Maintenant. Quand je parle de moi probables, je ne parle pas bien sûr de quelque partie symbolique de la structure de la personnalité, pas plus que je n’utilise l’idée des probabilités en tant qu’analogie.
La conscience est composée d’énergie, avec tout ce que cela implique.
On peut donc penser à la psyché comme à un conglomérat de « particules » d’énergie hautement chargées, se conformant à des règles et à des propriétés qui, pour la plupart, vous sont tout simplement inconnues.
À d’autres niveaux, des lois de la dynamique s’appliquent aux sources d’énergie du moi.
Pensez à un « moi » donné comme à un noyau d’une forme changeante d’énergie de conscience.
Ce noyau, en fonction de son intensité, va attirer à lui certaines masses de modèles complets d’énergie auxquels une entité donnée a accès.
En ces termes-là, l’entité à la naissance se compose d’une variété de « moi » de cette sorte, avec leur noyau, et la personnalité physique a toute liberté de puiser dans cette banque.
La nature mystique de Ruburt était une partie tellement forte de l’entité entière que, dans sa réalité présente, et dans la réalité probable choisie, les impulsions et expressions mystiques ont pu jouer.
Des intersections avec des réalités probables ont lieu lorsqu’un groupement psychique s’intensifie jusqu’au point où l’accomplissement d’un moi en résulte.
Au sein de l’entité entière, il peut y avoir, par exemple, plusieurs moi naissants, avec leurs noyaux autour desquels la personnalité physique peut se former.
Dans de nombreux cas, une personnalité principale se forme, et les moi naissants sont attirés en elle, de sorte que leurs aptitudes et intérêts deviennent subsidiaires, ou demeurent en grande partie latents.
Ce sont des moi traces.
Dans de nombreux cas, cependant, ces moi latents seront aussi fortement énergisés que la personnalité « principale ».
Puisque, physiquement, une certaine structure de personnalité doit être maintenue, des traces sont faites. C’est pourquoi, quand de telles situations se produisent, un ou deux de ces autres moi énergisés vont littéralement bondir hors de la structure espace-temps que vous connaissez.
De votre point de vue, ces rejetons d’énergie deviennent irréels.
Ils existent pourtant aussi sûrement que vous existez. En termes d’énergie, cette multiplication des moi est un principe naturel.
Votre « moi sportif » n’a jamais été doté du même type de force que votre moi artiste ou écrivain.
Devenu subsidiaire, il est toutefois présent pour que vous y ayez recours, trouvant de la joie dans vos mouvements et ajoutant sa vitalité à votre personnalité « principale ».
Si une force supplémentaire lui avait été donnée par votre environnement, les circonstances ou votre propre intention, votre moi artistique serait devenu soit asservi, soit complémentaire ; ou si les énergies de ces moi avaient été d’intensité à peu près égale, l’un des deux serait devenu un rejeton, propulsé par son propre besoin d’accomplissement, dans une réalité probable.
Vos parents ne partageaient pas du tout, au sens littéral du terme, la même réalité.
Ce n’est pas aussi inhabituel que vous pouvez le penser.
Ils se sont rencontrés et ont eu une relation quelque part entre leurs deux réalités.
Ce n’est pas que chacun était en désaccord avec l’interprétation que l’autre avait des évènements.
Les évènements étaient différents.
En termes d’énergie, l’intention est stabilisante.
Une fois encore, le moi a un centre qui agit comme un noyau. Le noyau peut changer, mais il sera toujours le centre à partir duquel l’existence physique rayonnera.
Physiquement, l’intention, ou le but, forme ce centre-là, indépendamment de sa réalité en termes d’énergie.
Dans la vie de votre famille, dans cette réalité-ci, vos parents agissaient de façon opaque l’un envers l’autre.
Il y avait de forts glissements d’énergie, ce qui fait que les personnalités ne se rencontraient pas directement.
Accordez-nous un instant… Il y a là quelque chose de difficile à expliquer.
D’une certaine manière, ils n’étaient pas focalisés, chacun avait pourtant de grandes capacités, mais dispersées.
Il y avait une raison à cela.
Ils contenaient en eux-mêmes des talents intenses mais flous, qui étaient utilisés comme sources d’énergie par leurs enfants.
Ils s’étaient rencontrés précisément pour donner naissance à la famille, et pour aucune autre raison principale, du moins en ce qui concerne leur réalité commune.
Ils ont donc semé les graines d’une génération.
Votre mère aimait la réalité physique et, malgré toutes ses plaintes, elle prenait grand plaisir à ses aspects les plus infimes.
Votre père aimait aussi cette réalité-là, mais il ne lui faisait pas confiance.
Chacun de vos parents avait sa plus forte réalité, cette fois-ci, et en vos termes, dans un système probable de réalité — et, ici (dans cette réalité-ci), ils étaient des rejetons.
Ce système leur a toujours paru étrange.
Dans un autre système de réalité, votre père était — est encore, en fait — un inventeur célèbre qui ne s’est jamais marié, mais qui a utilisé au maximum ses aptitudes de créativité mécanique, tout en évitant un engagement émotionnel.
Il a rencontré Stella [ma mère]. Ils devaient se marier — et en termes d’années, historiquement, il s’agit des mêmes années. Puis, à un certain moment, dans le passé de votre père tel que vous y pensez, ayant rencontré Stella, il ne s’est finalement pas marié. Son amour allait aux machines, à la vitesse des motos, à mêler métal et créativité.
À ce point d’intersection, des désirs et intentions d’intensité égale en lui sont devenus comme des noyaux jumeaux. Des regroupements complets d’énergie se sont produits, des implosions psychologiques et psychiques, de sorte que deux personnalités d’une validité égale étaient conscientes dans un monde dans lequel une seule pouvait vivre à la fois.
La personnalité créatrice, inventive dans la mécanique, a de loin commencé à surpasser l’autre. Le père que vous connaissiez était donc le moi probable.
Ce moi probable là avait toutefois affaire aux réalités émotionnelles que l’autre évitait, et ceci était d’ailleurs son unique intention.
Cela ne signifie pas qu’une personnalité de ce type soit fondamentalement limitée, ou qu’elle ne collecte pas autour d’elle des intérêts et des défis nouveaux, car elle est elle-même mobile.
Ce moi a même de nombreuses caractéristiques de l’autre moi, bien que celles-ci soient évidemment latentes.
Mais en ayant des enfants, votre père a provoqué la naissance d’une existence émotionnelle, pleinement incarnée et vivante, dans ses fils.
Cela a été un grand accomplissement de sa part, car pour ce qui était de ressentir une forte émotion, et plus encore de donner naissance à des êtres émotionnels, l’inventeur n’avait pas confiance en lui-même.
Dans cette autre probabilité où vos parents se sont rencontrés au départ, votre mère a épousé un médecin, elle est devenue infirmière et a aidé son mari dans sa pratique.
Elle est devenue une femme indépendante, et — à nouveau, dans votre contexte historique —, à une époque où il n’était pas facile pour une femme de se distinguer.
Elle a eu un fils, puis a subi à dessein une hystérectomie. Avec rigueur, elle s’est instruite toute seule, a évolué dans les sphères de la société, dissimulant les aspects d’elle-même manquants d’instruction et naïfs.
Dans cette vie-là, par exemple, elle n’aurait certainement pas porté des nœuds rouges dans les cheveux. Toute son énergie contrôlée la rendait un peu amère, malgré son succès. Elle est morte à la cinquantaine.
Son énergie était telle qu’elle a cependant débordé dans ce système-ci, avec votre père.
Un jour, j’essayerai de vous expliquer cela plus clairement, en termes de schémas d’énergie.
Historiquement, toutefois, de nombreuses probabilités existent en même temps. Quand votre mère est morte à la cinquantaine dans un système probable, elle a été, dans ce système-ci, le réceptacle d’une énergie qui est revenue.
La plus grande vitalité de votre père se situait dans la réalité de l’inventeur et, donc, en vos termes, celui-ci a souffert.
Cela ne veut pas dire que chaque personnalité, indépendamment des probabilités, n’est pas dotée d’un libre arbitre, etc.
Chacune naît, dans quelque système que ce soit, à partir d’une forme changeante, source d’énergie, et se développe.
Quand votre photo a été prise, vos parents vivaient donc déjà dans une réalité probable, mais pas Linden et vous.
Puisqu’aucun système n’est fermé, il y a des circulations d’énergie entre eux, et une interaction.
Ceci est en partie extrêmement difficile à verbaliser, étant donné que le moi « structure » lui-même n’est pas seulement sérielisé mais particulisé.
Vous pensez aux entités comme à des particules, par exemple, plutôt que comme à des ondes d’énergie, conscientes et alertes, ou comme à des schémas.
Pensez à la zone de vie de Ruburt dans Adventures, par exemple.
Imaginez qu’à l’âge de treize ans, trois puissants centres d’énergie viennent à la surface de sa personnalité — fortement chargés, au point qu’une seule personne est incapable de répondre aux désirs ou aux aptitudes qu’ils présentent.
Vous pouvez alors avoir une scission en trois parties à treize ans.
À quarante ans, chacun des trois moi peut reconnaître l’âge de treize ans comme un tournant décisif, et se demander ce qui se serait passé s’il avait choisi d’autres voies.
Rien de tout ceci n’est prédéterminé. Un rejeton de moi probable peut quitter votre réalité à l’âge de treize ans, disons, mais se croiser avec vous à nouveau à trente, pour des raisons diverses — quand, pour vous, vous changez soudain de profession ou prenez conscience d’un talent que vous pensiez avoir oublié et que vous commencez à développer avec une aisance étonnante.
Les gens qui se préoccupent encore d’une âme unique, de dieux et de démons, il faut les aider à se relier à des réalités plus larges à partir du cadre qui est le leur, et doucement les en faire sortir si c’est possible.
Les probabilités ont été mentionnées de façon à présenter des réalités alternatives, montrant ainsi à ces personnes-là que des choix sont disponibles.
Les explications plus profondes demandent cependant un élargissement supplémentaire des idées de conscience et une certaine réorientation.
Il est tout à fait essentiel que vous gardiez à l’esprit l’importance du libre arbitre et la présence de votre propre identité, telle que vous la concevez. Ce préambule étant fait, permettez-moi de continuer.
Soit dit en passant, le problème n’est pas tant le vocabulaire de Ruburt, puisque même un langage scientifique spécialisé présenterait ces idées-là selon son propre mode déformé.
Le problème tient fondamentalement au langage lui-même, tel que vous le connaissez. Il n’existe pas de mots, par exemple, pour certaines des idées que j’espère communiquer.
Ceci étant, nous allons commencer.
Tous les mondes probables existent maintenant.
Toutes les variations probables sur l’aspect le plus infime dans n’importe quelle réalité existent maintenant.
Vous zigzaguez constamment entre des probabilités, piochant et choisissant au fur et à mesure.
Les cellules à l’intérieur de votre corps font la même chose.
Je vous ai dit, un jour, qu’il y avait des impulsions d’activité au sein desquelles vous « clignotiez » — cela s’applique même aux particules atomiques et subatomiques.
« Vous » assignez comme étant réelle — présente ici et maintenant — uniquement l’activité qui est votre signal.
« Vous » ne vous rendez pas compte des autres.
Quand des personnes pensent en termes d’un seul moi, elles s’identifient évidemment à un seul corps.
Vous savez que la structure cellulaire de celui-ci change constamment. À tout moment, le corps est aussi un conglomérat massif d’énergie, formé à partir de cette riche banque d’activité probable.
Le corps n’est pas stable, au sens où vous le concevez d’ordinaire.
À des niveaux biologiques plus profonds, les cellules enfourchent des probabilités et déclenchent des réponses.
La conscience chevauche les impulsions mentionnées précédemment, elle œuvre en elles et forme ses propres organisations d’identité.
Chaque probabilité — probable uniquement du point de vue d’une autre probabilité et par rapport à elle — est cependant inviolée, dans le sens où elle n’est pas détruite.
Une fois formé, le schéma va suivre sa propre nature.
Les organisations de conscience « grandissent » comme les cellules forment des organes.
Des groupes de moi probables peuvent alors former leur propre structure identitaire, qui se rend compte des moi probables impliqués.
Dans votre réalité, l’expérience dépend du temps, mais toutes les expériences ne sont pas structurées de la sorte.
Il y a, par exemple, des évènements parallèles que l’on suit aussi facilement que vous suivez des évènements consécutifs.
La structure des probabilités concerne l’expérience parallèle à tous les niveaux.
Votre conscience pioche, et choisit d’accepter comme étant réels, les résultats et les ramifications de certains buts, désirs ou intentions seulement.
Vous les suivez à travers une structure temporelle.
Votre focalisation permet à une autre expérience, tout aussi légitime, de devenir invisible ou non perçue.
Tout comme vous vous accrochez à une histoire biologique personnelle unique, vous ne vous accrochez qu’à une seule histoire collective de la Terre.
D’autres se déroulent autour de vous tout le temps, et d’autres moi probables de vous-même font l’expérience de leurs « histoires » parallèles à la vôtre.
En termes pratiques de données sensorielles, ces mondes ne se rencontrent pas.
En termes plus profonds, ils coïncident.
Chacun des évènements en nombre infini qui auraient pu vous arriver, à Ruburt et à vous, se produit.
