La santé, les bonnes et les mauvaises pensées, la naissance des «démons»


Maintenant. Nous allons commencer par une lettre.

Cher ami,

J’apprécie votre intérêt pour mon travail et pour les sessions. Je me rends également compte de votre besoin tout à fait humain, et naturel, de traduire la philosophie en actions et en vie quotidienne.

Toutefois, les idées qui vous y sont données sont des instruments destinés à être utilisés par vous, à votre façon. Plus vous utilisez ces outils mentaux, plus vous apprenez à développer et à épanouir les dons qui n’appartiennent qu’à vous. Il y a en général, dans votre monde, des gens vers qui vous pouvez vous tourner pour trouver de l’aide – que ce soit des confidents, des amis, des médecins, des psychologues ou des médiums. Selon « où vous en êtes », l’une ou l’autre de ces personnes peut vous apporter son aide.

Cette aide peut être très bienvenue ; cependant, la valeur de ce que j’ai à offrir est d’une autre nature. En termes plus larges, l’un de mes messages les plus importants est simplement ceci : « Vous êtes une personnalité multidimensionnelle ; vous portez en vous toute la connaissance dont vous aurez jamais besoin en ce qui concerne vos défis, vos problèmes et vous-même. Les autres peuvent vous aider à leur façon et à certains niveaux de développement, cette aide est bonne et nécessaire. Mais ma mission est de vous rappeler le pouvoir incroyable qui se trouve en votre propre être, de vous encourager à le reconnaître et à vous en servir.

Dans ce but, je produis en continu, par Ruburt, le corps du matériau de Seth et des livres qui, chacun à sa façon, sont conçus en ce sens. Dans mon livre actuel, La Nature de la réalité personnelle, Un livre de Seth, j’inclus des techniques qui vont vous permettre, ainsi qu’à des milliers d’autres, d’utiliser ces idées dans la vie quotidienne ordinaire, d’enrichir la vie que vous connaissez et de résoudre vos problèmes.

Le plus beau cadeau que je puisse vous faire, même si cela n’en a pas l’air à présent, c’est de réaffirmer l’intégrité de votre être. Si je dis cela, c’est aussi parce que je me rends compte de votre statut actuel, tout comme d’autres parties de votre propre identité s’en rendent compte.

Ruburt ne dispose que d’une quantité de temps limitée et toutes sortes de choses doivent être prises en considération. J’ai personnellement connaissance de votre lettre. Ruburt ne peut pas répondre à tout son courrier car son travail et le mien en souffriraient. Je compose donc cette lettre pour que vous sachiez que vous êtes présent dans mon esprit et que de l’énergie est automatiquement dirigée vers vous quand votre lettre arrive et quand cette réponse est envoyée. L’énergie en question va vous aider à libérer vos propres capacités de compréhension et de guérison, ou vous apporter de l’aide dans tout domaine particulier où vous en ressentez le besoin.

Cette énergie est toujours disponible, que vous m’écriviez ou non. Cette énergie est toujours à vos ordres. Si vous me croyez, vous allez vous rendre compte que les autres peuvent tout au plus servir d’intermédiaires ou d’entremetteurs, et qu’en conséquence ils ne sont pas nécessaires car cette énergie est toujours disponible dans votre vie. Je ne fais que vous donner ce qui vous appartient en propre.

Seth

 

(« Merci. »)

Maintenant, accordez-nous un instant ; et c’est la fin de notre lettre. Vous choisirez de l’envoyer à certaines personnes et pas à d’autres. Il y en a dont vous vous occuperez vous-mêmes.

(Nous pensons qu’il est intéressant d’inclure cette lettre dans ce livre, vu l’importance que Seth accorde aux croyances.)

Faites une expérience simple. Le résultat en sera éloquent.

Pensez à quelque chose de triste qui vous est arrivé. Des sentiments semblables ne vont pas tarder à se manifester et avec eux le souvenir d’autres évènements désagréables qui s’y rattachent par association. Des scènes, des odeurs, des mots, peut-être à moitié oubliés, vont d’un seul coup ressurgir avec une fraîcheur nouvelle.

Vos pensées activent les sentiments appropriés. Sans que vous vous en rendiez compte, cependant, elles déclenchent aussi la mémoire toujours présente dans les cellules, l’empreinte des stimulations reçues lorsque ces évènements se sont produits. D’une certaine façon, la mémoire cellulaire rejoue la scène – et tout le corps reconnaît l’état qui s’y rattachait à ce moment-là.

Si vous poursuivez ces pensées tristes avec persévérance, vous réactivez cette condition du corps. Pensez maintenant à l’une des choses les plus agréables qui vous soient jamais arrivées ; c’est le contraire qui se produit, mais le processus est identique. Cette fois-ci, les souvenirs qui surgissent par association sont agréables et le corps change en conséquence.

Rappelez-vous que ces associations mentales sont des choses vivantes. Ce sont des formations d’énergie assemblées en structures invisibles, par des processus tout aussi valides et tout aussi complexes que l’organisation de n’importe quel groupe de cellules. Comparées à des cellules, elles durent en général moins longtemps, mais cela n’est vrai que dans certaines circonstances. En tout cas, vos pensées forment des structures aussi réelles que celles des cellules. Leur composition est différente dans le sens où elles n’ont pas de densité, en vos termes.

Les pensées ont une structure, elles réagissent aux stimulations et s’organisent selon leur propre système, exactement comme les cellules. Les pensées se développent par association. Elles attirent magnétiquement celles qui leur ressemblent et, comme d’étranges animaux microscopiques, elles repoussent leurs « ennemis » ou les pensées qui menacent leur propre survie.

(Deux voitures passent devant notre immeuble, sirènes hurlantes, mais Jane ne semble pas gênée. Des sirènes moins fortes se font entendre depuis le début de la session.)

Pour poursuivre cette comparaison, votre vie affective et mentale forme un cadre composé de ce genre de structures et ces dernières ont une action directe sur les cellules de votre corps physique.

