Le Tissage du Rêve


Imaginez une carte routière ou un schéma de lignes d’énergie qui relient toutes les choses : vous êtes en train de visualiser le Tissage du Rêve. La vision des couleurs et textures de ces lignes entrecroisées diffère en fonction de qui les voit parce que la perspective de chaque individu sur la vie est différente.

Pendant des siècles, les adeptes amérindiens, Rêveurs et Voyants, ont été conscients de ce réseau énergétique qui relie tout, matière, énergie, espace et temps. Les physiciens ont appelé gluons les particules élémentaires, cette énergie qui lie les atomes entre eux. Les Voyants du Sud voient ces particules élémentaires sous la forme d’un réseau d’énergie unissant les mondes visibles et invisibles de notre univers.

Nos anciennes légendes disent que Grand-Mère Araignée a tissé la toile de l’univers, mettant en lien créativité et vie, et instillant dans toute chose le principe créateur du Grand Mystère. Nos ancêtres amérindiens, qui étaient Voyants et Rêveurs, ont vu Grand-Mère Araignée qui tissait la toile de l’univers, nous montrant ainsi l’interrelation entre toutes choses. Les Voyants du Sud ont perçu ce réseau d’énergie comme étant fait d’Esprit, ou de force de vie divine. Nous commençons à voir et ressentir la toile énergétique de l’univers lorsque nous nous libérons de nos peurs et guérissons nos vieilles blessures, avec le retrait des voiles de séparation créés par notre ancienne façon de considérer le monde.

Le Tissage du Rêve est constitué de courants de conscience divine et de force de vie divine, ainsi que des choses non matérielles créées par les humains, comme les sentiments, les pensées, l’inspiration, les opinions, les jugements, l’imagination, les rêves, les aspirations, les intentions et la pure créativité. Tous ces éléments sont porteurs d’énergie, mais nous ne les voyons pas comme des objets sur le plan physique.

Nous pouvons les ressentir lorsque nous les expérimentons en nous-mêmes ; ils sont alors réels pour nous. Cependant, peu d’entre nous réalisent que ces énergies invisibles orientées par les hommes créent les réseaux interactifs, tissés de force de vie, qui existent sur les plans mental, émotionnel et spirituel, et qui influencent tout ce que nous connaissons sur le plan matériel et physique.

Le Tissage du Rêve est une toile faite de l’interaction des mélanges de notre énergie créatrice humaine avec la force de vie contenue dans chaque atome de la Création, et qui englobe toute chose dans notre univers. Avant de prendre des caractéristiques ou formes physiques, ce réseau d’énergies est engendré par nos sentiments, pensées et points de vue, qui sont porteurs d’énergie.

Chaque fois que nous agissons, ou chaque fois que nous réagissons à quelque chose qui apparaît dans notre vie, il se présente aussi une pensée, un sentiment, un point de vue ou un jugement. Ces pensées portent en elles de la force vitale et elles influencent directement notre façon de vivre.

Aussi, lorsque nous modifions ce que nous pensons, ce que nous ressentons, ou nos opinions, notre expérience de la vie change, elle aussi. Le Tissage du Rêve répond aux changements que nous faisons en nous-mêmes et il nous offre de nouvelles opportunités à chaque fois que nous ouvrons nos perceptions à de nouvelles possibilités, en transformant les habitudes dans lesquelles nous avons pu nous enliser.

L’énergie est nécessaire pour mener à bien quelque but que ce soit dans la vie, mais peu de personnes comprennent qu’elles font mauvais usage de leur énergie lorsqu’elles la gaspillent en soucis, négativité ou ragots.

On n’a pas appris aux gens qu’ils peuvent faire bouger l’énergie ou recevoir de la Terre Mère, du Créateur et de l’univers l’énergie dont ils ont besoin. Chaque objet du plan physique contient de l’énergie. Chaque pensée ou sentiment invisible contient aussi de l’énergie sous forme d’émotion.

Nous apprenons à suivre les chemins de la transformation en nous rendant compte, dans notre comportement personnel, du bon ou mauvais usage que nous faisons de l’énergie. Recentrer cette énergie d’une façon positive nous fait dépasser nos comportements médiocres qui font fuir de précieuses réserves d’énergie ; cela nous mène à de nouveaux paliers de transformation de nos expériences. Pour découvrir et utiliser correctement cette force de vie ou énergie universelle, nous devons comprendre comment fonctionne le Tissage du Rêve.