Seulement, l’envergure de votre attention n’inclut pas ce type d’activité.
Une créativité aussi infinie peut sembler tellement éblouissante que l’individu y paraîtrait perdu, pourtant la conscience forme ses propres organisations et interactions psychiques à tous les niveaux.
Toute conscience tente automatiquement de s’exprimer dans toutes les directions probables, et elle le fait.
En agissant ainsi, elle va faire l’expérience de Tout-ce-qui-est à travers son propre être, bien qu’interprété, bien sûr, à travers la réalité familière qui est la sienne.
Il vous pousse des moi probables, comme il pousse des pétales à une fleur.
Chaque moi probable poursuit cependant son cours dans sa propre réalité — c’est-à-dire qu’il va faire au maximum l’expérience des dimensions qui lui sont inhérentes.
Vous piochez et choisissez une naissance et une mort, en vos termes.
Vous êtes mort au cours d’une opération quand vous étiez jeune homme dans cette vie-ci, telle que vous la concevez. Vous êtes mort aussi pendant la guerre, quand vous étiez pilote — mais ce ne sont pas là vos morts officielles, alors vous ne les reconnaissez pas.
La science aime penser qu’elle a affaire à une action prévisible.
Cependant, elle perçoit une si petite quantité de données, et dans un domaine si limité, que la grande imprévisibilité inhérente à tout atome, molécule, ou onde, n’est pas apparente.
Les scientifiques ne perçoivent que ce qui apparaît à l’intérieur de votre système, et cela semble souvent prévisible.
Accordez-nous un instant…
Un ordre et une organisation véritables, même lorsqu’il s’agit d’une structure biologique, ne peuvent être atteints qu’en accordant une imprévisibilité de base.
Je me rends compte que cela peut paraître surprenant.
Quoi qu’il en soit, le mouvement de toute onde, particule ou entité est fondamentalement imprévisible — il est libre et indéterminé.
La structure de votre vie résulte de cette imprévisibilité.
Votre structure psychologique aussi.
Cependant, comme vous êtes confronté à une image qui semble avoir une cohésion, et dans laquelle certaines lois semblent s’appliquer, vous pensez que les lois viennent en premier et que la réalité physique suit.
L’image qui a une cohésion est au contraire le résultat de la nature imprévisible qui est, et doit être, la base de toute énergie.
Les statistiques fournissent un cadre artificiel et prédéterminé, dans lequel votre réalité est ensuite observée.
Les mathématiques sont une structure théorique organisée qui, d’elle-même, impose vos idées d’ordre et de prévisibilité.
Statistiquement, la position d’un atome peut être théorisée, mais personne ne sait où se trouve un atome donné à un moment donné.
Vous examinez des atomes probables.
Vous êtes composés d’atomes probables.
La conscience, pour être totalement libre, devait être dotée d’imprévisibilité.
Tout-ce-qui-est devait constamment se surprendre lui-même, ou elle-même, en s’accordant une pleine liberté, sinon, il — ou elle — se répéterait éternellement.
Cette imprévisibilité fondamentale se poursuit à tous les niveaux de conscience et d’être.
Une certaine structure cellulaire peut sembler inévitable à l’intérieur de son propre cadre de référence, uniquement parce que des probabilités opposées, ou contradictoires, n’y apparaissent pas.
En vos termes, la conscience est capable de garder son propre sens d’identité en acceptant une seule probabilité, une seule vie physique par exemple, et en maintenant son identité tout au long d’une vie.
Même dans ce cas-là, on se souviendra de certains évènements tandis que d’autres seront oubliés.
La conscience apprend aussi à gérer des moments alternatifs à mesure qu’elle « mûrit ».
En mûrissant ainsi, elle forme un nouveau cadre d’identité, plus large, tout comme la cellule qui devient organe, à un autre niveau.
En vos termes — l’expression est nécessaire —, le point-instant, le présent, est le point d’interaction entre toutes les existences et réalités.
Toutes les probabilités passent par lui, même si un seul de vos points-instants peut être vécu comme s’il durait des siècles, ou le temps d’une respiration, dans d’autres réalités probables dont vous êtes une partie.
En cet instant, Ruburt se sent massif. Il fait l’expérience de plusieurs choses.
La conscience cellulaire intérieure du corps se sent elle-même massive, bien que, pour vous, les cellules soient minuscules.
Les sons du paquet, par exemple (en tant que Seth, Jane vient de froisser un paquet de cigarettes vide) ou le crissement des ongles sur la table (démonstration à l’appui) sont amplifiés, car, dans le monde cellulaire, ils constituent un important événement cosmique en-dehors-du-moi — des messages de grande importance.
La conscience cellulaire se perçoit comme éternelle, même si, pour vous, les cellules ont une vie brève.
Mais ces cellules ont connaissance de l’histoire du corps, en vos termes, et d’une façon beaucoup plus familière que la façon dont vous-mêmes êtes conscients de l’histoire de la Terre.
Les cellules se rendent également compte des probabilités d’une façon beaucoup plus familière que vous, car elles manipulent l’histoire passée et future du corps.
Encore une fois, Ruburt fait maintenant l’expérience d’un état massif, alors que, dans votre idée de probabilités, la structure cellulaire perçoit sa propre vaste endurance.
En travaillant sur des événements qui ne sont même pas réels pour vous, elle produit une structure physique qui maintient une identité et une prévisibilité, à partir d’une trame hautement créative.
Cette trame est imprévisible et, pourtant, à partir d’elle, Ruburt peut de façon prévisible déposer des cendres dans ce coquillage (Jane brandit son cendrier favori, la coquille d’abalone que nous avions trouvée en Basse-Californie en 1958, et elle y fait tomber les cendres de sa cigarette.)
La prévisibilité de ce geste repose sur la base d’une imprévisibilité dans laquelle une multitude d’autres actions auraient pu se produire, et elles se produisent dans d’autres réalités.
Vous feriez mieux de nous accorder un instant et de laisser votre main se reposer.
Maintenant.
Du fait de vos croyances et de vos intentions, vous piochez parmi un ensemble imprévisible d’actions celles que vous voulez voir se produire.
Vous faites l’expérience de ces événements-là. (En s’adressant à moi.)
« Votre » désir de vivre a enjambé la mort de l’enfant lors d’une opération.
Le désir qu’avait l’enfant de mourir a choisi cet événement-là.
Les gens sont aussi libres que les atomes
. Accordez-nous un instant…
En aucune façon, vous ne pouviez prédire ce qui arriverait à l’enfant qui est sur cette photo vous représentant.
En aucune façon, vous ne pouvez « prédire » maintenant ce qui va vous arriver.
Vous pouvez choisir d’accepter comme étant votre réalité n’importe quel événement parmi ceux imprévisibles qui sont donnés.
À cet égard, le choix vous revient, mais tous les événements que vous n’acceptez pas se produisent néanmoins.
Dans une infime mesure, vous pouvez voir comment ceci fonctionne quand vous pensez à votre mère au cours de, disons, ses dernières années, et que vous comparez l’idée que vous avez d’elle avec celles qu’ont vos frères, Linden et Richard.
Votre mère était une personne différente pour chacun d’entre vous.
Elle était elle-même ; mais, dans l’entrelacement des probabilités, bien que certains évènements historiques aient été acceptés d’un commun accord, elle a admis dans sa propre réalité les parties de votre réalité probable qu’elle a choisies.
Chacun de vous a eu une mère différente.
Les probabilités s’entrecroisent donc dans votre expérience, et vous appelez leur intersection réalité.
Biologiquement et psychiquement, ce sont des intersections, des venues conjointes, la conscience adoptant une focalisation.
Ruburt est donc en train de faire l’expérience d’un état massif…
Tous les atomes et toutes les molécules qui ont composé votre corps depuis votre naissance, et qui le composeront jusqu’à votre mort, en vos termes, existent maintenant ; donc, même votre connaissance du corps, vous en faites l’expérience sous une forme temporelle — c’est-à-dire, morceau par morceau.
Une partie des sensations qu’a Ruburt d’un état massif vient de l’expérience de masse qu’a le corps en existant tout en même temps.
Pour Ruburt, le corps se sent donc plus large.
Des calculs impossibles à décrire ont lieu, de sorte que vous faites l’expérience, depuis cette imprévisibilité de base, de ce qui semble être des actions prévisibles.
Ceci, uniquement parce que vous vous focalisez sur les actions qui « ont un sens » dans votre réalité et que vous ignorez toutes les autres.
Je ne parle pas symboliquement, bien sûr, quand je dis que vous êtes mort dans votre jeunesse.
Il n’y avait pas non plus de dure réalité imposée à la mère par l’enfant qui mourait, car cette partie-là de votre mère était la part qui regrettait d’avoir eu l’enfant.
Maintenant. Les atomes peuvent se mouvoir dans plus d’une direction à la fois.
Scientifiquement, vous ne percevez que le mouvement probable qui vous intéresse. La même chose s’applique à l’expérience subjective.
Maintenant, faites votre pause.
Maintenant.
C’est seulement à partir de l’imprévisibilité que peut apparaître une infinité d’ordres ou de systèmes ordonnés.
Tout ce qui ne relève pas d’une complète imprévisibilité se traduira en fin de compte par une stagnation, ou par des ordres d’existence qui, à long terme, sont autodestructeurs.
Ce n’est qu’à partir de l’imprévisibilité que peut émerger un système pouvant être prévisible à l’intérieur de lui-même.
C’est uniquement au sein d’une complète liberté de mouvement qu’un mouvement « ordonné » est vraiment possible.
Du lit « chaotique » de vos rêves s’élève votre action ordonnée, quotidiennement organisée.
Dans votre réalité, le comportement de votre conscience et celui de vos molécules sont extrêmement liés.
Votre type de conscience présuppose une conscience moléculaire, et votre type de conscience est inhérent à une conscience moléculaire — inhérent au sein de votre système, mais pas fondamentalement prévisible.
La prévisibilité est juste une autre façon de dire « signifiant ».
L’imprévisibilité, en se regardant elle-même d’une multitude de façons, trouve certaines de ses propres parties signifiantes, et elle forme certains ordres ou certaines séquences ordonnées en ce qui la concerne.
Dans l’une de nos toutes premières sessions, je vous ai dit que vous ne percevez, à partir d’un vaste domaine, que les quelques données qui pour vous ont un sens.
Ces données-là ne peuvent provenir que du lit de l’imprévisibilité.
Seule l’imprévisibilité peut fournir la plus grande source d’ordres probables.
Vos cellules sont tout à fait capables de gérer différents ordres d’évènements ; dans l’état de rêve, elles sont donc capables, chacune à sa manière, de percevoir votre expérience et, à partir d’elle, de choisir les actualités que vous voulez rendre réelles, en vos termes.
Dans les rêves, vous prenez connaissance d’évènements probables, à partir desquels vous choisissez ensuite.
Ainsi, avant de mourir en tant qu’enfant, vous saviez que vous pouviez piocher et choisir cette mort-là.
En termes plus larges, vous avez choisi à la fois la vie et la mort, et votre photo à l’âge de 16 ans n’a jamais été prise dans une réalité unique.
Nous avons presque tout ce que Ruburt peut traiter ce soir, et ce n’est là qu’un début.
Son cerveau probable ne peut traduire que cette quantité-là de ce matériau à la fois.
Une pause.) La Nature de la réalité personnelle est un excellent manuel, un ouvrage qui donne aux gens la capacité de manœuvrer dans le monde qu’ils connaissent, avec une plus grande efficacité.
Peu importe qu’ils comprennent ou non les éléments plus profonds sur lesquels repose la nature de la réalité physique tout entière.
Le matériau que je donne à présent va tenter d’expliquer un peu ces aspects plus profonds.
Le développement de Ruburt rend cela possible, car il fallait qu’il progresse jusqu’au stade qui était le sien dans Adventures et qu’il parvienne au niveau de certaines théories, pour que celles-ci puissent servir de tremplins.
Accordez-nous un instant…
Nous devons malheureusement faire souvent appel à des analogies, car elles permettent de former des passerelles entre des concepts.
Il y a donc des unités de conscience, tout comme il y a des unités de matière.
Je ne veux pas que vous pensiez à ces unités comme à des particules.
Il y a une unité fondamentale de conscience qui, exprimée, ne sera pas rompue en unités plus petites, tout comme on pensait autrefois qu’un atome était l’unité la plus petite et qu’il ne pouvait être brisé.
L’unité fondamentale de conscience n’est évidemment pas physique.
Elle comporte en elle-même, de façon innée, des qualités infinies d’expansion, de développement et d’organisation ; pourtant, elle maintient toujours au fond d’elle-même le noyau de sa propre individualité.
En dépit de toute organisation dont elle devient une partie, et de la façon dont elle se mélange à d’autres unités fondamentales de ce type, sa propre identité n’est pas annihilée.
C’est une énergie consciente, identifiée à l’intérieur d’elle-même en tant qu’elle-même, non pas « personnifiée » mais conscientisée.
C’est donc la source de toutes les autres sortes de conscience, et les variétés de son activité sont infinies.
Cette unité fondamentale se combine avec d’autres du même type, formant alors des unités de conscience — tout comme, et nous l’avons souvent mentionné, les atomes et les molécules se combinent.