Maintenant, revenons à Auguste ; car, une fois encore, on trouve là, dans le même individu, un excellent exemple de la façon dont des pensées et des croyances apparemment non physiques ont un effet sur l’image corporelle et la modifient. Et vous pouvez faire une pause.

(Jane sort de transe rapidement. Elle répète quelque chose qu’elle a dit plusieurs fois ces temps-ci – bien que Seth ait terminé les données concernant Auguste, au chapitre 6, de façon assez abrupte, il prévoit d’y revenir occasionnellement tout au long du livre.

Je demande quel est le titre du chapitre 8. Jane croyait qu’il avait été donné. Bien qu’elle en capte quelques lueurs, elle est incapable d’en dire plus. Les sirènes continuent ; elles me font penser à des animaux rôdant dans les lointains. Tout en les écoutant, je prends un livre qu’un membre du cours de perception extrasensorielle a laissé hier soir, sur la religion et la philosophie en Inde. « Oh, pose ça ! dit Jane en me voyant le feuilleter. C’est l’une de ces occasions où Seth pourrait donner des quantités de trucs sur ce livre » – ce qui veut dire, bien sûr, que plusieurs canaux sont disponibles.

Elle explique que, de son point de vue, ce livre est « plus insidieux que des mensonges évidents, car on sent instinctivement qu’il contient une vérité, et du coup on accepte les déformations encore plus importantes qui s’y trouvent ».

 

Maintenant. Pour commencer, on avait dit à Auguste, en de nombreuses occasions, je cite : « Vous pensez trop. Vous devriez avoir une activité physique, faire du sport, sortir davantage. » S’ajoutant à d’autres conditions présentes dans son enfance, ces remarques ont contribué à lui faire craindre sa propre activité mentale. Puisqu’il avait l’impression de ne valoir rien de bon, comment ses pensées auraient-elles pu être bonnes ?

Des sentiments de violence se sont accumulés assez tôt mais il n’existait, dans sa famille, aucune façon acceptable de libérer les sentiments agressifs normaux. Quand ceux-ci s’accumulaient en ce qui était ressenti comme des débordements violents, Auguste était encore plus convaincu que sa propre nature était inacceptable. Pendant assez longtemps, dans son état normal en tant qu’adolescent, il essaya encore et encore d’être « bien ». Cela signifiait bannir les pensées ou les impulsions de nature sexuelle allant dans différentes directions, qu’elles soient agressives ou même simplement non conventionnelles. Il utilisa une énergie considérable pour inhiber ces parties de son expérience intérieure. Pourtant, les évènements mentaux refusés ne disparurent pas. Ils augmentèrent en intensité et furent maintenus à l’écart de ses pensées habituelles, « moins dangereuses ».

Auguste créa de cette façon une structure mentale dont l’organisation suivait les principes dont j’ai parlés avant votre pause. Dans d’autres circonstances, un individu ayant des caractéristiques différentes pourrait endommager l’un de ses organes physiques, l’attaquer littéralement et aussi sûrement que le ferait un virus (avec insistance). Du fait de son tempérament et de sa nature particulière, du fait de la créativité qui lui est naturelle (même si elle n’est pas développée de façon conventionnelle), Auguste forma une structure plutôt que d’en détruire une autre.

Dans son état normal, il acceptait seulement les croyances qu’on semblait attendre de lui. Il y eut un temps, nous l’avons vu (dans la session 628, chapitre 6), avant que sa condition évolue davantage, pendant lequel les pensées de son « bon moi » luttaient avec les pensées de son « mauvais moi » pour obtenir son attention et le corps essayait alors désespérément de réagir à ces concepts souvent contradictoires qui se succédaient constamment.

Une situation s’installa finalement dans laquelle chaque ensemble de pensées et de sentiments contradictoires prenait le dessus alternativement, bien qu’Auguste maintienne sa propre intégrité la plupart du temps. Mais, par un processus d’attraction, les croyances qu’il repoussait étaient immédiatement attirées par l’autre structure mentale – composée, une fois encore, d’idées et de sentiments, combinés en ce qu’on pourrait considérer comme une organisation cellulaire invisible, avec toute sa capacité de réaction.

Dans son état normal, Auguste, ayant son propre état d’impuissance présent à l’esprit – car il s’était refusé toute action agressive normale –, se sentait faible. Ces croyances activaient la mémoire cellulaire du corps, affaiblissant le corps et entravant son fonctionnement. Pendant un certain temps, son comportement fut ennuyeux mais régulier. Un équilibre se maintenait, conforme à son intention.

Il en vint à craindre de perdre le contrôle de son corps et que celui-ci commette une action violente car, naturellement, il se rendait compte de la force des pensées et des sentiments qu’il reniait. Quand une crise se présentait ou quand il était absolument désespéré, une accélération commençait à se produire, qu’il faisait semblant de ne pas remarquer, et Auguste 2 faisait son apparition.

Auguste 2 était plein d’un sentiment de puissance – car Auguste considérait que le pouvoir était mauvais et le maintenait à l’écart de ce qu’il considérait comme son moi normal. Pourtant, Auguste savait que son corps avait besoin de la vitalité qu’il lui refusait. C’est pourquoi Auguste 2 fit son apparition, avec ses grandes idées de pouvoir extraordinaire, de vigueur et de supériorité – (plus fort et avec le sourire) je ne m’embrouille pas dans mes Auguste, j’espère que vous non plus…

(« Ça va. ») – et avec ses fantasmes d’héroïsme exceptionnel et le souvenir de tous ceux qu’Auguste lui-même refusait.

Auguste 2 se souvenait maintenant avec jubilation des actions agressives qu’il convenait à Auguste d’oublier. Cela avait pour effet de revitaliser immédiatement la nature chimique du corps. La tonicité musculaire était grandement améliorée. Le taux de sucre dans le sang et le flot d’énergie dans tout le corps en étaient modifiés.

J’ai su, quand Ruburt a vu Auguste, que le jeune homme identifiait Auguste 2 au côté gauche de sa personne. Dans son état normal, ce côté de son corps contenait plus de tension que le droit.

