Génocide psychologique


Pas de révolution, mais la LIBÉRATION de John Trudell

Ainsi, par delà le génocide physique qu’ils tentent d’infliger à nos vies, nous comprenons le génocide psychologique qu’ils ont déjà infligé à leur propre peuple …


Nous comprenons le compromis qu’ils veulent que nous fassions pour notre survie, que nous soyons asservis à eux, que nous perdions comme eux notre véritable connexion au Pouvoir, notre véritable connexion à la Terre…


Nous tous, Amérindiens, autochtones, peuples premiers, allons avoir à agir en tant que passeurs et messagers.

Nous allons devoir courir et agir comme autant d’enseignants.

Nous allons avoir à parler à tous les gens qui daigneront écouter ce que nous pensons, ce que nous savons être juste, ces sens que nous avons préservés.

Nous allons devoir trouver et inventer des façons de devenir une communication de nous-mêmes.


Ils ont peur de nous.


Nous devons toujours nous rappeler que chaque fois qu’ils ont créé un système, ce système s’est construit sur des mensonges et des trahisons.

Tel est le propre de leurs commerces : la manipulation.

Leurs pouvoirs ne sont que des faiblesses.

Nous devons persister dans notre lutte et rester engagés dans notre résistance, comme nous l’avons toujours fait…

Peu importe combien de cellules de prison ils construisent et construiront.


Peu importe la corruption, le racisme, les mensonges et les coups qu’ils nous porteront, nous devons veiller par-dessus tout à ne jamais leur ressembler, à ne jamais devenir comme eux.

Peu importe leurs détournements de sens et leurs inversions de la Vie.

Peu importe leur nombre et peu importe leurs positions illusoires de «respectabilité».

C’est notre droiture et notre intégrité qui fera la différence.

Nous prenons la décision.

Nous sommes le Pouvoir.


Peu importe qu’ils nous exterminent car à quoi bon vivre sur ce lieu sacré, à quoi bon être ici si nous ne pouvons pas vivre avec dignité et respect ?


Peu importe ce qu’ils font de nous, peu importe comment ils nous frapperont, chaque fois qu’ils le font, nous devons continuer.

Mais nous ne devons jamais devenir comme eux.

(…)

Peu importe qu’ils n’éprouvent jamais d’amour pour eux-mêmes ou pour la Terre, nous devons quant à nous toujours agir par amour pour le peuple et pour la terre.

Nous ne devons jamais réagir comme ceux qui n’ont plus de sens.


Quelles que soient les chaînes, l’esclavage est l’esclavage.

Nous devons évaluer nos valeurs.

Nous devons nous débarrasser des concepts qu’ils nous ont obligés à apprendre.

Nous devons partager les connaissances.

Nous ne devons pas nous laisser entraîner dans leurs pièges.

Quoi que nous fassions, nous devons le faire en tant que résistance, tout ce que nous faisons en tant que peuple, tout ce que nous faisons au nom du peuple et de la Terre, nous devons le faire avec humilité et avec gratitude pour ce que nous sommes et ce que nous avons.

Mais nous ne devrions pas le faire avec fierté.

(…)

Il est temps pour nous tous de penser.


Nous devons comprendre qu’ils veulent que nous soyons paresseux dans nos esprits, serviles dans nos vies et (a)vides dans notre réflexion.


Ils veulent nous garder dans la confusion de sorte que nous continuions à croire en leurs mensonges, les uns après les autres, comme ils ont pu les programmer dans leurs esprits, et dans leur société.


Mais regardez bien : tout leur système ne repose que sur des illusions.


Nous sommes le Pouvoir.

Et c’est la façon dont nous utilisons notre énergie qui permet à l’ennemi de nous abuser. Ou pas.


Notre résistance et notre lutte pour la survie doit être totale, absolue.

Il ne peut y avoir de demi-mesures.

Ils ont interféré dans notre vie depuis le moment où nous sommes nés.


Nous sommes une partie naturelle de la terre.

Et tous nos ancêtres, et toutes nos relations qui sont allés dans le monde des esprits, sont aussi là, présents en nous.

Ils ont le Pouvoir.

Ils vont nous aider.

Ils nous aideront à voir, à entendre, à comprendre, si nous sommes disposés à voir, à penser, à écouter.

Nous ne sommes pas séparés d’eux parce qu’il n’y a nul autre endroit où aller.

Notre seul endroit, c’est la Terre.

