« Un agenda rempli de rendez-vous, comme le tien, sans moments libres, commença le Rêveur en me montrant une page noircie de noms, d’horaires et de numéros de téléphone, est une déclaration de suicide.
C’est une affirmation de mort. Plus un homme est mort plus il multiplie les
engagements. »
« Mais on ne peut pas vivre dans une société moderne sans avoir des des engagements, sans prendre des rendez-vous, sans faire des rencontres », répliquais-je.
Il m’avait dis, un jour : « Laisse le jeu se poursuivre, laisse se dérouler la comédie. Laisse tes collaborateurs et les professionnels de ton milieu obéir aux exigences de leur rôles. Une entreprise est une représentation théâtrale ou des personnages masquées respectent le scenario. N’y crois pas ! Ne t’égare pas ! N’oublie pas qu’il ne s’agit que d’un jeu d’acteurs. »
« Chaque rendez-vous que tu prends, chaque rencontre que tu organises renforce l’illusion que tu as d’être en vie et confirme tes certitudes insensées, surtout celle de pouvoir élaborer des plans.
Faire des projets et y croire, cela équivaut à mourir.
On ne peut prévoir que ce qui est déjà mort. »
« La véritable planification à lieu tout de suite, dans l’immédiat.
« Un chef d’entreprise a beau avoir des armées entières de collaborateurs qui prévoient et organise dans les moindre détails, ses décisions sont toujours impromptues. Jusqu’au moment de les prendre, il ne sait pas ce qu’elles seront, il n’agit que lorsque l’instant dévoile son éternité.
Alors seulement découvre-t-il ce qu’il doit savoir.
« Tout se mettra à ta disposition quand tu pourras vivre chaque instant dans sa totalité.
Tes plans et tes projets se feront tous naturellement, sans effort, quand tu auras cessé d’y croire.
« Un homme comme toi, se sert d’un agenda pour oublier. »
Oublier quoi ?
« T’oublier toi même ! »
« Le monde est la concrétisation temporelle de ce que nous rêvons. Tu ne prends jamais de rendez-vous qu’avec toi-même, mieux, avec une part de toi que tu ne connais pas. Les hommes et les circonstances surviennent et se dissolvent selon un scenario déjà inscrit en toi.
« Quand tu fais les plans auquel tu crois, tu t’éloignes du réel.
Plus tu te persuades que tes rendez-vous et tes rencontres correspondent à ce que tu avais projeté, plus s’affermit ton sentiment de mort.
Tu fréquentes ainsi des gens éteint qui, comme toi, font des plans et des projets, croient choisir et décider, mais qui ne sont jamais conscients de leur impuissance. »
« Un jour, ton agenda sera celui d’un homme libre, celui d’un homme qui agit réellement parce qu’il a toujours la réponse dont il a besoin, étant lui-même cette solution.
Tes rencontres et les rôles que tu assumeras seront des jeux d’acteurs et tu laisseras le monde libre d’exister du mieux possible.
Sans effort de ta part, sans contrainte, le monde deviendra ton chef-d’oeuvre, et ton agenda sera alors celui d’un authentique chef d’entreprise : toutes ses pages seront vierges. »