Avec Auguste 2, cette tension était libérée et le flot d’énergie s’en trouvait augmenté, même après le premier élan d’activité. Cependant, plus Auguste 2 restait longtemps, plus sa position s’affaiblissait – un fait reconnu par Auguste et par Auguste 2. Il fallait, voyez-vous, qu’Auguste accumule une quantité suffisante de pensées et d’émotions refoulées, dans une situation qu’il ne parvenait pas à maîtriser. Cette menace faisait apparaître Auguste 2. Le corps se comporte comme vous pensez qu’il doit se comporter, si bien qu’Auguste et Auguste 2, avec leur schéma de comportement alterné, entraînaient des comportements du corps tout à fait différents.

Oubliez maintenant la séparation qui est intervenue dans ce cas, et imaginez plutôt les idées et les sentiments successifs qui sont les vôtres. Quand vous vous sentez faible, vous êtes faible. Quand vous êtes joyeux, cela fait du bien à votre corps, qui devient plus fort. Le cas d’Auguste montre simplement, dans une forme exagérée, l’effet de vos croyances sur votre image physique. Si vous pensez : « Ah ! à partir de maintenant, je ne vais plus avoir que de bonnes pensées – donc être en bonne santé – et inhiber mes « mauvaises » pensées ; en faire n’importe quoi, sauf les penser », vous faites, à votre façon, la même chose qu’Auguste. Il avait en effet commencé par croire que certaines de ses pensées étaient si mauvaises qu’il fallait, d’une façon ou d’une autre, faire en sorte qu’elles n’existent pas. Inhiber ce que vous considérez comme des pensées négatives ou supposer qu’elles sont si épouvantables n’est donc pas une réponse adéquate.

Vos croyances concernant ce qui est souhaitable et ce qui ne l’est pas, ce qui est bien et ce qui est mal, ne peuvent pas être séparées de l’état de votre corps. Votre propre notion des valeurs peut vous aider à être en bonne santé ou vous apporter la maladie, vous amener le succès ou l’échec, le bonheur ou la tristesse. Bien sûr, chacun d’entre vous interprète cette remarque selon son propre système de valeurs. Vous avez des idées arrêtées sur ce qui constitue le succès ou l’échec, le bien ou le mal.

Votre propre système de valeurs est donc construit à partir de vos croyances concernant la réalité, et ces croyances forment ce dont vous faites l’expérience. Supposons que vous croyiez que, pour être « bien », vous devez essayer d’être parfait. Ayant lu ou entendu que l’esprit est parfait, peut-être pensez-vous qu’il est de votre devoir de reproduire, autant que faire se peut, cet esprit parfait dans la chair. Dans ce but, vous essayez de nier toute émotion ou pensée imparfaite. Vous êtes horrifié par vos propres pensées « négatives ». Si vous croyez ce que je vous ai dit – que vos pensées créent votre réalité –, vous craignez peut-être encore plus d’exprimer mentalement, ou dans les faits, tout ce qui est de nature agressive. Vous pouvez avoir si peur de faire du mal à quelqu’un que vous n’osez pratiquement plus bouger. Essayer d’être parfait tout le temps n’est pas seulement gênant ; cela peut aussi s’avérer désastreux car il y a quelque chose que vous n’avez pas compris.

Le mot « parfait » comprend de nombreux pièges. Pour commencer, il suppose quelque chose de complet, d’achevé, au-delà de tout changement, et donc au-delà de tout mouvement, de tout développement et de toute créativité.

L’esprit est toujours en état de devenir, il est éternellement souple, changeant, et, en vos termes, sans fin, de même qu’il a été, qu’il est, sans commencement. Ruburt a dit récemment que s’il était sûr d’une chose concernant la réalité physique, [c’était] qu’elle n’était pas si parfaite, en ces termes. Mais selon le même sens de ce mot, l’esprit non plus, puisque pour atteindre les exigences de la perfection, il devrait se trouver dans un état d’accomplissement au-delà duquel tout épanouissement, toute créativité, serait impossible.

Vos pensées sont. Vous pouvez les approuver ou les désapprouver, exactement comme, par exemple, une tempête. Laissées à elles-mêmes, vos pensées sont aussi variées, aussi magnifiques, aussi banales, terrifiantes ou glorieuses qu’un ouragan ou qu’une fleur, qu’une inondation ou qu’un crapaud, qu’une goutte de pluie ou qu’une grenouille. Vos pensées sont parfaitement elles-mêmes. Laissées à elles-mêmes, elles vont et viennent.

Avec votre esprit conscient, vous devez choisir parmi ces pensées celles que vous voulez intégrer dans votre système de croyances (avec intensité) mais vous ne devez pas le faire comme si vous étiez aveugle. Il peut vous arriver de souhaiter qu’un jour de pluie soit une journée ensoleillée, mais vous n’allez pas pour autant nier, en regardant par la fenêtre, qu’il pleut ou que l’air est froid et le ciel bouché.

Accepter que la pluie est la réalité présente ne signifie pas non plus qu’il faut croire qu’il fait ce temps-là tous les jours et intégrer cette idée évidemment fausse à votre système de croyances concernant la réalité. Vous n’avez donc pas à prétendre qu’une idée « sombre » n’existe pas. Vous n’avez pas à prendre pour un fait que, laissées à elles-mêmes, toutes vos idées seraient noires, ni à essayer de les cacher.

Certaines personnes ont peur des serpents, même des plus inoffensifs, et sont aveugles à leur beauté et à leur place dans l’Univers. D’autres ont peur de certaines idées et ne voient pas leur beauté et leur place dans la vie mentale.

Vous avez toutes sortes de pensées et il y a une raison à cela, tout comme il y a toutes sortes de lieux géographiques. À l’intérieur de votre réalité, il est aussi bête de nier l’existence de certaines pensées que de prétendre, disons, que les déserts n’existent pas. En suivant cette voie, vous niez certaines dimensions d’expérience et vous diminuez votre réalité. Cela ne veut pas dire non plus que vous devez amasser les idées négatives, de même que vous n’êtes pas obligé d’aller passer un mois dans le désert si vous n’aimez pas ça. Cela veut dire que, dans la nature telle que vous la comprenez, il n’y a rien qui n’ait un sens ou dont on doive faire comme si cela n’existait pas.

