Brève histoire du rêve


Brève histoire du rêve
Tiré du livre :
Voyage initiatique avec Carlos Castaneda :
Le pouvoir du Rêve
de Thierry Pierre LIOT


IL était une fois au pays des rêves,
un rêveur, un rêvé et un réveillé…


Le rêve commença à m’expliquer qu’il existait pour tout le monde, qu’il était omniprésent et « omniscient ».

Il me dit également qu’il était la contrepartie énergétique de l’homme, que l’homme ne pouvait vivre sans elle et qu’elle avait besoin de l’homme pour être remémorée.


Enfin, il m’expliqua qu’à cause de la déchirure et de la perte de contact entre le monde de tous les jours et le monde des rêves, survenues il y a très longtemps, l’homme avait développé ce que la conscience sociale appelle l’inconscient ; il se développe de façon suffisante pour acquérir
une existence propre, de sorte que plus l’enfant grandit, plus ce monstre énergétique devient épais, à l’image d’une grosse croûte volcanique qui se dessèche, se durci et enfin recouvre la terre, coupant ainsi tout contact avec la source et empêchant toute vie de poursuivre son évolution.


Il me dit que dans une telle détresse l’homme avait créé un dieu à son image, espérant ainsi combler sa grande solitude.


En effet, l’enfant reste très actif dans ses rêves jusqu’à l’âge de six ou sept ans environ ; cela correspond à un premier cycle d’initiation au monde du rêve et à la réalité de tous les jours, durant lequel il lui est difficile de faire la différence entre ces deux mondes.


Pendant cette période, les rêves aident beaucoup l’enfant à assimiler, à apprendre, à comprendre, à mettre les fonctions motrices en route et à effectuer les apprentissages des premiers pas.

Par exemple, l’enfant va entrer dans la période d’apprentissage du vélo.

Il essaye pendant la journée et tombe, mais la nuit il rêve qu’il fait du vélo et le lendemain tout se passe merveilleusement bien ; il trouve son équilibre, ce qui lui permet de synchroniser le regard avec la fonction motrice des jambes et l’attention des mains pour tenir le guidon.

Tout cela se passe le plus souvent dans un rêve initiatique.


Le rêve aura rempli sa fonction d’aider l’être à évoluer.

Cette fonction du rêve se passe simplement et tranquillement pendant la période intense de construction et de maîtrise de l’environnement extérieur.


Au cours d’un deuxième cycle, jusqu’à l’âge de douze ans ou treize ans, la notion du moi et la construction de l’identité personnelle et sociale deviennent plus fortes, et la croûte volcanique devient un peu plus épaisse, commençant à séparer de plus en plus la conscience individuelle et sociale de la conscience source.

Pendant cette période, les rêves continuent à remplir leurs fonctions
de structuration des mécanismes psychique, émotionnels et mentaux, tout en étant cependant un peu moins actifs en raison du développement de la personnalité.


Enfin, de l’âge de l’adolescence jusqu’à vingt-deux ou vingt-trois ans à peu près, c’est un cycle qui voit en général une période intense de rêves.

En effet, ce temps correspond à la réorganisation de la psyché de l’individu et à la construction pérenne de son moi.

Cette phase de chaos psychique de l’identité va créer des failles dans l’attention de l’individu et va permettre au rêve de s’infiltrer dans la conscience du monde de tous les jours.


Ces fenêtres d’accès permettent au rêve de s’aventurer dans la conscience, souvent de façon très spectaculaire et impressionnante.

C’est à cette période que les adolescents qui ne sont pas encore
bien construits pensent fréquemment vivre en rêve ce qu’ils appellent des sorties astrales.


Il est vrai que pour quelqu’un de non averti et seul dans ce domaine, il est facile de confondre les expériences et de ne pas faire la différence entre un rêve lucide, un rêve éveillé et autre chose.

Pour les personnes réceptives, cette période est des plus intenses car cette autre partie de nous-même, issue du monde du rêve, sait qu’il faut absolument profiter de cette opportunité pour guider l’individu vers son chemin, le « chemin qui a du coeur », pour lui apporter une évolution de la conscience.


Dans la plupart des cas, la porte se referme après cette période pour être éventuellement de nouveau ouverte au moment de la mort.

C’est bien souvent là que la personne s’aperçoit qu’elle a dormi toute sa vie et ne s’est jamais réveillé.

Pour d’autres, il y aura des rêves de temps en temps pour les guider et les éclairer dans le labyrinthe de la vie.


Le mot vie m’a amené à prendre conscience de mon processus de rêve, en me posant la question sur ce que je faisais de ma propre vie :

suis-je réellement éveillé ou bien suis-je simplement endormi en train de rêver ?


Je commençai à prendre réellement et profondément conscience que les rêves m’avaient aidé dès mes débuts d’apprentissage de la vie, qu’ils m’ont toujours accompagné, qu’ils murmurent à l’oreille toutes les nuits, et qu’il en est ainsi pour tout le monde depuis la nuit des temps.


La vraie nature du Rêve et le filtre de l’interprétation


Enfin la voix du rêve m’expliqua que, pour certaines personnes, l’image de la croûte volcanique desséchée et aride pouvait être juste comme un filtre plus ou moins épais.

Dans ce cas, l’image du vitrail avec ses motifs de différentes couleurs était plus appropriée.


Cela représentait ce que notre société moderne appelle l’inconscient refoulé de l’individu.

La lumière parvient distordue et transformée par toutes les différentes couleurs du filtre.

Le message, c’est à dire le rayon de lumière émanant de la source du rêve, qui était clair au départ, parvient déformé ; il apparaît incompréhensible pour le rêveur qui n’a pas effectué le nettoyage de son inconscient, de cette barrière qui le sépare des deux mondes.


C’est ainsi que l’on arrive à des rêves étrange et incongrus où toutes les images s’entremêlent sans aucune raison ou logique pour notre mental linéaire.