Cette unité de base est douée d’imprévisibilité.
Cette imprévisibilité même permet une infinité de structures et d’accomplissements.
Le mot « âme » a malheureusement été tellement employé pour ce qui concerne votre espèce qu’il est devenu très difficile de dénouer les difficultés conceptuelles.
En utilisant les définitions usuelles, vous appelleriez « âme » le résultat d’une certaine organisation de ce type d’unités.
Cela conduit aux vieilles questions inévitables : les animaux ont-ils une âme — et les arbres ou les rochers ?
Conformément à la définition courante, alors, en vos termes, cette plus petite unité serait « l’étoffe de l’âme ».
Ce point de vue est cependant extrêmement limité, car « au-dessus de vous », si l’on utilise cette échelle de référence, il y a d’autres organisations, plus développées, de ces unités ; et, donc, depuis ce « point de vue plus exalté », vous sembleriez être une âme tout à fait junior.
Je préfère donc, du moins ici, parler plutôt de ces unités de conscience.
Leur nature est la force vivifiante qui est derrière tout dans votre univers physique, et dans les autres également.
Ces unités peuvent d’ailleurs apparaître en plusieurs endroits en même temps, et sans voyager à travers l’espace, en vos termes.
Au sens littéral du terme, maintenant, ces unités fondamentales de conscience peuvent être dans tous les endroits en même temps.
Elles sont dans tous les endroits en même temps.
On ne les reconnaît pas, car elles apparaissent toujours comme quelque chose d’autre.
Bien sûr, elles se déplacent plus vite que la lumière.
Il y en a des millions dans un atome — beaucoup de millions.
Chacune de ces unités se rend compte de la réalité de toutes les autres, et elle influence toutes les autres.
En vos termes, ces unités peuvent avancer et reculer dans le temps, mais elles peuvent aussi franchir des seuils de temps qui ne vous sont pas familiers.
Toutes les probabilités sont sondées et expérimentées et tous les univers possibles sont créés à partir de ces unités.
Il y a donc des réalités dans lesquelles un nombre infini de probabilités d’un événement donné sont explorées, et toute l’expérience se rassemble autour de cette entreprise.
Il existe des systèmes dans lesquels un instant, selon votre point de vue, est fait pour durer toute la vie d’un univers.
Je ne veux pas dire qu’un instant est simplement étiré ou que le temps se ralentit seulement, mais que toutes les expériences possibles en un instant deviennent des réalités à l’intérieur de ce cadre-là.
Les systèmes de ce genre n’ont pas grand-chose à voir avec vous sur le plan pratique, et ces informations ne vous sont pas non plus données pour diminuer l’idée que vous avez de ce qu’est votre propre conscience.
Il est toutefois important que vous compreniez le fait qu’il y a plus de créativité et de variété dans une réalité intérieure que ce que vous percevrez jamais physiquement.
Ces unités de conscience n’ont pas de caractéristiques humaines, bien sûr.
Elles possèdent cependant leurs propres « inclinations », penchants, propensions — « propensions » étant peut-être le mot qui s’approche le plus du terme que je souhaite.
Je ne veux pas que vous pensiez à ces unités comme à des personnes en miniature.
Néanmoins, ce ne sont pas des groupes d’énergie « oisive ».
Elles sont vitalisées, conscientes, chargées de toutes les qualifications du fait d’être.
Toutes les structures psychologiques sont donc composées d’organisations de ce type, que leur vie soit, en vos termes, longue ou éphémère.
De façon innée, elles sont dotées du désir de croître et de s’organiser, et de la propension à le faire de façon créative.
Elles ne sont donc pas seules, isolées.
Puisque ces unités de conscience existent en même temps, elles ont connaissance de toutes les autres structures organisées des moi dont elles font partie.
Dans cette mesure, toutes les réalités probables sont ainsi reliées de manière fondamentale.
Ces unités grandissent d’elles-mêmes.
Puisque je vous ai dit que, en vos termes, votre passé, votre présent et votre futur existent en même temps, ces unités émergent constamment de votre point-maintenant, provenant à la fois du futur et du passé.
Je ne veux pas démolir votre idée de stabilité et je ne veux pas créer en vous de la confusion.
Le fait demeure qu’en parlant de probabilités jusqu’à présent, j’ai considérablement simplifié la question.
J’ai dit par exemple que, dans une probabilité, vous étiez mort enfant et, dans une autre, durant votre service [militaire], et je vous ai donné un petit échantillon de l’histoire probable de vos parents.
Ce faisant, je me suis servi d’idées et de termes assez faciles à saisir.
Le tableau plus large est toutefois plus difficile — et de loin — à exprimer.
Je demande : « Êtes-vous en train de dire que vous devez maintenir les choses à ce niveau de simplicité pour nous ? »
Je dis que je suis maintenant prêt à vous amener au-delà de ces préliminaires nécessaires.
Toute la matière est basée sur les unités mentionnées, avec leur imprévisibilité et leur propension à explorer toutes les probabilités.
Même votre structure atomique est perchée entre des probabilités.
Si cela est vrai, alors, évidemment, « vous » ne vous rendez compte que d’une petite partie probable de vous-même — et cette partie, vous la protégez comme étant votre identité.
Si vous y pensez comme à une simple focalisation prise par « votre » identité plus grande, vous serez alors capable de suivre ce que je dis sans vous sentir minuscule en comparaison, ou perdu.
La focalisation que vous avez est en fait inviolée.
J’ai souvent dit que, même dans vos existences, toutes les variations probables de n’importe quel évènement se produisent, mais je ne suis jamais allé beaucoup plus loin.
Avec votre focalisation, il semble que vous ayez une ligne d’identité allant de la naissance à la mort.
En regardant n’importe quel point en arrière, vous êtes sûrs que le « moi » d’il y a dix ans est le moi d’aujourd’hui, même si, à certains égards, il a changé.
Il n’y a bien sûr absolument aucune sorte de développement à une seule voie.
En premier lieu, comme vous le savez, votre vie est tout en un même temps, bien que, dans la pratique, vous en fassiez l’expérience comme une séquence allant de la vie à la mort.
Chaque événement probable qui pourrait vous arriver arrive.
Je vous ai donné un ou deux petits échantillons des existences probables de votre mère.
Pensez en termes physiques de générations provenant d’une graine à travers les âges.
Maintenant.
À tout moment, la réalité de votre moi est comme cette graine, elle suit des générations probables qui apparaissent dans d’autres dimensions aussi bien que dans celle-ci.
De la vaste banque des actions imprévisibles, à chaque moment-maintenant, vous en puisez certaines qui pour vous sont « signifiantes » ; et votre idée personnelle de la signifiance conduira à ce qui paraît ensuite être une action prévisible.
La propension est une sélection de ce qui est signifiant, une inclination vers la formation d’une expérience sélectionnée.
Ceci s’applique à tous les niveaux — atomiques et psychologiques — ainsi qu’au stimulus biologique et à l’intention mentale.
Ces unités fondamentales se dirigent donc vers des organisations d’une nature sélective.
Devant puiser dans un champ imprévisible, elles choisissent une activité en fonction de ces signifiances-là.
Point.
Les différentes sortes de signifiances sont le résultat des natures individuelles des unités.
Le corps que vous avez est un corps probable.
Il est le résultat d’une ligne de « développement » que pouvait prendre votre personnalité terrestre particulière dans la chair.
Cependant, toutes les autres lignes de développement possibles se produisent aussi.
Elles ont toutes lieu en même temps, mais chacune influence simultanément toutes les autres.
Il y a en fait, ici, une interaction beaucoup plus grande que vous ne le réalisez, car vous n’avez pas l’habitude de la rechercher.
Plus vous travaillez dur pour maintenir l’idée admise et officielle du moi en termes conventionnels, plus vous bloquez, bien sûr, toute forme d’imprévisibilité.
   Étant donné la vaste nature organisatrice de ces unités fondamentales, il existe également des structures psychologiques qui sont tout à fait capables de garder leur propre identité tout en ayant connaissance d’un certain nombre de moi probables. 
La vie après la mort a une grande signification dans votre réalité, parce que la mort en fait partie.
Votre réalité plus vaste transcende évidemment à la fois vos naissances et vos morts.
L’idée d’un univers unique est fondamentalement un non-sens.
Il faut voir votre réalité dans sa relation aux autres.
Sinon, vous êtes toujours rattrapé par des questions telles que : « Comment l’univers a-t-il commencé ? », ou « quand prendra-t-il fin ? »
Tous les systèmes sont constamment en train d’être créés.
   L’immortalité ne peut avoir un sens que dans un contexte de probabilités. 
L’hérédité jaillit de la grande et inhérente imprévisibilité, qui se décompose ensuite en spécifications à l’intérieur des chromosomes, dont aucun n’est semblable à un autre.
Ce que vous concevez comme étant la vie quotidienne est donc une focalisation sur certains événements probables plutôt que sur d’autres, un choix de signifiances, une sélection de schémas.
D’autres parties du moi optent pour des sélections différentes.
Puisque votre identité plus large a connaissance de ses existences probables, vous êtes en même temps dans la matière et en dehors d’elle — dans le temps et en dehors de lui.
Vous avez une identité plus vaste à l’extérieur de votre contexte, une partie d’elle est toutefois à l’intérieur de votre contexte, en tant que vous. 
Votre vous-ité est votre signifiance, une focalisation de conscience qui a conscience d’elle-même, qui cherche et voit l’expérience avec ses propres propensions uniques.
L’existence de réalités probables et de moi probables ne nie en aucun cas la validité de votre propre expérience ou individualité.
Cette dernière poursuit son chemin en toute sécurité, choisissant parmi des champs imprévisibles d’actualité ceux qui correspondent à sa nature particulière.
 Cette dimension-là du moi saute comme une grenouille par-dessus les événements qu’elle ne veut pas actualiser (une pause), et n’admet pas ce genre d’expérience dans la dimension qui est la sienne. 
D’autres parties de votre identité plus large acceptent cependant ces événements que vous rejetez, et elles forment leurs propres dimensions de moi.
   Maintenant, certains de vos moi peuvent choisir des événements identiques et, dans ce cas, les probabilités vont se mêler. 
Ces points d’intersection sont extrêmement chargés et créateurs.
Ces intersections peuvent se produire aussi bien sur le plan individuel qu’en termes de masse.
Un événement historique peut être accepté simultanément dans plusieurs réalités probables, par exemple, alors que d’autres se produiront dans une seule, et pas dans une histoire alternative.
Encore une fois, bien que les mots soient difficiles à employer ici, ce que je dis s’applique, de façons différentes peut-être, au comportement des mondes, des atomes et des structures psychologiques. 
Dans la vie que vous connaissez, telle que décrite dans La Réalité personnelle, vos croyances agissent pour spécifier les événements probables particuliers qui deviendront « réels ».
Puisque vous êtes un moi probable, une compréhension de votre propre nature vous montrera certaines des aptitudes, non utilisées ici mais présentes, que vous pouvez en fait choisir d’actualiser.
Vous pouvez donc puiser dans votre propre banque d’aptitudes probables, car il y en aura des traces en vous.
Ces aptitudes sont développées dans une autre réalité, et elles peuvent donc être utilisées dans celle-ci beaucoup plus facilement que vous pouvez le supposer.
Quand vous exercez votre bras droit, votre bras gauche en bénéficie.
Quand vous développez des aptitudes dans un système, elles sont dans une certaine mesure plus faciles à développer dans un autre.
En décidant d’écrire un peu (pour les livres de Seth, par exemple), vous puisez aussi dans des capacités sur lesquelles vous avez travaillé dans un autre système et, par votre intention, vous mélangez dans une certaine mesure des probabilités.
Une compréhension même simple de cela aiderait les gens à comprendre qu’aucune existence ne s’achève en cul-de-sac.
À travers ces unités, la conscience pose sa marque et aucun gribouillage n’est jamais annihilé.
 L’expérience d’une unité donnée change constamment et influe sur toutes les autres unités… 
C’est difficile à expliquer parce que vos concepts du moi sont si limités…
Ces unités contiennent en elles, en vos termes, toutes les identités « latentes », mais pas d’une façon prédéterminée.
Les moi peuvent être tout à fait indépendants dans le cadre de leur propre réalité, tout en faisant pourtant partie d’une réalité plus vaste dans laquelle leur indépendance opère non seulement pour leur propre bienfait, mais pour celui d’une structure plus large.
Au sein de ces unités, il y a, je le répète, une propension à la croissance et à l’organisation. 
Dans un champ d’activité littéralement infini, un ordre est apparu à cause de la propension à la signifiance.
En bref, certaines unités optent pour différentes sortes d’organisation, les trouvent signifiantes, se basent sur elles pour construire et en attirent d’autres de même nature.
Divers systèmes de réalité se sont formés ainsi.
Le type particulier de signifiance choisi comme base agit à la fois en tant que directive pour l’expérience et de méthode pour ériger des limites efficaces, à l’intérieur desquelles le type de comportement choisi se poursuit.
Les unités peuvent s’entremêler et elles le font ; toutefois, à cause de la propension à la sélectivité et à la signifiance, des groupements entiers d’entre elles vont en « repousser » d’autres tout aussi complets, fournissant ainsi un système intérieur d’interaction protectrice.