Chaque individu a une définition légèrement différente des émotions « négatives ». Une personne peut trouver que les pensées sexuellement stimulantes sont délicieuses et constituent un divertissement très appréciable. Quelqu’un d’autre peut les trouver mauvaises, impures et maladives, nuisibles d’une façon ou d’une autre.

Certains individus peuvent s’imaginer, avec une exubérance facile, qu’ils sont en pleine bagarre, en train de tabasser sans pitié un « diable » d’adversaire. Ce genre de pensée peut emplir quelqu’un d’autre de terreur et d’un terrible sentiment de culpabilité. Le même homme qui n’accueillerait pas délibérément ce type de fantasme en temps ordinaire peut très bien, en temps de guerre, s’imaginer en train de tuer l’ennemi avec les sentiments les plus vertueux et avec une sainte joie.

Ce qu’on oublie généralement, c’est la nature réelle de l’agressivité qui, dans son sens le plus vrai, signifie simplement une action forte. Cela ne suppose pas forcément la force physique, mais plutôt la puissance de l’énergie dirigée dans une action matérielle.

La naissance est peut-être, en vos termes, la plus forte agression possible dans votre système de réalité (avec insistance). De la même manière, la croissance de toute idée jusque dans sa réalisation temporelle résulte d’une agression créatrice. Il est impossible d’essayer d’effacer l’agressivité vraie. Ce serait effacer la vie telle que vous la connaissez.

Toute tentative destinée à entraver le flot de l’agression vraie résulte en une pseudo-agression déformée, déséquilibrée et explosive, qui cause des névroses individuelles, des guerres et une grande partie de vos problèmes dans tous les domaines.

L’agressivité normale s’écoule selon un schéma d’énergie fort, elle donne une force motrice à toutes vos pensées, que vous les considériez consciemment comme positives ou négatives, comme bonnes ou mauvaises. (De façon très assurée.) C’est la même poussée d’élan créateur qui les fait naître. Quand vous considérez une pensée comme bonne, vous ne la remettez pas en question. Vous l’autorisez à être et vous l’accompagnez. En général, quand vous considérez une pensée comme mauvaise, ou indigne de vous, que vous en avez honte, vous essayez de la nier, de l’arrêter ou de la retenir. On ne peut pas réfréner l’énergie, même si l’on croit que c’est possible. On l’amasse simplement, et à partir de là, elle grandit et cherche à s’épanouir.

Cela va sans doute vous faire dire : « Supposons que j’aie envie de tuer mon patron ou de mettre du poison dans le thé de mon mari, ou pire encore, de pendre mes cinq enfants sur la corde à linge à la place des serviettes – êtes-vous en train de me dire que je devrais mettre mes idées à exécution ? »

Je compatis avec la situation difficile qui est la vôtre. Mais le fait est qu’avant d’être « assailli » par des idées qui peuvent vous sembler ne pas être naturelles, et terrifiantes, vous avez bloqué une interminable suite d’idées moins extrêmes et vous auriez pu exprimer chacune d’entre elles naturellement et en toute sécurité, dans le cours de votre vie quotidienne. Votre problème n’est donc pas comment faire face à l’agressivité normale, mais que faire quand vous ne l’avez pas exprimée, quand vous l’avez ignorée, niée, pendant une longue période de temps. Plus loin dans ce livre, nous allons voir des méthodes spécifiques pour y remédier. Je veux simplement souligner ici la différence entre l’agressivité saine, normale, et l’apparition déformée, explosive, de l’agression refoulée.

Chacun d’entre vous doit découvrir par lui-même les domaines dans lesquels il refoule fortement ses pensées, car il y trouvera de nombreux blocages d’énergie. Tout cela sera couvert dans la prochaine section.

Pour l’instant, considérez simplement cette énergie bloquée. La plupart des gens en ont peur – s’ils l’ont refoulée, c’est qu’ils ne la considéraient pas comme bonne. Lorsque j’utilise le mot « refoulée », je ne veux pas dire qu’elle est oubliée, repoussée dans l’inconscient ou hors d’atteinte. Vous pouvez faire comme si ce matériau était caché mais vous vous rendez très bien compte de sa présence. Il vous suffit de le chercher honnêtement et d’organiser ce que vous trouvez.

Il est tout à fait possible de « voir » cette information sans la voir, pour la simple raison que vous ne regroupez pas toutes les données. Personne ne peut vous y obliger, bien sûr. Il faut du courage et le sens de l’aventure pour le faire ; il faut se dire que l’on refuse de se laisser intimider par des idées qui certes vous appartiennent, mais ne sont pas vous.

Maintenant. On dit souvent que l’homme croit aux démons parce qu’il croit aux dieux. En réalité, l’homme a commencé à croire aux démons quand il a commencé à avoir un sentiment de culpabilité. La culpabilité elle-même s’est élevée avec la naissance de la compassion.

Les animaux ont un sens de la justice que vous ne comprenez pas et il y a dans cette intégrité innocente une compassion biologique, située aux niveaux cellulaires les plus profonds.

En vos termes, l’homme est un animal qui s’élève au-dessus de lui-même ; qui, à partir de lui-même, fait évoluer certaines caractéristiques animales à leur plus haut point ; qui ne forme plus de nouvelles spécialisations du corps (en vos termes, encore une fois) mais qui crée, à partir de ses désirs et de ses besoins, à partir de son agressivité naturelle bénie, des structures intérieures en rapport avec le sens des valeurs, avec l’espace et avec le temps. À des degrés divers, le même élan existe dans toute la Création.

Pareille tâche signifiait que l’homme devait laisser derrière lui les aspects précis et protecteurs de l’instinct, qui se régulaient eux-mêmes tout en étant très limitants. La naissance d’un esprit conscient, tel que vous le concevez, signifiait que l’espèce s’arrogeait le libre arbitre. Des procédures inhérentes qui avaient parfaitement fonctionné, et qui suffisaient, pouvaient maintenant être dépassées. Elles devenaient des suggestions plutôt que des règles.