Il s’agit de notre mère…

(…)

Ils n’ont pas de vrais pouvoirs, ils utilisent la peur, l’illusion, l’oppression, ils manipulent la vie et exploitent le vivant, ils déforment et inversent les sens, dénaturent le vivant…


Ils appellent cela être « fort », être « puissant »…


Mais ce n’est que faiblesses, bassesses et illusions.


Ils ne peuvent pas arrêter le vent et ils ne peuvent pas arrêter la pluie.


Ils ne peuvent pas arrêter le tremblement de terre ni le volcan ni la tornade.


Nous devons être prêts dans notre vie pour faire face à la réalité.


Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est la libération.

(…)

Nous voulons être libres d’un système de valeurs qui a nous été imposé.


Nous ne voulons pas participer à ce système de valeurs.


Nous ne voulons pas changer ce système de valeurs.


Nous voulons le retirer de nos vies à jamais.

Mais, pour que nous soyons libres, nous devons assumer nos responsabilités en tant que puissance, en tant qu’individu, en tant qu’esprit, en tant que peuple.


Nous devons aller au-delà de l’arrogance des droits de l’homme.


Nous devons aller au-delà de l’ignorance des droits civils.


Nous devons entrer dans la réalité des droits naturels, car l’ensemble du monde naturel a droit à l’existence.

Nous sommes seulement une petite partie de celui-ci.


Nous sommes un lien spirituel avec la Terre.

En tant qu’individus nous avons le pouvoir et, collectivement, nous avons la même puissance que le tremblement de terre, la tornade, et les ouragans. Nous avons ce potentiel.

Nous avons cet égard.

Nous ne devons plus faire aucun compromis avec eux.

Ils ne peuvent pas arrêter le vrai pouvoir de cette Terre et de la vie : ils ne peuvent que continuer à le détruire jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de supports, de vies à exploiter : alors ils apparaîtront tels qu’ils sont en réalité : dénués de sens.


Nous devons être prêts dans notre vie pour faire face à la réalité.


Nous ne devons plus nous leurrer.


Nous ne devons plus nous laisser berner.


Nous sommes le peuple.


Nous sommes un lien spirituel avec la terre.

Il faut d’abord apprendre à penser individuellement avant de pouvoir penser collectivement.

(Ré)Apprendre à penser avec ses sentiments, dans un monde qui se joue de ses distorsions, pour sans cesse nous piéger…

Dans un monde où la « loi du plus fort » s’appuie justement sur la manipulation et sur le saccage de nos émotions.

Nous devons d’abord nous recentrer sur nos propres énergies, afin de ne plus laisser nos émotions parasiter, manipuler, dévorer nos sentiments.

Nous devons réapprendre à percevoir avec le cœur.

Ce qui nous est livré comme étant « la Loi », « la règle », la logique « universelle » ou « supérieure » du « plus fort », n’est que la loi de l’oppresseur, la logique de notre propre oppression.

C’est de cette prétendue « Loi » que nous devons nous libérer pour redevenir des êtres humains.

Le véritable pouvoir est au-delà des gouvernements et de leurs directives, le véritable pouvoir de l’Homme est dans sa capacité à aimer, dans sa capacité à assumer ou pas sa propre responsabilité à la vie.


Mais il faut plus que de bonnes intentions.

Il nous faut prendre l’engagement.

Cela signifie que, à un certain moment dans nos vies, nous allons devoir décider du mode de vie à suivre sur cette Terre, et nous allons devoir vivre ce mode de vie, même en étant minoritaires, même si nos ennemis nous entourent totalement, même si nos ennemis continuent d’agir contre nous avec leur brutalité, leur dureté et leurs bassesses emplies de mensonges et de corruption.


Nous allons avoir à nous lever face à la brutalité et la dureté, face aux bassesses, face à tous ces mensonges et ces corruptions.

Nous vivons dans une société technologique qui crée beaucoup d’illusions de la réalité …

Cette civilisation est l’entité la plus irresponsable qui ait jamais vécue sur cette planète.

Cette civilisation n’est pas une question de responsabilité, elle est fondée sur la manipulation, la culpabilité, l’agressivité, la perversité et la banalisation de tous les comportements malsains qui en découlent.

C’est un monde d’ombres …


Le monde réel ne retrouvera sa lumière que lorsque chacun d’entre nous assumera sa propre responsabilité à la vie.


Telle est la lutte, tel est le but : La libération.