Les unités se constituent en divers systèmes qu’elles ont elles-mêmes commencés. 
Elles se transforment donc en la réalité structurée qu’elles deviennent ensuite.
Ruburt a tout à fait raison lorsque, dans Adventures [1], il suppose qu’il y a ce qu’il appelle une « multipersonnalité ».
 Vous pensez à un Je-moi (Seth épelle ce mot.)
comme à la fin première et ultime de l’évolution.
Cependant, il y a évidemment d’autres identités ayant beaucoup de ces Je-moi, dont chacun est aussi conscient et indépendant que le vôtre, tout en se rendant compte également de l’existence d’une identité plus grande dans laquelle ils ont leur être.
La conscience s’accomplit en se connaissant elle-même.
La connaissance la transforme, en vos termes, en un ensemble de formes changeantes plus vaste, qui essaye ensuite de s’épanouir et de se connaître, et ainsi de suite.
Il y a eu sur votre Terre des expérimentations faites [par la conscience] à la fois avec des hommes et des animaux, à un niveau différent de celui que je viens de mentionner, mais en ayant cela à l’esprit — des troupeaux de bêtes, par exemple, dont chaque animal était tout à fait conscient de la connaissance commune du troupeau, des dangers qui pouvaient être rencontrés dans tout territoire particulier, et avec une structure psychologique dans laquelle la conscience de masse du troupeau reconnaissait la conscience individuelle de chaque animal, et la protégeait.
Il y avait une interaction constante entre la conscience de l’animal individuel et celle de la masse du troupeau, nous ne parlons donc pas d’une situation dans laquelle l’animal individuel était sous contrôle.
À quelques variantes près, la même chose s’est produite avec votre propre espèce et, d’ailleurs, elle est en train de se produire.
Dans le passé, tel que vous le concevez historiquement, plusieurs groupes ont fait des expériences en ce sens.
À ces époques-là, la conscience individuelle est devenue si absorbée par ses propres expériences que la communication précise, régulière et consciente avec la conscience de masse s’est faite pour ainsi dire souterraine.
Elle est devenue accessible à ceux qui la recherchaient, mais, à ces occasions-là, cela n’a pas donné les mêmes types d’organisation psychologique.
D’autres types d’ensembles de formes psychologiques changeantes ont été et sont essayés — certains vous paraîtraient totalement inconcevables ; et pourtant, ici et là, certaines de leurs versions apparaissent dans votre système.
Il est tout à fait possible, par exemple, pour plusieurs moi d’occuper un corps, et si cela était la norme, ce serait facilement accepté.
Cela fait toutefois entrer en jeu un autre type de multipersonnalité, un type permettant l’accomplissement de nombreuses aptitudes de natures diverses, qui restent habituellement inexprimées.
Cela suppose aussi une liberté et une organisation de conscience qui ne sont pas usuelles dans votre système de réalité et qui n’ont pas été choisies ici.
(« Vous ne croyez pas que certaines personnes vont associer tout cela au fait d’être possédé ? », ai-je demandé.
Pas quand j’aurai terminé.
La plupart des individus, par exemple, se développent intellectuellement, ou émotionnellement ou physiquement, en ignorant dans une large mesure le plein potentiel du corps et de l’esprit.
La structure-Je limitée, que vous identifiez actuellement à la nature du moi, n’est simplement pas capable d’utiliser pleinement toutes ces caractéristiques-là.
La structure-Je monte du moi intérieur qui s’est formée autour de divers intérêts, aptitudes et directions.
Des sélections sont faites quant aux domaines de concentration.
On trouve rarement une personne qui soit d’une grande intelligence, un grand athlète et qui ait aussi une profonde compréhension émotionnelle et spirituelle — le prototype idéal de ce que le genre humain pourrait, semble-t-il, produire.
Dans certains systèmes d’existence physique, une multipersonnalité est établie, dans laquelle trois ou quatre « personnes » émergent du même moi intérieur, chacune utilisant au mieux de ses capacités les caractéristiques qui lui sont propres.
Cela présuppose toutefois un ensemble de formes changeantes de conscience, où chacune connaît les activités des autres et y participe ; et vous avez alors une version différente de la conscience de masse.
Voyez-vous la corrélation ?
(« Oui. »)
Dans les systèmes où l’évolution de la conscience s’est opérée de cette manière, toutes les facultés du corps et de l’esprit au cours d’une vie sont merveilleusement employées.
Il n’y a pas non plus la moindre ambiguïté quant à l’identité.
L’individu dirait par exemple : « Je suis Jo, Jane, Jim et Bob. »
Il y a des variations physiques de nature sexuelle, de sorte qu’à tous les niveaux, l’identité inclut le masculin et le féminin.
Des ombres de ce genre de probabilités apparaissent au sein de votre propre système, comme des étrangetés.
Tout-ce-qui-est apparent à un degré ou à un autre dans votre système est développé dans un autre.
L’important dans tout cela, c’est que ces unités sont imprévisibles et qu’elles accomplissent toutes les probabilités de la conscience.
Tous les concepts de dieux ou d’autres êtres qui se fondent sur des idées limitées de la personnalité sont vains, en fin de compte.
Votre façon de voir la fantastique diversité de la vie physique — ses animaux, ses insectes, ses oiseaux, ses poissons, l’être humain et toutes ses œuvres — ne suscite en vous quasiment aucun doute ; il vous faut pourtant comprendre que la nature de la conscience elle-même est beaucoup plus variée,
et vous devez apprendre à penser à une réalité intérieure qui est aussi infinie que l’extérieure.
Ces concepts seuls modifient votre conscience actuelle et la transforment petit à petit.
L’idée actuelle de l’âme, voyez-vous, est une idée « primitive » qui peut à peine commencer à expliquer la créativité, ou la réalité, d’où vient le genre humain.
Vous êtes des multipersonnalités. (Avec intensité.)
Vous existez dans de nombreux temps et en de nombreux lieux en même temps.
Vous existez en tant que personne unique simultanément.
Cela ne nie pas l’indépendance des personnes, mais votre réalité intérieure enjambe leur réalité, tout en servant aussi de monde psychique dans lequel celles-ci peuvent grandir.
Je ne veux pas entrer dans une discussion à propos des « niveaux » successifs par lesquels est censée passer une progression.
Toutes les discussions de ce genre sont basées sur votre idée d’une personnalité unique, d’un temps consécutif, et de versions limitées de l’âme.
Il y a des fleurs rouges, des fleurs jaunes et des fleurs violettes.
Aucune d’elles n’est plus avancée que les autres, mais chacune est différente.
Ces unités se combinent en divers types d’ensembles de formes changeantes de conscience.
Fondamentalement, il n’est pas exact de dire que l’un est plus avancé que l’autre.
Le pétale d’une fleur, par exemple, n’est pas plus développé que la racine.
Une fourmi sur le sol peut voir que ce pétale est bien au-dessus de la racine et de la tige, mais les fourmis sont trop avisées pour penser que le pétale doit être meilleur que la racine.
La conscience fleurit dans toutes les directions
Toutes les directions prises par la fleur de la conscience sont bonnes.
La fleur sait qu’elle est vivante dans le bulbe, mais il faut du « temps » pour que le bulbe laisse émerger la tige, les feuilles et la fleur.
La fleur n’est pas mieux que le bulbe.
Elle n’est même pas plus avancée que le bulbe.
Elle est le bulbe dans l’une de ses manifestations.
Donc, en vos termes, il peut sembler y avoir une progression ou des étapes consécutives de développement, dans lesquelles des moi plus complets et matures apparaissent.
Vous êtes une partie de ces moi-là, maintenant, comme les pétales sont une partie du bulbe.
C’est uniquement dans votre système que cette période de temps a un sens.
Votre idée d’âme unique, de moi unique, forme une signifiance et une sélectivité qui vous rendent aveugle à ces autres réalités qui sont tout autant « ici et maintenant » que votre moi présent.
Seules les unités de conscience qui composent votre être physique sont conscientes de ces signifiances plus grandes, rendues pour vous opaques par vos idées limitées.
Dans un système comme celui-ci, les concepts peuvent aider à briser ces barrières.
Il y a donc des strates de conscience qui existent en même temps.
Celles dont vous ne vous rendez pas encore compte semblent plus avancées, plus développées que la vôtre.
Vous en faites pourtant partie maintenant.
Vous pouvez les connaître quand vous commencez à élargir vos concepts de personnalité et de conscience.
En termes de temps, vous avez de nombreux corps, tandis que vous naissez et renaissez dans l’expérience terrestre.
Votre conscience enjambe ces existences, et même les atomes et les molécules de votre corps actuel contiennent la connaissance codée de ces autres formes [réellement simultanées].
Ces unités de conscience sont à l’intérieur de toute matière physique, et elles contiennent leur propre mémoire.
Vous vous rendez donc compte de votre multipersonnalité à la fois sur le plan psychique et biologique.
Votre système n’inclut pas le type d’expérience mentionnée plus tôt [lors de cette session], dans laquelle le corps est capable de contenir dans une seule vie l’expérience de nombreux moi.
Il utilise à la place un contexte temporel, où chaque moi est pourvu d’un corps et d’un temps ; mais une connaissance de l’idée de multipersonnalité pourrait vous aider à comprendre que vous disposez de nombreuses aptitudes non utilisées, qui sont latentes pour vous mais néanmoins importantes dans votre identité entière, et suffisamment signifiantes pour vous personnellement pour être développées.
(Avec insistance.) La réincarnation représente simplement des probabilités dans un contexte de temps (souligné !) — des parties du moi qui sont matérialisées dans des contextes historiques. Point.
Toutes sortes de temps — en avançant ou en reculant — émergent de la nature fondamentalement imprévisible de la conscience, et elles sont dues à des « séries » de signifiances.
Chaque moi né dans le temps poursuivra donc ses propres réalités probables à partir de ce point de vue là.
À nouveau, chaque moi de ce type est immédiat.
Toute conscience, dans toutes ses formes, existe en même temps.
Ceci est difficile à expliquer sans avoir l’air de me contredire.
Revenons à notre bulbe et notre fleur.
En termes fondamentaux, ils existent en même temps.
En vos termes, cependant, c’est comme si la fleur à venir appelait vers l’arrière le bulbe, depuis son « futur », et lui disait comment faire la fleur.
La mémoire opère en avançant et en reculant dans le temps.
La fleur — appelant le bulbe, le poussant « en avant » et lui rappelant son développement (futur probable) — est comme un moi futur, en vos termes, ou un moi plus avancé, qui connaît les réponses et sur lequel il est possible de compter de façon tout à fait pratique.
Les dieux peuvent être vus sous ce même éclairage, mais à une échelle plus grande ; et, compris dans ce contexte-là, on peut compter sur eux.
C’est presque une tendance naturelle que de personnifier les dieux tant que vous êtes empêtrés dans des idées limitées de la personnalité.
Une conception plus large de la personnalité vous amènera certainement à avoir un aperçu des ensembles de formes changeantes vraiment remarquables de la conscience d’où vous émergez constamment.
Ce sont des êtres émotionnels et psychologiques d’une telle richesse que vos concepts de moi vous obligent à les diluer jusqu’à un niveau que vous pouvez comprendre.
Chacune de vos personnes est une partie de cette personnalité plus vaste.
À nouveau, ces idées seules peuvent vous aider de façon à ce que, dans une certaine mesure, vous puissiez émotionnellement et intellectuellement percevoir cette divinité plus vaste d’où émerge la personnalité.
Maintenant. (D’une voix plus forte et plus profonde.) La Réalité « inconnue » : (Seth indique les deux-points) un livre de Seth.
Et écrivez « inconnue » entre guillemets.
Il s’agit de deux choses : un livre de moi, et un livre source pour vous.
Est-ce que vous me suivez ?
(« Oui… Vous voulez dire que je peux utiliser votre livre en lien avec mes propres écrits. »)
Nous appellerons ces unités fondamentales de conscience les « UC » — la lettre U et la lettre C — pour unités de conscience.
À partir d’elles, les unités EE sont formées, et les premières racines sont émises dans le monde de la matière physique. Point.
Maintenant, en ce qui concerne votre rêve.
Vous établissez évidemment un contact avec votre mère.
Elle commence à bouger, comme vous le supposiez. Les commentaires [écrits] de Ruburt à propos du rêve sont aussi pertinents, montrant votre propre prudence.
Aucune de ces rencontres n’a été une rencontre émotionnelle normale, par exemple, mais un simple aperçu dans lequel il n’y avait pas de communication en termes ordinaires.
Il peut être intéressant pour vous de savoir que vos tendances athlétiques sont liées à votre voyage hors du corps, dans le sens où, selon vous, le corps doit être posé et équilibré, et avoir un support — d’où les hallucinations que vous utilisez.
Vous pouvez toutefois vous servir de ces tendances pour vous aider, si vous pensez en termes d’un corps complètement libre, capable de se mouvoir sans support dans l’espace, capable, dans l’état de rêve, de manipulations qui lui sont déniées dans la réalité physique.
Le corps « intérieur » peut se comporter selon des modes auxquels le corps physique n’a pas accès, et vous pouvez utiliser cela comme un défi. Découvrez ce que vous pouvez faire avec votre corps intérieur ; expérimentez.