La compassion « monta » de la structure biologique à la réalité affective. La « nouvelle » conscience accepta son triomphe naissant – la liberté – et elle dut faire face à la responsabilité de ses actes à un niveau conscient, ainsi qu’à la naissance de la culpabilité.

Un chat qui tue une souris en jouant et qui la mange n’est pas mauvais. Il ne souffre nullement de culpabilité. Il y a, chez les deux animaux, une compréhension, au niveau biologique. Face à la connaissance innée de la douleur sur le point de se produire, la conscience de la souris abandonne son corps. Le chat utilise la chair chaude. La souris a elle-même été chasseur aussi bien que proie et les deux animaux ont un sentiment de compréhension, en des termes qui sont très difficiles à expliquer.

(Pendant que Jane-Seth livre ce matériau, mon esprit me ramène des années en arrière, jusqu’à une journée d’été alors que je devais avoir dans les onze ans. J’étais assis avec mes deux frères dans le jardin derrière la maison où nous avons grandi, dans une petite ville voisine d’Elmira. Le chat de nos voisins, Mitzi, venait de prendre une souris des champs et jouait dans l’herbe avec elle. Animé de sentiments contradictoires, je regardais Mitzi, que j’aimais beaucoup, bloquant chacune des tentatives de la souris pour s’échapper, jusqu’au moment où, ayant eu assez de sport, il la mangea.

L’épisode de Mitzi me rappelle à son tour une série de petits poèmes écrits par Jane, il y a quelques années. De nombreuses personnes les nomment haïkus, comme la version japonaise en vers, bien que leur parenté soit assez lointaine. Nous en avons plusieurs, punaisés sur nos murs, dont celui-ci :

Le chat mange la souris.

Aucun d’eux n’existe.

Il ne faut pas leur dire.

Il fait une chaleur inhabituelle depuis plusieurs jours. Une pluie fine s’est mise à tomber à l’heure de la session ; il vient maintenant d’y avoir des éclairs et le tonnerre résonne sur la ville.)

À un certain niveau, le chat et la souris comprennent tous les deux la nature de l’énergie de vie qu’ils partagent, et – en ces termes – ils ne sont pas jaloux de leur propre individualité. Cela ne veut pas dire qu’ils ne se battent pas pour vivre, mais ils ont un sentiment inconscient inné de leur unité avec la nature dans laquelle ils savent qu’il ne seront ni absorbés ni perdus (avec une détermination tranquille.)

Poursuivant son propre chemin, l’homme a choisi – à un niveau conscient – de sortir de ce schéma. La naissance de la compassion a pris la place de la connaissance innée de l’animal ; la compassion biologique s’est changée en réalisation affective.

Plus ou moins libéré de la courtoisie animale, le chasseur allait désormais être obligé de s’identifier à sa proie. Tuer, c’est être tué. L’équilibre de la vie nourrit l’ensemble. Il lui faut donc apprendre au niveau conscient ce qu’il n’a jamais cessé de savoir. C’est là la signification intrinsèque, la seule vraie signification de la culpabilité et de son cadre naturel.

(Une longue pause.) Vous devez donc préserver la vie de façon consciente, tout comme les animaux la préservent de façon inconsciente.

Maintenant. La façon dont cette culpabilité toute naturelle a été interprétée, la façon dont elle a été utilisée est épouvantable.

La culpabilité est l’autre versant de la compassion. Sa fonction originale était de vous permettre de ressentir de l’empathie consciente pour vous-même et pour les autres membres de la Création, pour que vous puissiez contrôler de façon consciente ce qui, auparavant, fonctionnait entièrement sur un plan biologique. De ce point de vue, la culpabilité a une solide base naturelle et lorsqu’elle est mal comprise, mal dirigée ou pervertie, elle contient l’immense, la terrible énergie de tout phénomène fondamental déchaîné.

Si vous pensez que vous êtes coupable parce que vous lisez tel ou tel livre ou parce que vous avez certaines pensées, vous courez un risque particulier. Car si vous croyez que quelque chose est mauvais, vous considérez cette chose comme négative, et il en va ainsi dans votre expérience. Ainsi amassez-vous un sentiment de culpabilité « non naturelle » que vous ne méritez pas mais que vous acceptez et que, par là même, vous créez.

Vous n’allez pas, en règle générale, en faire une création dont vous êtes fier. Si vous croyez fermement à la mauvaise santé, il est possible que vous utilisiez cette énergie refoulée en attaquant un organe physique – la vésicule biliaire peut devenir « mauvaise ». Selon votre propre système de croyances, vous pouvez au contraire faire confiance à l’intégrité de votre corps et projeter cette culpabilité sur autrui – sur un ennemi personnel, sur une religion, sur une couleur de peau ou sur une race particulière.

Si vous êtes porté sur la religion et que vous êtes fondamentaliste dans vos croyances, vous pouvez en rejeter la responsabilité sur un démon qui vous fait vous comporter de telle ou telle manière. Tout comme le corps crée des anticorps22 pour se réguler, vous pouvez créer des « anticorps » mentaux et affectifs, c’est-à-dire des pensées qui sont « bonnes », pour vous protéger des idées ou des fantasmes que vous considérez comme mauvais.

Si on laisse faire l’instinct inné du corps, fondamentalement, celui-ci s’autorégule. S’il y a trop de globules rouges dans le sang à un moment donné, le corps ne les tue pas tous pour autant. Il est beaucoup plus avisé. Pourtant, dans votre crainte des pensées négatives, vous essayez souvent de nier toute agressivité normale et il suffit que vous en aperceviez une pour faire entrer en action tous vos anticorps mentaux. Ce faisant, vous tentez de répudier la validité de votre propre expérience. Si vous ne ressentez pas votre réalité individuelle, vous ne pouvez pas vous rendre compte que vous la formez, et donc que vous pouvez la modifier. C’est le déni de l’expérience et les blocages d’énergie qui en résultent qui entraînent l’accumulation d’une culpabilité qui n’est ni « naturelle » ni nécessaire. Quant au corps, il ne peut pas comprendre ces messages bloqués, et il essaye désespérément d’exprimer sa propre connaissance corporelle du moment, tel qu’il en fait l’expérience. (Avec intensité.) Dans ce genre de situation, vous criez mentalement que vous ne ressentez pas ce que vous ressentez.