La plupart des gens ne comprennent pas qu’ils envoient leurs pensées et sentiments dans le monde. La caricature classique du personnage qui se balade avec un nuage noir au-dessus de sa tête nous montre que nous avons tendance à éviter une personne qui émet de la colère ou de la négativité. Même si elle ne se manifeste pas sur le plan physique, cette colère est ressentie par les autres. La personne qui transporte son nuage noir peut se demander pourquoi les autres l’évitent. Si elle envoie vers eux de l’envie, de la jalousie ou de la colère, l’effet peut être aussi percutant que de leur porter un coup à l’estomac.

Ainsi qu’on le voit dans le Tissage du Rêve, l’énergie négative des émotions émises implose sur celui qui l’envoie et elle pénètre l’Espace Sacré ou le champ d’énergie de celui qui la reçoit. Les résultats sont les mêmes dans les mondes visibles et invisibles. De la même façon que les images données aux informations télévisées qui montrent des scènes de catastrophe et des histoires de violence peuvent affecter ce qu’on ressent et diminuer le sentiment de bien-être qu’on peut avoir, de mauvaises intentions ou de méchantes pensées peuvent faire qu’une personne éprouve une perte de vitalité, d’énergie, de motivation, ou une baisse de sa capacité à faire face aux situations.

Bien que nous ayons conscience de ce que nous pensons et ressentons sur des sujets précis, en général nous ne nous rendons pas compte que nos opinions créent les structures qui nous entourent et ont une incidence sur ce que nous expérimentons dans notre vie. Nous transportons d’invisibles fardeaux où sont enfermées nos limitations, nos pensées négatives et nos blessures émotionnelles. Parfois, à travers le rêve, nous pouvons dénouer nos schémas de peurs ou démêler les fils de nos limitations. Beaucoup de personnes pensent qu’elles ne peuvent pas se souvenir de leurs rêves. En fait, elles n’ont aucune mémoire de ce que crée leur subconscient ou du processus de résolution qui s’opère, mais le processus se produit tout aussi bien. Nous réglons beaucoup de nos problèmes pendant notre sommeil.

Les décisions que nous prenons dans notre vie sont directement influencées par les choix que nous avons faits alors que nous dormions et rêvions. Une chose qui nous a préoccupés la veille va nous sembler trouver facilement sa solution au matin. Si, après une journée fastidieuse de travail, on choisit consciemment de lâcher le besoin d’avoir le dernier mot, on peut découvrir au matin qu’il est possible de faire la moitié du chemin à la rencontre des autres, et qu’il n’est pas nécessaire de continuer à se disputer. Par notre décision consciente, nous avons modifié le Tissage du Rêve, en retissant la trame de nos intentions.

Par exemple, des personnes n’ayant jamais voyagé en dehors de leur lieu de naissance peuvent avoir au fond d’elles des peurs cachées ou des jugements concernant ceux qui pensent différemment d’elles, qui pratiquent une autre religion ou qui ont d’autres coutumes. Si ces peurs ne sont pas guéries, avec le temps ces a priori vont monter en puissance pour devenir des opinions tranchées, restreignant ainsi la faculté de s’ouvrir à de nouveaux horizons. Lorsque nous soignons notre peur envers des traditions qui ne nous sont pas familières ou des terres qui nous sont étrangères, nous pouvons voir la beauté des différentes pratiques culturelles. Au fil du temps, en faisant l’expérience de choses nouvelles, nous adoptons une forme de partage humain qui nous donne une vision panoramique de notre humanité et nous permet de nous voir comme des citoyens universels, planétaires.

À chaque fois que nous éliminons une idée catégorique qui a été créée par notre peur de ce qui ne nous est pas familier, nous brisons une chaîne d’énergie bloquée. Les notions erronées et préconçues que nous avons et notre résistance au changement se trouvent alors libérées. Quand nous dépassons nos limitations auto-imposées, nous éprouvons un sentiment de soulagement profond, qui s’accompagne d’un flot de force de vie nouvelle.

Si nous résistons à ressentir nos émotions, nous devons faire appel à d’énormes quantités d’énergie pour endiguer en nous le flot de la force de vie, et nous construire intérieurement un barrage qui retienne notre potentiel de croissance. Du fait que sentiments et pensées ne sont pas tangibles, c’est dans le Tissage du Rêve qu’ils existent, au-delà de ce que nous voyons normalement. Même s’il ne nous est pas possible de voir disparaître les faux concepts lorsque nous les éliminons, nous pouvons ressentir les effets de l’ouverture de nos vannes intérieures qui réprimaient notre force vitale, dès que l’énergie commence à circuler de nouveau dans notre corps.


Tant que la vie ne nous donne pas de signal déclencheur, nous sommes d’habitude inconscients des programmes que nous tissons dans les mondes invisibles ou des états de conscience que nous rencontrons quand nous rêvons.