Vous avez l’assurance que votre mère continue d’exister.
Pour ce qui est de votre relation, cependant, vous la regardez à distance.
Votre mère s’étonne encore — c’est-à-dire qu’elle peut s’identifier à des parties de vous différentes de celles auxquelles elle s’identifiait durant sa vie.
Elle ne veut pas vous effrayer à présent par des manifestations émotionnelles, une distance est donc utilisée des deux côtés.
Ces unités de conscience [les UC] se déplacent donc plus vite que la vitesse de la lumière — mais cette déclaration même n’a d’une certaine manière pas de sens, puisque les unités existent aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du contexte dans lequel la lumière elle-même a une signification.
Cependant, lorsque ces unités approchent une structure physique, elles ralentissent, en vos termes.
Les électrons, par exemple, sont de lents lourdauds comparés aux unités EE.
Cela va sans dire que les unités de conscience sont « mentales » ou, si vous préférez, désincarnées, bien que toutes les formes physiques émergent de leur organisation intérieure.
Certaines intensités sont un assemblage d’organisation d’unité, créé avant même que la plus petite particule physique, ou même une particule « physique » invisible, n’existe.
Ces unités forment ce que vous considérez comme l’esprit, autour duquel la structure du cerveau est formulée.
Ces unités sont omniprésentes dans le cerveau.
Le grand système de communication à l’intérieur du corps lui-même dépend donc de la circulation et du flux intérieurs constants de ces unités.
À un certain niveau, la survie même du corps est largement déterminée par la propension de ces unités à la sélectivité et à la signifiance.
Toutefois, la réalité physique du corps est aussi une constance apparente dans une existence physique apparemment constante.
C’est uniquement parce que ces unités ont leur source en dehors de l’espace et du temps que la présente réalité corporelle est un triomphe des probabilités.
Votre image actuelle, par exemple, vous semble être la seule possible, vôtre de façon permanente pour toute la durée de votre vie au moins ; et ce qui lui arrive semble pratiquement inévitable.
Si vous devenez, disons, malade, vous pouvez vous demander pourquoi, et cependant, une fois que la maladie a lieu, elle devient une partie de la réalité du corps, et semble pratiquement faire inévitablement partie de son expérience.
Pourtant, les unités de conscience, étant indépendantes de l’espace et du temps, forment votre structure cellulaire, et cette structure-là est donc liée, de la façon la plus basique, à la nature des probabilités.
Bien que le corps paraisse être permanent et exister d’instant en instant, fondamentalement, il émerge constamment du lit des probabilités, en suspension à votre point-instant présent de perception et d’expérience ; son apparente stabilité dépend de la connaissance des probabilités « futures » aussi bien que de celles « passées ».
Votre présent est le résultat de votre conscience en équilibre, choisissant sa perception et la nature de sa vie à partir d’un champ qui est prévisible uniquement à cause du domaine plus vaste d’organisation qui lui est accessible.
À tout moment, la condition de votre corps ne résulte pas tant de la compréhension qu’il a de son « histoire passée » que de sa compréhension des probabilités futures.
Les cellules préconnaissent.
Pour le moment, tout ceci est simplifié.
Je l’éclaircirai par la suite dans le livre.
Mais vos idées limitées du temps créent des barrières conceptuelles qui fonctionnent même lorsque vous considérez la structure de la vie physique biologique.
Par exemple.
Il est plus exact de dire que l’hérédité opère du futur en remontant vers le passé, que de dire qu’elle opère du passé vers le présent.
Aucune de ces deux affirmations ne serait tout à fait correcte en tout cas, car votre présent est un équilibre affecté par le futur probable aussi bien que par celui passé.
En règle générale, il n’y a pas de moment où votre corps n’est pas ici pour vous. Votre expérience semble centrée en lui, le reste du monde étant à l’extérieur, en toute sécurité.
Pourtant, la sélectivité particulière de votre type de conscience saute des intervalles que vous ne reconnaissez pas.
Pour ainsi dire, vos corps apparaissent et disparaissent, comme des lumières qui clignotent. Leur réalité fluctue, de votre point de vue. En fait, l’univers physique fait de même.
Vous pouvez comprendre ce que cela signifie lorsque nous disons que votre conscience fluctue — car chaque individu se rend compte de variations d’intensité et de concentration.
Vous êtes plus alerte ou, en vos termes, plus conscient à certaines occasions qu’à d’autres.
Maintenant, la même chose s’applique à ces unités de conscience — et aux atomes, aux molécules, aux électrons et aux autres phénomènes de ce genre.
Le monde clignote littéralement.
La réalité de cette fluctuation ne dérange toutefois en aucune manière votre propre sentiment de consistance. Les « trous (Seth épelle.) de non-existence » sont bouchés par le processus de sélectivité.
Ce processus choisit donc des signifiances, à nouveau, autour desquelles l’expérience se construit et autour desquelles la « vie » est ressentie.
Les sensations d’un type de vie dressent automatiquement des barrières contre d’autres « agencements de monde » qui ne sont pas en corrélation avec le leur.
Il vous est impossible d’examiner un atome, une cellule ou autre, si ce n’est dans votre maintenant. Point.
Comme votre expérience sensorielle suit un schéma temporel que vous pouvez comprendre, vous prenez comme allant de soi qu’une cellule, par exemple, est le résultat de son passé et que sa condition présente découle du passé.
Le fœtus devient un adulte, non pas parce que ceci est programmé depuis le passé, mais parce que, d’une certaine manière, il se rend compte de façon précognitive de ses probabilités, et que, depuis le « futur », il imprime alors cette information dans la structure passée.
Depuis votre point de vue, cependant, l’examen d’une cellule ne va pas vous montrer cela, mais seulement sa condition présente.
Il devrait paraître évident, au vu de ce que je dis, que ni le futur ni le passé ne sont prédéterminés.
À partir de votre plate-forme d’expérience d’un maintenant en suspension, vous modifiez à la fois le passé et le futur, et cette modification, ce changement, cette action, est la cause de votre point de vie sensorielle immédiate.
La précieuse intimité de votre existence, et d’ailleurs de votre univers, est encore plus miraculeuse, pour ainsi dire, précisément parce que sa réalité probable émerge d’un champ infini de probabilités, dont chacune est à jamais inviolée.
Il est important que ces idées soient prises en considération.
Vous ne pouvez pas séparer vos croyances concernant la réalité de la réalité dont vous faites l’expérience.
Cela signifie que vos croyances concernant la réalité la forment.
Vos idées quant à ce qui est possible et ce qui ne l’est pas se reflètent dans tous les domaines.
Il est pratiquement impossible de partir des concepts d’univers unique et isolé, de moi unique à la merci de son passé, et d’une séquence temporelle unique, pour aboutir à la moindre théorie acceptable d’une âme ou divinité multidimensionnelle qui soit autre chose qu’un vulgaire concept personnifié de ce qu’est l’homme selon vous.
Non seulement vos métaphysiques et vos sciences en pâtissent, mais votre expérience quotidienne en tant qu’être humain est bien inférieure à ce qu’elle pourrait être.
Il y a donc des probabilités parfaitement présentes, et biologiquement concrètes, qui permettraient un si grand changement dans la conscience individuelle qu’il propulserait littéralement l’espèce tout entière dans un autre niveau d’expérience.
Tout comme, en vos termes, l’homme des cavernes s’est aventuré à la lumière du jour, sur la Terre, il y a aussi un temps pour que l’homme s’aventure dans une connaissance plus vaste de sa réalité subjective, explore les dimensions du moi et aille au-delà des petits domaines de lui-même où il a jusqu’à présent trouvé refuge.
En termes d’histoire telle que vous l’entendez, l’homme s’est senti en sécurité et à l’abri en tant qu’espèce principale vivant sous un soleil, imaginant que tout le reste était centré sur son être.
Dans ce contexte-là, cela a procuré à l’homme une stabilité dont il s’est passé lorsqu’il a accordé à sa conscience d’autres libertés.
Il lui faut maintenant comprendre qu’il choisit lui-même, parmi une myriade de probabilités, celle qu’il rencontre à présent.
Le moi unique qu’il reconnaît n’est que la partie de lui-même dont il se rend compte actuellement.
D’autres facettes de sa conscience qui lui sont accessibles et une partie de sa nature plus vaste lui paraissent étrangères, un « non-moi » ou un « au-delà de moi », à cause de la focalisation de la sélectivité, telle qu’elle opère pour l’instant.
Ceci ne veut évidemment pas dire qu’il n’y a pas des entités dont le moi est complètement séparé du vôtre.
Cela veut dire que vos concepts vous obligent à mal interpréter et à déformer toute information ou expérience « intruse » faisant partie de parties de votre être que vous ne reconnaissez pas comme étant votre moi officiel.
Ce comportement occasionne même une certaine malhonnêteté corporelle, car la liberté qu’ont les cellules par rapport au temps signifie qu’à certains niveaux, la structure cellulaire se rend compte d’évènements futurs probables, comme nous l’avons mentionné.
Le corps réagit donc aussi bien à une activité future que passée, afin de maintenir son équilibre corporel actuel.
La connaissance innée du corps va donc souvent tenter de se traduire en une activité psychologique qui peut avoir pour résultat des pressentiments, des prémonitions, etc.
Les sens peuvent être utilisés pour clarifier le message.
Vous pouvez, par exemple, entendre mentalement une voix, ou avoir une vision soudaine.
En fonction de vos croyances, vous pouvez interpréter ces données de multiples façons, mais comme ces expériences ne sont pas une partie admise d’une activité reconnue et officielle, elles peuvent paraître effrayantes. Point.
Vous pouvez les attribuer à des « esprits » ou à des personnalités désincarnées, mais d’une façon telle que ces expériences sont reléguées dans un fatras confus fait de dogmes et de superstitions.
Si, pour commencer, vous compreniez que vous êtes un esprit, et que vous êtes donc vous-même libre de l’espace et du temps, vous pourriez alors au moins envisager la possibilité que certains de ces messages vous viennent d’autres parties de votre propre réalité.
Ces messages sont souvent le moyen de vous éviter certaines actions probables.
Le corps est aussi un schéma.
Bien que le matériau qui le compose change constamment, le schéma maintient sa propre intégrité.
La forme est gravée dans l’espace et le temps et, pourtant, le schéma lui-même existe également en dehors de ce cadre-là — le corps est donc une projection dans le champ tridimensionnel.
La conscience des cellules, à l’intérieur de lui, est toutefois éternelle.
Le cadre physique lui-même est constitué de quelque chose d’immortel.
La projection dans le temps et l’espace peut disparaître, en vos termes, se flétrir et mourir.
L’identité principale continue d’exister, tout comme continue d’exister la conscience des millions de cellules qui, à un certain moment, faisaient partie du corps.
Pendant qu’il est habité par la conscience humaine ordinaire, le corps vivant agit en tant qu’intense point de focalisation.
Le conglomérat des consciences, à l’intérieur de lui et à tous les niveaux, se focalise sur son propre réseau de communication.
Ce réseau privé est relié à tous les autres qui lui sont semblables.
Il y a donc des niveaux d’interaction simplement entre tous les corps, de façon électromagnétique et biologique.
Le réseau a toutefois une portée beaucoup plus grande que cela.
Non seulement toutes les cellules peuvent se répondre entre elles, mais leur activité de masse génère même des centres plus élevés de conscience qui répondent à un ensemble donné de conditions d’un monde, plutôt qu’à d’autres conditions d’un monde tout aussi légitime, mais qui ne correspondent pas au modèle accepté.
Dans une certaine mesure, les probabilités sont donc déterminées en adéquation avec les cellules.
Ceci doit être évident.
La structure même du corps va établir en elle des modèles pour les types de probabilités dont il sera possible de faire l’expérience concrète.
La réalité-source, d’où proviennent toutes les autres, n’est jamais prédéterminée — c’est-à-dire prédestinée ni même établie.
L’univers, en quelques termes que ce soient, est toujours en train d’être créé.
Quand une conscience est spécifiée, elle se voit toujours au centre de son monde.
Toutes les spécifications de conscience et toutes les apparences phénoménales se produisent quand les unités fondamentales de conscience, les UC, émergent en unités EE et, de là, dans les dimensions d’une réalité qui est en vos termes.
La conscience principale que vous acceptez normalement se trouve au sein de la matière de votre corps et, à travers lui — le corps —, vous percevez votre monde.
Rien ne vous empêche de voir votre corps depuis un point de vue qui lui est extérieur, si ce n’est qu’on vous a appris que la conscience est prisonnière de la chair.
Le corps est un organisme émetteur et récepteur ; votre centre opérationnel, pour ainsi dire, et le point de focalisation pour votre activité.
Vous pouvez cependant sauter hors de lui de façon tout à fait consciente — et vous le faites souvent, quand, pendant un temps, en particulier dans l’état de rêve, vous observez le monde selon une autre perspective.
Dans certaines aventures, vous visitez d’autres réalités probables dans lesquelles vous avez une structure corporelle tout aussi réelle que « la vôtre ».
Votre propre construction psychologique, soit dit en passant, parvient à sa merveilleuse complexité parce qu’elle puise dans la riche banque de vos plus grandes existences probables.
Même une petite compréhension de ces idées-là peut vous aider à entrevoir combien les concepts antérieurs de la psychologie ont été limitants.