La situation de l’esprit conscient est telle qu’il peut passer outre les messages du corps pendant un certain temps. Toutefois, l’énergie refoulée s’accumule et cherche une issue. Le plus innocent, le plus petit symbole de ce matériau refoulé peut déclencher un comportement qui semble tout à fait disproportionné par rapport à ce qui le déclenche.

Il y a peut-être eu dix occasions où vous avez eu l’envie tout à fait justifiée de dire à quelqu’un de vous laisser tranquille, bien que vous vous soyez retenu par crainte de blesser la personne en question ; où vous avez craint de n’être pas poli, alors qu’en cette occasion particulière votre remarque était susceptible d’être comprise et reçue calmement. Comme vous n’avez pas accepté vos sentiments, comme vous ne les avez pas exprimés, vous risquez d’exploser à la prochaine occasion, apparemment sans raison, et de faire naître une dispute spectaculaire, complètement injustifiée.

Dans ce cas, l’autre personne n’a pas la moindre idée de ce qui cause votre réaction, si bien qu’elle est profondément blessée. Et votre culpabilité augmente. L’ennui, c’est que votre sentiment de ce qui est bien et de ce qui est mal est intimement lié à votre chimie interne et que vous ne pouvez pas séparer vos valeurs morales de votre corps.

Quand vous croyez que vous vous comportez bien, votre corps fonctionne bien. Je suis sûr que vous allez être nombreux à dire : « J’essaye constamment de bien me comporter mais ma santé est très mauvaise, comment est-ce possible ? » Examinez vos propres croyances et la réponse va vous apparaître : si vous faites un tel effort pour bien vous comporter, c’est justement parce que vous êtes convaincu d’être indigne et mauvais.

Les démons, quels qu’ils soient, résultent de vos croyances. Ils naissent d’une croyance en la culpabilité « non naturelle ». Vous pouvez les personnifier. Vous pouvez même les rencontrer dans votre propre expérience ; si c’est le cas, cela n’empêche pas qu’ils soient le fruit de votre immense créativité, même s’ils sont formés par votre culpabilité, par la croyance en votre propre culpabilité.

Si vous vous débarrassiez des concepts non naturels de culpabilité et que vous acceptiez plutôt l’ancienne sagesse pleine de bon sens de la culpabilité naturelle, il n’y aurait pas de guerres. Vous ne vous tueriez pas bêtement les uns les autres. Vous comprendriez l’intégrité vivante de chacun de vos organes et vous ne ressentiriez pas le besoin de les attaquer.

Naturellement, cela ne veut pas dire que le moment de la mort du corps n’arriverait pas. Cela veut dire que vous comprendriez que les saisons du corps suivent celles de l’esprit, qu’elles sont fluctuantes et changeantes, que leurs conditions vont et viennent mais qu’elles maintiennent toujours la splendide unité intérieure du corps. Vous n’auriez pas de maladie chronique. D’une façon générale, et dans l’idéal, le corps s’userait graduellement tout en démontrant une endurance bien supérieure à celle qui est la sienne aujourd’hui.

Il existe cependant bien d’autres conditions qui ont toutes un rapport avec vos croyances conscientes. Vous pouvez par exemple croire qu’il vaut mieux mourir rapidement d’une crise cardiaque. Vos buts individuels diffèrent, et vous gérez donc votre expérience corporelle de toutes sortes de façons.

D’une façon générale, vous êtes ici pour élargir votre conscience, pour apprendre les chemins de la créativité, telle qu’elle est dirigée par la pensée consciente. L’esprit qui s’en rend compte peut modifier ses croyances et, dans une bonne mesure, modifier son expérience corporelle…

(Je suis assis, les yeux ponctuellement fermés, et Seth me surprend.

Avec le sourire.) Vous pouvez modifier votre expérience : vous pouvez faire une pause ou terminer la session, comme vous préférez.

La culpabilité naturelle est donc la façon dont l’espèce manifeste l’intégrité et le sens de la justice corporelle qui sont inconscients chez l’animal. Elle signifie : tu ne tueras pas davantage que ce qui est nécessaire à ta subsistance physique. Point.

Cela n’a rien à voir avec l’adultère ou avec le sexe. Cela concerne des questions innées qui s’appliquent aux êtres humains et qui n’auraient aucun sens pour d’autres animaux, dans le cadre de leur expérience. À strictement parler, la traduction du langage biologique en votre propre langage est telle qu’elle a été donnée dans cette session ; mais avec une distinction plus fine, elle se lit comme suit : tu ne violeras pas.

Bien sûr, l’animal n’a pas besoin de ce message, qui ne peut d’ailleurs pas être traduit littéralement, car votre conscience est souple et qu’il fallait laisser de la marge à votre interprétation personnelle.

Un mensonge patent peut être, ou ne pas être, une violation. Même chose pour un acte sexuel. Même chose pour une expédition scientifique. Ne pas aller à l’église le dimanche n’est pas une violation ; avoir des pensées agressives normales non plus. Faire violence à son propre corps, ou à un autre, est une violation. Faire violence à l’esprit d’autrui aussi – mais une fois encore, comme vous êtes des êtres conscients, c’est à vous qu’en revient l’interprétation. Jurer n’est pas une violation. Si vous pensez que si, cela le devient dans votre esprit.

Tuer un autre être humain est une violation. Tuer en protégeant son propre corps de la mort qu’un autre essaye de lui infliger dans un contact rapproché est une violation. Qu’une justification soit apparente ou non, la violation existe.