La plupart d’entre nous ne voient pas la relation entre leurs pensées et leur comportement personnel et la façon dont les autres réagissent envers eux. Le fait est que chaque être humain est la somme énergétique de tout ce qu’il rêve, imagine, pense, perçoit et ressent à chaque instant. Notre image intérieure de qui nous pensons que nous sommes affecte directement et détermine notre façon de percevoir le monde et nos expériences personnelles. Dans ma tradition, cette perception de la vie, qui est absolument individuelle, s’appelle le « Point de Vue Sacré ». La réalité se crée et se recrée quand nous déplaçons notre Point de Vue Sacré pour y inclure de nouvelles possibilités et des idées plus larges.

Nous avons en nous la faculté de changer de comportement et de modifier notre façon de voir les choses, notre sentiment de la vie et les opinions que nous adoptons. Cette faculté ne provient pas seulement de notre choix personnel et de notre libre arbitre, mais elle vient aussi du fait de considérer toutes les expériences de la vie comme des initiations qui nous amènent à devenir pleinement humains.

Chacun de nous grandit et se transforme en fonction de ses valeurs personnelles et à son propre rythme. Chacun est unique ; par conséquent, c’est notre niveau de compréhension particulier et unique qui détermine les chemins que nous adoptons au cours de notre vie. C’est à partir de notre point de vue personnel que nous constituons mentalement notre vision d’ensemble de la réalité, en y ajoutant à chaque fois une information nouvelle. La réalité personnelle se construit à travers ces croyances mentales, et la vie répond en nous montrant les attitudes positives ou négatives que nous avons incorporées dans notre façon de nous construire.


Au début, notre perspective peut être celle d’une petite souris apeurée qui voit, dans les petites touffes d’herbes, une forêt géante où il va lui falloir farfouiller. Avec le temps, nous pouvons percevoir notre environnement de manière différente, comme le cerf dont le regard traverse la prairie pour toucher l’horizon, là où se dressent des falaises de pierre bordant la courbe des collines. Une fois que nous avons accepté nos expériences transformatrices, nous gagnons le droit de voir l’ensemble, explorant ce qui se déploie au-dessous de nous alors que nous volons haut, tel l’aigle.

Toutes ces perspectives sont naturelles, et chacune comporte de nombreux enseignements. Nous pouvons voir avec le point de vue de l’aigle, mais aussi garder la façon de scruter qui permet à la souris de faire attention aux petits détails. Chaque point de vue est valable et nécessaire ; aucun n’est plus grand ni moindre que les autres. En nous développant, nous apprenons à nous servir de chacun des angles de vue que nous avons rencontrés : nous nous enrichissons de nouveaux points de vue qui ne dévalorisent aucune des compétences précédemment acquises. Nous adoptons des visions plus larges de la réalité, des visions faites de niveaux multiples, qui nous offrent de bénéficier d’innombrables possibilités nouvelles.

Avant le début de nos sept chemins d’initiation, notre perception de la réalité et notre vue d’ensemble de la Création sont nécessairement limitées : nos limitations sont à la hauteur du nombre de fois où nous nous sommes renfermés sur nous-mêmes depuis notre naissance. Nous avons tendance à nous replier à cause des traumas, des douleurs émotionnelles et psychiques, des mauvais traitements physiques ou du manque de bienveillance dans notre environnement. Ces événements déplaisants peuvent engendrer des voiles de séparation, comme l’oubli ou le déni. Ces voiles de séparation nous cachent l’esprit ou l’énergie qui englobe toutes les formes du monde physique, et ils nous laissent avec simplement notre vision indéfectible de ce que nous pensons ou croyons réel.


Si, par exemple, nous pouvions voir l’énergie qui va de pair avec des mots blessants lorsqu’ils traversent notre propre champ énergétique, et si nous pouvions observer la diminution de notre force vitale lorsque cette attaque verbale est reçue, jamais nous n’irions crier sur quelqu’un ou nous moquer de lui. Les mots durs ou cruels lancés contre un autre peuvent créer dans le corps les mêmes dégâts que la violence d’une arme. La blessure et les mauvais sentiments que nous éprouvons lorsque les autres nous traitent de cette façon devraient suffire à nous l’apprendre, mais beaucoup d’entre nous ne comprennent pas cette vérité.

En principe, le besoin humain de vengeance n’est pas guéri avant la fin des deuxième et troisième chemins d’initiation. Avant d’en arriver là, nous avons l’habitude de réagir aux forces impulsives et viscérales, et le cercle vicieux recommence.