Le moi que vous connaissez et reconnaissez porte en lui des indices et des traces de toutes vos caractéristiques probables qui peuvent être actualisées à l’intérieur de votre système de réalité.
Votre corps est équipé pour mener n’importe laquelle d’entre elles à l’épanouissement.
Maintenant, du fait de la sélectivité déjà mentionnée, certaines directions peuvent être plus faciles que d’autres, et certaines peuvent paraître impossibles.
Pourtant, à l’intérieur de la structure psychologique et biologique de votre espèce, les chemins de probabilités ont plus d’intersections que ce que vous en savez.
L’esprit conscient, tel que vous y pensez normalement, dirige l’ensemble de votre action globale et ses idées déterminent le type de sélectivité dont vous vous servez.
C’est pour cette raison que j’essaye d’étendre vos idées conscientes, de manière à ce que vous soyez mieux équipés pour choisir votre ligne d’expérience physique parmi toutes celles probables qui vous sont ouvertes.
Maintenant. Fondamentalement, la compréhension de la cellule franchit le temps, tel que vous y pensez. Point.
La conscience du genre humain a cependant expérimenté selon des lignes de temps spécifiques.
À mesure que l’être humain se développait selon ces lignes, diverses méthodes de sélectivité et de discrimination, aussi bien biologiques que mentales, étaient utilisées.
Quand, en termes d’histoire, le genre humain s’est rendu compte qu’il avait une mémoire et s’est souvenu de son passé comme étant un passé en vos termes, il lui a été possible de confondre le passé et le présent.
Des souvenirs intenses, hors contexte mais ayant une validité neurologique immédiate, pouvaient entrer en concurrence avec la focalisation brillante qui était nécessaire dans son présent.
Bien que le passé soit en fait tout aussi immédiat, vivant et créatif que le présent, l’homme a fait certains ajustements, à plusieurs niveaux, pour se focaliser sur des distinctions précises et bien séparer l’expérience passée de celle présente.
Pendant que votre type particulier de conscience se développait, il a commencé à intensifier une sélectivité, pour se concentrer spécifiquement sur un petit domaine d’activité, tout en repoussant d’autres données.
C’était nécessaire parce que le type particulier de manipulation physique de l’existence corporelle exigeait une réponse physique instantanée aux stimuli immédiatement présents.
Une telle sélectivité et une telle spécialisation représentaient donc une méthode pertinente, au moment où la conscience se familiarisait avec l’expérience terrestre.
Les chasseurs devaient répondre immédiatement à la situation présente.
En termes de temps, l’animal « présent » devait être tué pour la nourriture — pas l’animal « passé ».
Cet animal-là — celui du passé — existait aussi sûrement que celui perçu dans le présent, pourtant, dans le contexte humain, l’action physique devait être orientée vers un domaine extrêmement spécifique, car la survie physique en dépendait.
L’innocence fondamentale des cellules quant à une discrimination temporelle devait être contournée.
À des niveaux profondément inconscients, la structure neurologique est beaucoup plus adaptable qu’il n’y paraît.
Des ajustements ont donc été accomplis.
Fondamentalement, la structure neurologique répond aux données à la fois passées et futures.
Biologiquement, cette activité est innée.
Le « nouveau » type spécialisé de conscience dans un corps devait réagir de façon rapide et précise.
Alors, il s’est focalisé uniquement sur une seule série de messages neurologiques.
Ceux-ci sont devenus de plus en plus proéminents biologiquement, de sorte que la conscience de l’homme les a chevauchés, ou a bondi sur eux.
Ces messages particuliers, ou impulsions, sont devenus ceux qui étaient acceptés tant sur le plan biologique que mental.
Leurs indications étaient traduites en perceptions sensorielles.
Ces impulsions ou messages sont devenus les seules données officielles qui, traduites en perception sensorielle, formaient la réalité physique.
Cette sélectivité a fourni une ligne de référence compréhensible, allant d’une existence intérieure vers une existence extérieure.
D’autres messages tout aussi valides étaient ignorés.
Bien que présents, ils sont devenus biologiquement invisibles.
Les cellules réagissaient encore à ces impulsions négligées par ailleurs, car elles avaient besoin de données provenant à la fois du passé et du futur pour maintenir l’équilibre du corps dans « le présent ».
La nécessité d’une action extérieure immédiate et consciente à un point « défini » d’intersection avec des évènements était laissée à la conscience émergente de l’ego.
Alors que les cellules avaient besoin de données futures et passées, et qu’elles s’en servaient pour former à partir de cette invisible tension la réalité physique présente du corps, le même type d’information pouvait être une menace pour la conscience de l’ego, qui risquait d’être submergée.
Au sein de la structure corporelle, pourtant, il y a des messages qui, de votre point de vue, jaillissent trop vite ou trop lentement pour permettre une réponse physique.
De cette manière, rien n’empêche la compréhension cellulaire de circuler librement ; mais la sélectivité déjà mentionnée contourne ce type d’informations, afin qu’elles ne soient pas en conflit avec les données sensorielles présentes requérant une action physique au moment même.
D’autres impulsions porteuses de messages sont tout aussi valides que celles que vous percevez et auxquelles vous réagissez physiquement.
Encore une fois, les cellules y répondent constamment.
Le corps, nous l’avons dit, est un schéma électromagnétique, suspendu dans un réseau de probabilités, dont vous faites l’expérience de façon corporelle à un point d’intersection dans l’espace et le temps.
Quand l’homme, historiquement parlant, selon vos termes, a commencé à expérimenter la mémoire, il y a eu d’innombrables cas où la conscience émergente de l’ego ne faisait pas assez clairement la distinction entre le passé et le présent, tels que vous les comprenez.
Le passé, dans le présent, apparaissait de façon si brillante que l’homme était incapable de réagir de manière adéquate aux circonstances du moment qu’il avait lui-même créées.
Le futur était bloqué, concrètement parlant, pour préserver la liberté d’action et pour encourager l’exploration, la curiosité et la créativité physiques.
Avec la mémoire, cependant, des projections mentales dans le futur étaient aussi possibles, bien sûr, si bien que l’homme pouvait planifier ses activités dans le temps, et prévoir des résultats probables : des « images fantômes » des probabilités futures ont toujours fait office de stimuli mentaux pour des explorations physiques de toutes sortes et dans tous les domaines.
(« Vous voulez dire dans tous les domaines de la planète, par exemple ? »)
Ces images fantômes ont fourni des stimuli pour une expérience mentale, spirituelle et physique. Cela répond à votre question, je crois.
(« Oui. »)
La race humaine avait affaire à la création d’un nouveau monde d’expérience physique.
Pour ce type particulier d’expérimentation, il lui fallait se concentrer sur la manipulation physique.
Les images fantômes provenant du futur étaient certes une chose qui inspirait le genre humain.
Toutefois, si de telles données étaient instantanément apparues devant les hommes, ils auraient été privés des joies, tentatives et défis physiques qui étaient si fondamentaux pour l’expérimentation elle-même.
Il vous aurait été tout à fait possible, en tant qu’espèce, de choisir comme étant « réelle » n’importe quelle autre « série » d’impulsions neurologiques, ou de messages, et de structurer votre expérience selon des lignes différentes.
La structure biologique et la conscience mentale ont cependant choisi ensemble la séquence la plus confortable, dans laquelle un domaine d’activité présent, occasionné par une reconnaissance neurologique, allait être étayé par une connaissance mentale inconsciente et d’autres connexions neurologiques biologiquement invisibles.
La psyché se connaît elle-même et a connaissance de ses parties.
Quand la conscience de l’ego a atteint un certain degré de compétence biologique et mentale, quand l’expérience du présent est devenue suffisamment étendue, la conscience de l’ego était au stade où elle pouvait commencer à accepter des données plus larges.
De fait, c’est le stade où elle en est maintenant.
Sa focalisation dans le présent est maintenant sûre.
Cette focalisation-là a finalement mené, en vos termes, à une expansion de la conscience, une expansion que les premiers hommes n’avaient pas à gérer.
En vos termes, le temps inclut maintenant plus d’espace et, par là même, plus d’expérience et de stimuli.
Encore une fois, historiquement parlant, dans le passé, une personne donnée ne se rendait compte, à tout instant, que de son environnement immédiat.
Elle pouvait y répondre sur-le-champ.
Dans cette mesure-là, les événements étaient gérables.
L’ego s’est spécialisé dans l’expansion de l’espace et dans sa manipulation physique.
Il s’est spécialisé dans les objets.
Le résultat est que, maintenant, une personne se rend compte à toute heure d’évènements qui se produisent à l’autre bout du monde.
Aucune réponse physique immédiate qu’il ou elle puisse faire ne semble adéquate ou pertinente dans de nombreux cas.
Dans cette mesure-là, l’action physique corporelle perd donc son impeccable précision dans le temps.
Vous ne pouvez pas donner un coup de pied à un « ennemi » qui ne vit pas dans votre village ou votre pays ; encore moins à un ennemi que vous ne connaissez même pas personnellement.
À nouveau, dans cette mesure-là, l’action physique instantanée dans le temps n’est pas un facteur de vie ou de mort comme lorsqu’un homme faisait face à un animal enragé ou à un ennemi, dans un combat corps-à-corps.
De la même façon, dans le passé, l’amour pouvait immédiatement s’exprimer.
En termes historiques, les premiers hommes, j’utilise ici vos théories sur l’espèce — les premiers hommes — étaient en contact intime avec leurs familles, leurs clans ou leurs tribus.
L’expansion de l’espace se développant, les êtres chers habitent loin les uns des autres, et on ne peut exprimer d’un seul coup une réponse corporelle soudaine, à un point particulier de contact immédiat.
Ces développements, et d’autres, déclenchent déjà des changements de comportement chez l’homme, l’inspirant encore à davantage de modifications de la conscience.
Il a maintenant besoin d’un point de vue plus étendu du passé et du futur, pour l’aider à traiter les ramifications du présent tel qu’il a évolué à travers l’expérience.
Les concepts généralement reconnus de ce qu’est le moi sont l’interprétation de l’ego quant à l’individualité.
Ils sont projetés dans les concepts de Dieu et de l’univers.
Ils se voient accorder une certaine validité biologique, du fait de la sélectivité déjà mentionnée, grâce à laquelle une seule série d’impulsions neurologiques est acceptée — et ce sont ces impulsions-là que chevauche la réalité du moi égotiste.
Il fut un « temps » où un dieu interprété en ces termes a servi de modèle pour le comportement égotiste d’un moi à l’égard d’un autre moi.
Dans un monde dans lequel les individus étaient confinés dans un espace correspondant à une tribu ou à un clan , l’action était immédiate.
L’environnement offrait un cadre dans lequel la conscience apprenait à gérer des stimuli de façon directe.
Elle apprenait à se focaliser.
La spécialisation nécessaire signifiait que seule une certaine quantité de données pouvait être gérée en même temps, sur un plan émotionnel ou autre.
La formation de tribus différentes permettait aux hommes de fonctionner en coopération, par petits nombres.
Cela signifiait que ceux de l’extérieur étaient sélectivement ignorés, considérés comme des étrangers.
À ce stade, la conscience en ces termes-là ne pouvait pas gérer une concentration focalisée, l’émergence de la conscience d’un ego, et simultanément faire l’expérience de puissants sentiments d’unité avec d’autres grands groupes.
Elle luttait pour l’individuation.
L’individuation dépendait cependant de la coopération des individus.
À mesure que l’ego apprenait à se sentir plus sûr, les tendances à la coopération se sont élargies de sorte que le développement de nations est devenu possible.
Il était toutefois inévitable que la conscience de l’ego produise une réalité dans laquelle elle aurait finalement besoin, en ces termes-là, d’accepter d’autres données et informations qu’elle avait dû ignorer au début.
Jusqu’à présent, je parle en termes d’histoire, tels que vous les comprenez.
L’histoire, cependant, n’est rien d’autre que votre ligne officielle de stimuli acceptés.
Par la suite, dans ce livre, j’éclaircirai ce point.
Comme la conscience égotiste s’élargit pour inclure des données jusque-là largement négligées, elle va faire l’expérience, concrètement parlant, d’un nouveau type d’identité ; se connaître d’une façon différente.
Ses concepts de divinité vont se modifier de manière significative, tout comme les dimensions de l’émotion.
Il y a dans votre héritage des veines d’amour qui sont beaucoup plus riches, mais vos concepts concernant le moi et la nature divine les ont gravement limitées.
Vous semblez souvent haïr ceux qui, par exemple, ont des croyances différentes des vôtres, et vous avez perpétré des atrocités à l’égard d’autrui, au nom de la religion et au nom de la science, car vos idées limitées quant à la nature du moi vous ont amené à avoir peur de vos émotions.
Souvent, vous craignez par exemple que l’amour ne vous submerge.
Pendant que vous vous préoccupiez tant de la protection de ce que vous considériez être les frontières et l’intégrité d’une individualité, vous êtes arrivés en fait, en tant qu’espèce, à un point où vous commenciez à nier votre propre réalité plus grande.
Mais tout cela fait partie de l’expérimentation dans laquelle votre espèce s’est embarquée dans votre probabilité.
