à sa perception de la réalité, particulièrement au début.

Avant même que l’enseignement n’ait sérieusement commencé, je dois faire preuve de beaucoup de vigilance afin que tous les niveaux de sa personnalité se développent plus ou moins à la même vitesse.

Fréquemment, l’enseignement est donné sans que je manifeste ma présence.

Il prend alors la forme d’une révélation foudroyante.

Quelle que soit l’importance de ma présence au cours de ces interventions, elle est limitée dans son pouvoir de changer les idées acquises qui ont une part prépondérante dans la personnalité de l’élève.

Ce que je dis est une chose, mais l’élève est, bien entendu, projeté dans une expérience psychologique et psychique qui peut lui paraître totalement étrangère à l’état conscient.

Les problèmes varient en fonction du système dans lequel vit mon élève.