(Une longue pause.) Comme vous croyez que l’autodéfense physique est la seule méthode à opposer dans cette situation, vous allez demander : « Êtes-vous en train de me dire que si je suis attaqué par quelqu’un, je ne devrais pas contrer agressivement son intention évidente de me détruire ? »

Pas du tout. Mais vous pouvez contrer cette attaque de diverses manières sans tuer pour autant. Pour commencer, vous ne vous trouveriez pas dans cette situation hypothétique si des pensées violentes – que vous leur fassiez face ou non – ne l’avaient pas attirée à vous. Mais une fois que c’est un fait, et selon les circonstances, de nombreuses méthodes peuvent être utilisées. Comme vous considérez que violence et agression sont synonymes, vous aurez peut-être du mal à comprendre qu’un ordre agressif – c’est-à-dire un ordre actif et fort, qu’il soit mental ou exprimé verbalement – de paix puisse vous sauver la vie en pareille situation ; c’est pourtant le cas.

En général, il existe une variété d’actions physiques qui sont toutes suffisantes, sans qu’il soit nécessaire de tuer. Tant que vous croyez qu’il faut répondre à la violence par la violence, vous la courtisez, elle et ses conséquences. En termes individuels, votre corps et votre esprit deviennent un champ de bataille, tout comme le devient le corps physique de la Terre, en termes de masses. Votre forme physique est vivante grâce à l’agression naturelle, grâce à l’action posée, dirigée et forte qui porte la créativité.

(Une longue pause à 0h11, les yeux fermés.) Si vous vous coupez le doigt, il saigne. Ce faisant, le sang nettoie tout poison qui aurait pu pénétrer dans la plaie. Le saignement est bénéfique et le corps sait quand l’arrêter. Si le sang continuait à couler, ce ne serait pas une bonne chose, ce serait nuisible, en vos termes, mais le corps ne penserait pas que le sang est mauvais parce qu’il continue à couler. Il n’essaierait pas de le supprimer entièrement, en le considérant comme diabolique. Il ferait plutôt les ajustements nécessaires pour amener naturellement cet écoulement à son terme.

Pour poursuivre cette comparaison, quand vous considérez que les pensées agressives sont mauvaises, vous ne permettez pas au système de se nettoyer. Vous enfermez les « poisons » à l’intérieur.

De même que ceux-ci peuvent s’accumuler dans la chair, ils peuvent s’accumuler dans votre expérience mentale. Sur le plan physique, vous pourriez alors vous retrouver avec une maladie grave ; et sur le plan affectif et mental, ce verrouillage des forces naturelles peut entraîner des « maladies » au niveau de la structure des idées, qui se trouvent coupées de concepts plus sains. Celles-ci peuvent alors se comporter comme des excroissances – ne pas manquer d’oxygène, par exemple, mais du libre accès, du libre flot vers d’autres parties de votre expérience consciente.

Vous n’avez pas besoin de noter mes premiers « maintenant ». (Mais je l’ai déjà fait.)

La culpabilité naturelle est aussi largement liée à la mémoire ; elle est apparue main dans la main avec les incursions de l’humanité dans l’expérience du présent, du passé et du futur. La culpabilité naturelle était destinée à être une mesure préventive. Elle avait besoin de l’existence d’un système de mémoire élaboré, qui permette de juger les situations nouvelles par rapport à d’autres ayant été mémorisées, de façon à accomplir une évaluation, dans un instant de réflexion entre les deux.

Toute situation ayant fait naître des sentiments de culpabilité naturelle devait être évitée dans le futur. Du fait de l’extrême diversité des voies d’action possibles pour l’espèce humaine, toutes sortes d’instincts animaux extrêmement spécialisés n’étaient plus applicables, mais un curieux équilibre devait être maintenu. Vu les options conscientes qui s’ouvraient à l’homme avec l’élargissement de son monde mental, il devenait impossible qu’il ait, sur le seul plan biologique, à la fois suffisamment de liberté et les contrôles nécessaires.

Des contrôles étaient donc nécessaires pour que l’esprit conscient, privé de la pleine utilisation des tabous innés chez les animaux, ne s’emballe pas. La culpabilité, la culpabilité naturelle, dépend donc de la mémoire.

Elle ne comporte pas de lien inhérent avec le châtiment, tel que vous le concevez. Une fois encore, elle était censée fonctionner comme une mesure préventive. Toute violation de la nature devait amener un sentiment de culpabilité afin que, par cet instant de réflexion, l’homme ne répète pas la même action dans une situation semblable dans le futur.

J’ai utilisé plusieurs fois les termes « instant de réflexion », car c’est un autre attribut propre à l’esprit conscient qui est, en vos termes, largement refusé au reste de la Création. Sans cette pause – dans laquelle l’homme peut se souvenir du passé dans le présent et envisager le futur –, la culpabilité naturelle n’aurait aucun sens. L’homme ne serait pas capable de se souvenir d’actions passées, de les juger par rapport à la situation présente et d’imaginer le sentiment de culpabilité future qui pourrait en résulter.

Dans une certaine mesure, la culpabilité naturelle projetait l’homme dans le futur. Il s’agit là, bien sûr, d’un processus d’apprentissage, naturel à l’intérieur du système de temps qui a été adopté par l’espèce humaine. Malheureusement, la culpabilité artificielle a les mêmes attributs, elle utilise à la fois la mémoire et la projection. Les guerres se perpétuent elles-mêmes car elles combinent la culpabilité naturelle et celle qui ne l’est pas, et celles-ci sont multipliées et renforcées par la mémoire. Tuer consciemment au-delà de ce qui est nécessaire à sa subsistance est une violation.

L’amoncellement d’une culpabilité artificielle non identifiée, amassée au cours des siècles, a causé une telle accumulation d’énergie refoulée que sa libération s’exprime en actions violentes. Ainsi, la haine d’une génération d’adultes dont les parents ont été tués au cours d’une guerre contribue-t-elle à générer la suivante.

Tu ne violeras pas. Encore une fois, cette injonction devait être assez souple pour couvrir toute situation dans laquelle l’espèce consciente pouvait se trouver. L’instinct des animaux, de même que les situations naturelles dans lesquelles ils se trouvent, ont maintenu leur nombre à l’intérieur de certaines limites ; et, avec une courtoisie inconsciente ne se connaissant pas elle-même, ils ont laissé de la place pour tous les autres.