Là où, autrefois, votre survie physique, en ces termes-là, dépendait d’une focalisation resserrée pendant que vous appreniez la manipulation physique, le succès de cette manipulation rend maintenant nécessaire un élargissement de la focalisation —
un nouvel éveil dans une existence du moi plus large, avec ce qui sera une re-reconnaissance correspondante d’une activité neurologique qui est actuellement uniquement perçue, et de façon brève, par certains, mais qui est présente dans l’héritage de votre structure corporelle.
Maintenant. Ici, et tout au long de ce livre, il y aura des parties consacrées à des Exercices Pratiques — avec des majuscules —, où vous pourrez voir, dans une certaine mesure, comment il est possible de faire l’expérience pratique de certains de ces concepts et de recevoir au minimum un aperçu de leur mise en application.
EXERCICE PRATIQUE 1
À l’état de veille, dans ce qui semble être une sorte de projection mentale, Ruburt s’est retrouvé à Saratoga Springs, état de New York, là où il a grandi.
Tout était gris. La nature immédiate des données sensorielles dans toute leur intensité était absente.
La vision était claire mais tachetée, extrêmement sélective.
Le mouvement était toutefois l’élément sensoriel le plus fort.
D’un côté, Ruburt n’avait pas de corps et, de l’autre, il percevait une partie de l’expérience à travers les yeux d’un nourrisson dans un landau.
Il a perçu avec acuité une bordure particulière à l’angle d’une intersection bien précise, et son attention a été retenue par la focalisation sur une bordure, une pente en terre, puis le trottoir ; et aussi par le mouvement de la poussette qui montait.
L’enfant était lui-même d’une part dans le passé, tout en étant un moi futur probable dans ce passé-là.
Du point de vue de la focalisation mentale officielle de Ruburt, et du point de vue du présent neurologiquement accepté, cet environnement passé devait rester décentré ou flou.
Ruburt ne pouvait en faire l’expérience qu’en se démarquant de l’activité neurologique officiellement admise. Il s’est rendu dans un magasin qui n’existe « plus » à cet endroit-là, et, ici, les données sensorielles étaient un peu plus claires. Il n’avait pas de souvenirs conscients de l’intérieur du magasin, pourtant celui-ci lui est apparu instantanément — le sol sombre et huileux, couvert de sciure. Même les odeurs étaient présentes.
Il a visité l’école primaire qu’il a fréquentée de la maternelle jusqu’au CE2, il a vu les enfants sortir pour la récréation et a eu le sentiment d’être l’un d’eux — tout en sachant, durant toute l’expérience, qu’il était un adulte embarqué dans cette aventure.
Il est allé de place en place, flottant sans corps — une excursion de la conscience. Le même environnement existe maintenant, de façon alternative par rapport au présent de Ruburt, et de façon aussi vive que son propre présent. C’était pourtant, de son point de vue, un passé probable.
Le bébé qu’il a momentanément identifié au moi qu’il est maintenant n’a partagé que de façon opaque et indirecte une expérience commune. Il ne s’agissait donc pas d’une simple régression. Cet enfant-là a grandi dans cette probabilité-là et Ruburt a grandi dans celle-ci.
Il a toutefois effleuré certaines coordonnées qu’ils partageaient neurologiquement tous les deux. L’enfant et lui connaissaient bien le landau et la bordure du trottoir, la mère qui poussait le landau, et la maison dans laquelle Ruburt, en tant qu’enfant, sentait qu’on le portait.
Il a distinctement perçu l’intérieur de la maison et l’escalier.
Il savait que la mère descendait ensuite les marches pour rentrer la poussette mais, quand il a essayé de le percevoir, le mouvement est devenu trop rapide.
La silhouette de la mère est devenue tellement floue qu’il n’a pas pu la suivre. Il a eu un sentiment de confusion et s’est retrouvé en train de pénétrer dans le magasin tout proche ; puis, il a consciemment fait le tour du pâté de maisons et est entré dans l’école.
L’école et le magasin ne faisaient pas partie de l’expérience du bébé, car, dans cette probabilité-là, la famille a déménagé.
Le flou de l’activité, avant cela, était le résultat d’une confusion neurologique, et Ruburt est passé sans le savoir à un environnement, toujours situé dans le même pâté de maisons, qui avait un sens pour lui mais que l’expérience future de ce bébé ne partageait pas. Vous devez comprendre que votre propre passé existe de façon aussi vitale que votre présent — mais vos passés et présents probables existent de la même manière. Seulement, vous ne les acceptez pas dans les fils d’expérience que « vous » reconnaissez.
Comme part du travail sur ce livre, Ruburt commence juste à expérimenter la reconnaissance consciente d’un matériau probable, et l’acceptation consciente de types d’expériences qui, selon la sélectivité déjà mentionnée, sont d’habitude tabous.
Dans son sommeil, après notre dernière session, il a permis à sa conscience de s’étendre suffisamment pour que celle-ci se rende compte d’une information et d’une expérience qui sont en général automatiquement censurées par des habitudes mentales et neurologiques.
Dans Adventures, Ruburt emploie l’expression « perception préjugée » — une formulation excellente — qui peut s’appliquer ici.
Car vous avez des préjugés de nature spirituelle, mentale et physique, en ces termes.
Dans son sommeil, Ruburt n’avait plus ces préjugés, jusqu’à un certain degré du moins, de sorte qu’il est tombé sur des informations qui semblaient étrangères ou hors contexte par rapport à l’expérience habituelle.
Vos théories sur le temps sont en lien avec vos impulsions neurologiques habituelles.
Jouer avec des concepts de multidimensionnalité ou de probabilités est une chose, mais c’en est une autre que de se retrouver pratiquement face à elles, même brièvement, quand vos modèles de pensée et vos habitudes neurologiques vous disent que ces choses-là ne peuvent pas être traduites.
Ruburt se sentait donc frustré, et il m’a dit en des termes on ne peut plus clairs que sa conscience ne pouvait pas contenir l’information qu’il recevait.
Comme un bon enseignant (dit sur un ton plein d’humour), j’ai pris ses protestations en considération.
Par la suite, il a écrit une déclaration qui lui est venue. C’était son interprétation consciente de l’information qu’il avait reçue la nuit précédente, traduite du mieux qu’il pouvait en termes linéaires.
J’ai ma propre existence, qui est très différente de celle de Ruburt et, pourtant, j’ai aussi une réalité qui est connectée à sa psyché.
Vous tous également avez le même type de connexion avec votre identité plus grande, ou d’autres parties de vous-même, « dotées de plus de connaissances », qui sont elles-mêmes indépendantes et qui, cependant, sont aussi vivantes dans vos psychés. Ce sont des parties de la réalité « inconnue ».
Maintenant, je suis capable d’obtenir des informations que Ruburt, en ses termes, n’a pas.
En d’autres termes, il les a, et vous aussi, mais mentalement, spirituellement et biologiquement, vous avez eu des préjugés contre elles.
En tant qu’espèce, vous êtes toutefois prêts à vous rendre davantage compte de votre réalité plus vaste et à en explorer les aspects « inconnus ».
Il se peut que vous vous sentiez un peu irrités par certains concepts qui s’y trouvent, simplement parce que vous vous êtes tellement entraînés à les ignorer.
Vous devriez également faire l’expérience d’une accélération de la conscience et, à mesure que vous le lisez, d’un sentiment croissant de familiarité.
La structure même de ce livre vous conduira, si vous le permettez, dans d’autres strates de votre propre connaissance plus vaste.
Maintenant. Les expériences comme l’épisode de Ruburt à Saratoga sont précieuses parce qu’elles sont le début d’un processus dans lequel d’autres impulsions neurologiques sont reconnues jusqu’à un certain point.
Sur une certaine période de temps, cela peut amener une expérience consciente de réalités probables.
Au début, les aperçus peuvent être très brefs, et l’expérience sensorielle nébuleuse.
Néanmoins, de nouveaux schémas et de nouvelles tentatives cognitives se mettent en place entre la structure neurologique et la conscience que vous connaissez.
Ce qui suit est un excellent exercice préliminaire.
EXERCICE PRATIQUE 2
Prenez n’importe quelle scène dont vous vous souvenez, provenant de votre passé.
Faites-en l’expérience aussi clairement que possible, de façon imaginaire mais avec l’idée de ses extensions probables. Parfois, immédiatement ou après quelques essais, une partie particulière de la scène devient grise ou ombrée.
Ce n’est pas une partie du passé que vous connaissez, mais un point d’intersection où ce passé-là a servi de rejeton dans une suite de probabilités que vous n’avez pas suivie.
Au lieu d’un élément ombré, il se peut que vous vous sentiez vous-même insubstantiel — « fantomatique » comme se sentait Ruburt. Point. Ou bien encore, le dialogue imaginé — s’il y en a un — peut soudain dévier de celui dont vous vous souvenez ; ou la scène tout entière et l’action peuvent rapidement changer. Chacun de ces évènements peut indiquer que vous commencez à avoir un aperçu des variations probables de la scène ou action particulière. Toutefois, l’indice le plus important, ici, c’est le sentiment subjectif, et une fois que vous en faites l’expérience, il n’y aura aucun doute dans votre esprit.
Certaines personnes feront cet exercice quasiment sans problème et d’autres auront besoin de persévérance avant de rencontrer le moindre succès. (Une pause.) Cette méthode est encore plus efficace si vous choisissez dans votre passé une scène dans laquelle entrait en jeu un choix qui était pour vous important.
Dans ce cas-là, commencez en imagination à suivre jusqu’au bout l’autre ou les autres décisions que vous auriez pu prendre. À un certain point, un effet d’ombre — une teinte grise, ou une autre des caractéristiques que je viens de mentionner — va se produire. Il peut y avoir un ou plusieurs de ces effets mais, encore une fois, votre sentiment subjectif est l’indice le plus important. L’imagination peut vous donner une image claire, par exemple, qui peut ensuite devenir floue et, dans ce cas-là, l’aspect « flou » sera pour vous l’indice d’une action probable.
Tant que vous n’aurez pas essayé de faire cet exercice et qu’il ne vous sera pas devenu familier, vous ne comprendrez pas son efficacité. Par la suite, vous saurez par exemple quand l’évènement dont vous vous souvenez et votre imagination croisent une autre probabilité. Que vous le fassiez ou non avec succès, l’exercice commencera une réorientation neurologique très importante si vous espérez avoir un aperçu de réalités qui sont à l’extérieur de votre réalité sensorielle présente, neurologiquement acceptée.
(Une pause à 22 h 01.) Cet exercice est une porte mentale et biologique qui peut élargir les concepts que vous avez à la fois de vous-même et de la réalité. Dans certains cas, il peut sembler que peu de progrès soient faits pendant l’exercice lui-même. Cependant, au cours de la journée, ayant pris une décision importante dans une direction, vous allez peut-être commencer à percevoir la réalité de la décision opposée et de ses ramifications. L’exercice peut aussi avoir pour résultat un type différent de rêve, un rêve qui est reconnu au sein même de l’état de rêve comme une introduction, au moins, à une réalité probable. En tout cas, vous avez directement affaire à des probabilités futures dans l’état de rêve.
(Une pause.) Par exemple, dans une série de rêves, vous pouvez tester diverses solutions à un problème donné et choisir l’une d’elles [1]. Ce choix devient votre réalité physique.
En fonction de l’intensité de la situation, maintenant, une autre solution tout aussi désirable peut être trouvée dans une réalité probable. À un niveau inconscient, vous vous rendez compte de vos moi probables, et eux se rendent compte de vous. Vous partagez les mêmes racines psychiques, et vos rêves communs, et pourtant séparés, sont accessibles à « vous tous ». Cela ne veut pas dire que vous rêvez le rêve de quelqu’un d’autre, pas plus que cela signifie que des jumeaux, par exemple, le font. Cela veut dire que vos moi probables et vous partagez un ensemble de symbolisme, d’antécédents et d’aptitudes. La nature multistructurée de l’état de rêve permet des scénarios rêvés dans lesquels des moi probables apparaissent. Ils peuvent apparaître comme représentant symboliquement des caractéristiques fortes sur lesquelles ils se sont focalisés, même si vous, vous les avez ignorées.
(Lentement.) Quoi qu’il en soit, l’état de rêve opère comme une riche toile de communication entre des moi probables et des existences probables. Toutes les probabilités proviennent d’une réalité intérieure, des activité et structure intérieures propres à la psyché. (Une longue pause.) La conscience que vous connaissez peut en effet émerger maintenant dans une réalisation encore plus grande d’elle-même, mais pas en défendant de façon obsessionnelle sa vieille position. Elle doit au contraire reconnaître son pouvoir en tant que directeur d’une action probable, et ne plus inhiber les capacités plus grandes qui sont les siennes.
En vos termes, votre conscience s’est jusqu’à maintenant spécialisée dans un conditionnement neurologique. Comme mentionné (dans la session 682), c’était extrêmement important pendant qu’elle apprenait l’art de la focalisation spécialisée. À présent, cependant, elle doit commencer à reconnaître qu’elle peut en fait s’élargir, et amener à sa connaissance d’autres réalités tout à fait légitimes. La nature des probabilités doit être comprise, car, dans le monde tel que vous en faites l’expérience, le temps est venu où la sagesse et le discernement les plus grands sont nécessaires. Votre conscience et vos préjugés neurologiques vous rendent aveugles à la pleine dimension de l’activité physique. L’implication véritable de l’action physique ne vous est pas encore apparente.
(Une pause d’une minute à 22 h 23.) Vous commencez à comprendre la réalité de votre planète. Vous ne pouvez pas la piller, par exemple, chose que vous commencez tout juste à apprendre. L’ouverture de votre conscience aux messages que vous rejetiez auparavant vous mettrait en contact direct avec d’autres formes de vie sur votre planète, d’une façon que vous vous êtes refusée jusqu’à présent. Votre connaissance cellulaire des probabilités passées et futures vous enseignerait, à elle seule, une courtoisie spirituelle et corporelle.
(Une autre pause d’une minute.) Accordez-nous un instant… La réalité « inconnue » vous soutient, vous et le tissu de la vie telle que vous le comprenez. Vos concepts conscients doivent s’élargir de manière à ce que le moi conscient puisse comprendre sa vraie nature. Telle que vous la pensez, la conscience est à peine — à peine — à moitié développée. Elle a appris à s’identifier exclusivement à un petit groupe de réponses neurologiquement acceptées. Des parties non utilisées du cerveau demeurent latentes, attendant la reconnaissance qui déclenchera leur activité. (Avec insistance.) Quand cela se produira, l’esprit se rendra compte du riche lit de probabilités que l’ego chevauche maintenant si aveuglément.
Les grandes dimensions latentes-mais-toujours-pressenties de l’état de créature spiritualisée commenceront alors à fleurir. Quelques grands hommes ont entraperçu ces aptitudes, virgule, leur amour de l’espèce et leur intégrité les ont amenés à activer des parties inutilisées du cerveau [2]. À leur façon, ils ont pressenti le grand futur probable et ses ramifications.
La réalité « inconnue »
Dans les siècles passés, ils ont vu votre présent, mais à travers leur propre vision ; ce n’était donc que partiellement le présent tel que vous le connaissez. Votre réalité émotionnelle ne se révèle vraiment que de temps à autre, car le concept même que vous avez de vous-même nie les aspects multidimensionnels de votre être. Le besoin et le désir d’aimer et de connaître sont tous deux biologiquement présents en vous. Ils sont présents dans les animaux et dans un brin d’herbe.
Vos concepts de Dieu ont progressé main dans la main avec le développement de votre conscience. L’ego émergeant avait besoin de sentir sa dominance et son contrôle, et il a donc imaginé un dieu dominant, en dehors de la nature. Les nations agissaient souvent comme des ego de groupe — chacune avec sa propre représentation de Dieu, ses propres concepts du pouvoir. À chaque fois qu’une tribu, un groupe ou une nation décidait de partir en guerre, il se servait toujours du concept de son dieu pour l’y conduire.
(À un rythme plus rapide à 22 h 45.) Le concept de Dieu a donc été une aide, et une aide importante, pour l’ego émergent de l’homme. Pour développer son sens de la spécialisation, l’ego a oublié la grande aventure coopérative de la Terre. Si un chasseur connaît littéralement sa relation avec un animal, il ne peut pas le tuer. À des niveaux plus profonds, l’homme et l’animal comprennent tous deux les connexions. Biologiquement, l’homme sait qu’il provient de la terre. Certaines de ses cellules ont été les cellules d’animaux, et l’animal sait qu’il regardera à travers les yeux d’un homme [3]. L’aventure de la Terre est coopérative. La bête tuée est le chasseur de demain. En termes de conscience de l’ego, cependant, il y a eu des étapes de croissance ; et les concepts de Dieu qui parlent d’unité avec la nature n’étaient pas ceux qui servaient les buts de l’ego, dans la ligne de développement que vous comprenez (de façon délibérée).
Pendant un temps, ces techniques ont fonctionné. Cependant, l’indéniable moi intérieur était toujours en arrière-plan : les rêves de l’homme, son intégrité biologique et spirituelle, tout cela était, d’une façon ou d’une autre, toujours là devant lui.
Dans votre probabilité, vous avez permis une certaine liberté au moi intérieur. La conscience prétendue égotiste n’a donc pas été totalement libre de tout mouvement. Elle est restée suffisamment flexible pour que, même cachés dans ses concepts de Dieu [4], il y ait des symboles d’une réalité plus grande. Votre système, encore une fois, a affaire avec la capacité de manipulation physique et la traduction de la créativité en une forme physique. Pendant quelque temps, une séparation extérieure devait avoir lieu, dans laquelle la conscience allait oublier, égotistement parlant, qu’elle faisait partie de la nature, et prétendre en être au-dehors.
Il était clair cependant — et c’était inconsciemment écrit dans les cellules, l’esprit et le cœur — que cette procédure n’irait que jusqu’à un certain stade. Quand la conscience de l’homme serait sûre d’elle-même, elle n’aurait plus besoin d’être aussi étroitement focalisée. Le véritable épanouissement de la conscience de l’humanité pourrait alors commencer. L’ego pourrait s’élargir et se rendre compte de réalités qu’il avait « auparavant » ignoré. Point.
(Toujours en transe, Jane a posé une main sur ses yeux fermés et se balance sur son fauteuil à bascule.)
Une courte pause.
(De 22 h 59 à 23 h 07.)
Vous vous êtes mis dans une position où votre conscience doit maintenant se rendre compte des passés probables et des futurs probables, afin de former pour vous-même un présent sain, épanouissant et créatif.
La conscience de l’ego doit maintenant se familiariser avec ses racines, sinon elle va se transformer en autre chose. Vous êtes dans une situation où l’expérience intime que vous avez de vous-même n’est pas en corrélation avec ce que vous disent vos sociétés, vos Églises, vos sciences, votre archéologie ou d’autres disciplines. La connaissance « inconsciente » de l’homme devient de plus en plus consciemment apparente. Cela sera fait sous, et avec, la direction d’une conscience égotiste éveillée et en expansion (d’une voix beaucoup plus forte) qui peut organiser la connaissance jusqu’à présent négligée — ou ce sera fait aux dépens de l’intellect doué de raison (à nouveau d’une voix forte), ce qui conduira à la renaissance de la superstition, du chaos et de la guerre inutile entre la raison et la connaissance intuitive.
(Une pause.) Quand, à ce stade actuel de développement du genre humain, cette connaissance inconsciente émergente est niée par les institutions, elle se soulève alors malgré ces institutions, et elle les anéantit. (Une pause.) Cultes après cultes vont émerger, aucun d’eux n’étant plus restreint par l’usage de la raison, car celle-ci aura nié l’existence d’une connaissance inconsciente et luxuriante, désorganisée et ne percevant plus que son ancienne force.
Si cela se produit, toutes sortes de vieilles et de nouvelles dénominations religieuses se feront la guerre, et toutes sortes d’idéologies verront le jour. Ceci n’a pas besoin d’avoir lieu, car l’esprit conscient — fondamentalement, maintenant —, ayant appris à se focaliser en termes physiques, est censé s’élargir, accepter les intuitions et la connaissance inconsciente, et organiser ces principes profondément créateurs en modèles culturels.
La grande émotion qu’est l’amour a été jusqu’à présent piètrement utilisée ; pourtant, elle représente même la force d’impulsion biologique de votre être. Vos religions vous ont enseigné dans une large mesure à vous détester vous-même, ainsi que l’existence physique. Elles vous ont dit d’aimer Dieu, mais vous ont rarement appris à faire l’expérience des dieux en vous-mêmes.
Maintenant. D’une façon ou d’une autre, les religions ont toujours suivi, encore une fois, le développement de votre conscience, et elles ont donc servi ses objectifs et les vôtres ; et elles ont toujours été le reflet, bien que déformé, de ces réalités intérieures plus vastes de votre être. En termes historiques, tels que vous les comprenez, la « progression » de la religion vous donne une parfaite image du développement de la conscience humaine, de la différenciation des peuples et des nations, et de l’expansion de la notion d’« individu ».
La réalité « inconnue »
En soi-même, le concept d’un être individuel égotistiquement fondé n’a rien de mauvais : je ne suggère donc pas que votre individualité soit quelque chose qu’il faudrait perdre, mettre de côté ou supplanter. Je ne dis pas non plus qu’elle devrait être enterrée, submergée ou dissoute dans un surmoi. Je ne suggère pas que ses contours soient rendus flous par un inconscient puissant.
(Avec insistance.) Je dis que le moi individuel doit se rendre consciemment compte de beaucoup plus de réalité ; qu’il doit permettre à sa reconnaissance d’identité de s’étendre de manière à inclure une connaissance auparavant inconsciente. Pour faire cela, vous devez comprendre, encore une fois, que l’homme doit dépasser les concepts de dieu unique, de moi unique, de corps unique, de monde unique, telles que ces idées sont comprises actuellement [5]. Vous êtes maintenant en équilibre, en vos termes, sur un seuil à partir duquel l’espèce peut suivre de nombreuses voies. Il y a des espèces de conscience. La vôtre est dans une période de changement. Il y a à l’intérieur des mécanismes du corps, en vos termes, des potentiels qui ne sont pas encore utilisés. Développés, ceux-ci peuvent enrichir infiniment l’espèce et l’amener à des niveaux d’épanouissement spirituel, psychique et physique. Si certains changements ne sont pas effectués, l’espèce en tant que telle ne durera pas.
(23 h 26.) Cela ne veut pas dire que vous n’allez pas durer ou que, dans une autre probabilité, l’espèce ne durera pas — mais cela signifie qu’en vos termes de séquence historique, la race humaine ne durera pas.
(Une pause.) Si nous parlons maintenant en ces termes historiques que vous comprenez, permettez-moi de dire qu’il n’y a pas eu une ligne unique de développement allant de l’animal à l’homme, mais des lignes parallèles dans lesquelles, pendant des siècles, l’animal-homme et l’homme-animal ont coexisté de façon coopérative. De la même manière, actuellement, parmi vous et sans que vous le sachiez, de nombreuses espèces de ce que vous pourriez appeler des hommes probables [6] demeurent sous une forme embryonnaire.
Du fait de la ligne particulière de développement de l’ego, vous avez fait des expérimentations à l’aide de drogues artificielles et de substances chimiques, à la fois dans vos aliments et pour des raisons médicales, ainsi que pour une illumination « religieuse ». Certains effets du LSD [7] et d’autres drogues psychédéliques artificielles vous laissent entrevoir d’autres directions probables que votre conscience aurait pu suivre, ou pourrait encore suivre. Cependant, telles que sont menées les expérimentations, et dans l’ignorance du contexte, l’esprit conscient adopte une position subalterne. Au lieu de cela, en utilisant des méthodes autres que les drogues, il est possible de lui apprendre à étendre sa connaissance de façon beaucoup plus sûre, et à l’organiser selon un mode qui pourrait être des plus avantageux. Quoi qu’il en soit, certaines de ces expériences donnent des indices de quelques aspects de l’un des développements probables de l’espèce.
Accordez-nous un instant. Reposez votre main…
(Avec beaucoup d’insistance.) Vous ne pouvez littéralement rien faire qui ne soit pas naturel. Néanmoins, pendant une certaine période de temps, les substances chimiques « artificielles » qui pénètrent dans le corps avec des aliments vont former une nouvelle sorte de nature, en vos termes. Vos corps sont merveilleusement équipés, et ils transforment pratiquement tout à leur avantage. De nombreuses écoles de pensée voient d’un très mauvais œil les drogues dites artificielles, ou les substances chimiques, considérant qu’elles vous coupent de la nature. Pourtant, les expérimentations de ce genre représentent une forte ligne de probabilités, encore en « bas âge », dans laquelle l’homme pourrait se sustenter lui-même sans épuiser la Terre, sans tuer d’animaux, en formant littéralement un nouveau type de structure physique connectée à la Terre, tout en n’épuisant pas sa substance.
Ce qui ne veut pas dire qu’entre-temps cela n’occasionnera pas un peu de confusion biologique. Cela signifie que, même en ces termes-là, et sans le savoir consciemment, le genre humain expérimente une espèce probable et travaille à la résolution de problèmes spirituels. Vos futurs probables et vos passés probables, en termes plus larges, existent en même temps. Je vais commencer par vous expliquer votre histoire, du moins jusqu’à un certain stade, dans les termes historiques que vous reconnaissez. À ce niveau-là, j’espère rendre consciemment connue votre réalité inconnue.
Maintenant. Ceci est la fin de la Partie 1, qui doit se composer des sessions telles qu’elles ont été données, exception faite de la Préface, qui vient en premier. La Partie 1 doit être intitulée La Réalité « inconnue » et vous, le mot « inconnue » étant entre guillemets. Accordez-nous un instant…
(Une pause à 23 h 58.) En décrivant en partie le passé des premiers hommes, en termes historiques, je montrerai également comment cet « héritage » est vivant dans votre expérience quotidienne du monde tel que vous le connaissez. Point.
L’archéologie de l’âme et du sang n’est pas enterrée, mais vivante dans votre expérience. Une photographie n’est pas plus une relique que ne l’est un fossile. Chacun d’eux est plein de l’énergie d’être. Ni la photo ni le fossile ne sont enterrés dans un passé se situant au-delà de votre savoir. La première vit dans le présent de votre psyché, et le second dans la vitalité vivante de vos cellules.