Tu ne violeras pas la nature, la vie ou la Terre. En vos termes, l’ensemble de la Création, qui aspire à la vie et lutte pour survivre, qui est abondante et exubérante, n’est pas gloutonne. Elle suit l’ordre inconscient qui est en elle, tout comme les chromosomes ont un ordre précis et qu’il existe un rapport entre eux et une limite à leur nombre. Une cellule qui devient omnivore peut détruire la vie du corps.

Tu ne violeras pas. Ce principe s’applique aussi bien à la vie qu’à la mort. Vous pouvez faire votre pause.

Il n’y a rien de mystérieux dans l’idée que la vie peut tuer. À un niveau biologique, toute mort est cachée dans la vie, et toute vie dans la mort.

Les virus sont vivants, comme je l’ai mentionné dans un autre contexte (session 631, chapitre 7) ; ils peuvent être bénéfiques ou nuisibles suivant d’autres équilibres du corps. Avec les cellules cancéreuses, le principe de croissance s’emballe ; dans la Création, chaque espèce a sa place, et si l’une se multiplie au-delà de son ordre correct, toute la vie et le corps même de la Terre sont mis en péril.

En ces termes, la surpopulation est une violation. En ce qui concerne la guerre comme en ce qui concerne l’excès de croissance, l’espèce a ignoré sa culpabilité naturelle. Quand un homme en tue un autre, quelles que soient ses croyances, une certaine partie de son esprit conscient sait qu’il accomplit une violation, même s’il se trouve une justification.

Quand les femmes font naître des enfants dans un monde surpeuplé, elles savent aussi, avec une partie de leur esprit conscient, qu’il y a violation. Quand votre espèce voit qu’elle détruit d’autres espèces et détruit l’équilibre naturel, elle se rend compte consciemment de la violation qu’elle accomplit. Lorsqu’elle ne fait pas face à cette culpabilité naturelle, d’autres mécanismes doivent être utilisés. Encore une fois, au risque de me répéter : nombre de vos problèmes résultent du fait que vous n’acceptez pas la responsabilité de votre propre conscience. Celle-ci a pour but d’évaluer la réalité que vous formez de façon inconsciente en réplique directe de vos pensées et de vos attentes.

Quand vous n’embrassez pas cette connaissance consciente, quand vous la refusez, vous n’utilisez pas l’un des « outils » les plus précieux qui aient été créés par votre espèce et vous reniez en bonne partie votre héritage et votre droit de naissance.

(Avec une grande intensité.) Quand cela se produit, l’espèce doit retomber par défaut sur les vestiges d’anciens instincts – qui n’ont pas été établis pour fonctionner avec un esprit raisonnant conscient et qui ne comprennent pas votre expérience ; qui trouvent que votre « instant de réflexion » est un impertinent déni d’impulsion. Ainsi l’homme perd-il la pleine utilisation de l’instinct bien réglé et gracieux de l’animal, tout en reniant la capacité de discernement affectif et conscient qui lui est donné à la place.

Du coup, les messages envoyés sont tellement contradictoires que vous êtes pris dans une situation où le véritable instinct ne peut pas régner et la raison ne peut pas non plus se faire entendre. Il en résulte une version déformée de l’instinct, avec une utilisation bâtarde du sens tandis que l’espèce essaye désespérément de trouver sa voie.

À l’heure actuelle, vous connaissez une situation dans laquelle la surpopulation est compensée par les guerres (une pause), et si ce n’est par les guerres, par la maladie. Mais qui doit mourir ? Les jeunes, qui deviendraient les parents d’enfants. Comprendre la nature, l’intégrité de la culpabilité naturelle vous épargnerait ces situations difficiles.

Les « démons » – c’est-à-dire vos projections – sont alors plaqués sur un ennemi national, ou sur le dirigeant d’une autre race ; parfois des masses entières de populations projettent sur d’autres larges groupes l’image de leurs propres frustrations auxquelles elles ne font pas face. Même chez Auguste, le gentil et le méchant sont séparés, diversifiés. Si un homme peut être ainsi divisé, a fortiori une nation ou un monde. Ou une espèce. Et faites une courte pause.

De même une famille peut être pareillement divisée, l’un de ses membres apparaissant toujours comme le gentil et l’autre comme le méchant, ou le démon.

Il peut y avoir deux enfants, dont l’un se comporte comme Auguste 1 et l’autre comme Auguste 2. Comme l’un a l’air tellement docile et accommodant, et l’autre tellement indiscipliné et violent, on peut ne jamais voir le rapport qui existe entre leur comportement et penser qu’ils sont bien différents. Pourtant, si être « bien », poli et accommodant, n’est pas l’état habituel des enfants normaux, une activité violente constante ne l’est pas non plus. Dans ce genre de situation, ce qui se passe en général, c’est que l’un des enfants exprime le comportement agressif non reconnu de toute la famille. Ces schémas discordants signifient aussi que l’amour n’est pas exprimé librement.

Tout comme l’agressivité, l’amour va vers l’extérieur. On ne peut pas inhiber l’un sans inhiber l’autre, et en général, dans ces conditions, l’enfant docile et aimant projette et exprime l’amour réfréné de l’ensemble de la famille. Le gentil et le méchant se trouvent cependant dans une situation également délicate, car chacun d’eux nie des aspects légitimes de son expérience.

La même chose s’applique aux nations. La culpabilité naturelle est un mécanisme plein de créativité, destiné à servir d’aiguillon conscient pour résoudre des problèmes que, en vos termes, aucun autre animal n’a jamais eus à résoudre. En faire usage vous permet d’avancer encore davantage en territoire inconnu et de vous retrouver dans des dimensions de connaissance qui sont latentes depuis la naissance de l’esprit conscient.

La culpabilité naturelle est, lorsqu’on la suit, un guide plein de sagesse, qui apporte non seulement l’intégrité biologique mais qui ouvre dans la conscience des aspects d’activités qui doivent, sinon, rester fermés.