La matrice du monde


Commençons par circonscrire les différentes matrices qui tel  des cercles nous englobent dans une hiérarchie de contrôle.
Le premier cercle qui nous englobe et nous structure est la trame de notre réalité personnel, le second cercle se rapporte à la réalité collective, à notre manière de voir le monde.
Le monde nous renvoie sans cesse les éléments qui valident se que nous croyons, sans cesse il nous projette ce que l’on croit !
D’où la difficulté de la prise de conscience, car tout va dans notre sens, et changez le flux de notre conception demande un effort soutenu et sans cesse réactualisé.
La véritable problématique en fait est de croire que nous sommes séparés du monde, de l’autre, de l’extérieur et ainsi pensé que l’on ne peut rien changer a l’extérieur.
Car c’est justement cette croyance qui nous empêche tout changement.
Tout est inversé, tout part de l’intérieur, puis se projette extérieurement, car tout est un, mais ça c’est une autre histoire…
Je vous laisse ce texte issu du livre : Rencontres avec le Nagual (Castaneda) de Armando Torres.
« 
En répondant à la demande de quelqu’un, il décrivit le monde dans lequel nous vivons comme un ‘conglomérat’ d’unités d’interprétations.
« En voyant que cette définition du monde paraissait obscure à ses auditeurs, il nous expliqua : « L’être humain appartient au groupe des primates. Sa grande chance est qu’il puisse parvenir à des expressions uniques de conscience, par sa capacité d’attention et d’analyse.
Toutefois, la perception pure se voit toujours interféré par la forme selon laquelle nous interprétons.
Dit avec d’autres mots, notre réalité se moule à la description.
« Le but des sorciers est de percevoir tout ce qui est humainement perceptible. Rien que de pouvoir sortir de notre condition biologique, nous en devenons des singes sublimes !
« Il ajouta encore que, pour perfectionner notre prise de conscience, le chemin de l’attention est tout ce que nous avons.
J’eus l’opportunité de parler avec lui plus tard dans la soirée et je lui demandai qu’il scinde ses affirmations en propos plus petits.
A la suite de cela, il me dit que, dû à notre conditionnement biologique, nous fonctionnons tous comme des unités de perception et il nous est possible d’effecteur un miracle de l’attention : « l’homogénéisation perceptive.
«-» Que signifie donc ‘unités de perception’ ?
«-» Cela signifie que, puisque nous sommes autonomes, notre perception pourrait l’être aussi. Cependant elle ne l’est pas, vu que, en nous mettant d’accord avec nos semblables, nous percevons tous la même chose. Cette extraordinaire faculté, qui débuta par un consensus volontaire orienté pour la survie, finit par nous attacher à nos propres descriptions.
« Il affirma que le flux des émanations de l’Aigle (La source de toute chose) est constamment neuf et déconcertant, mais nous ne le voyons pas, car nous vivons à trois pas de distance du monde réel : la sensibilité innée, l’interprétation biologique et le consensus social.
Ces trois pas ne sont pas simultanés, mais ils sont plus rapides que tout ce que nous pouvons déterminer consciemment ; à cause de cela, nous prenons comme un fait le monde que nous percevons.
Je lui demandai qu’il me donne des exemples de ces affirmations.
Il me dit alors :
« Imagine qu’à ce moment, tu sois témoin d’un groupement d’émanations de l’Aigle, celles-ci sont automatiquement transformées en quelque chose de sensoriel, avec des caractéristiques lumineuses, sonores,de mouvement,etc…
Interviendra ensuite la mémoire qui va t’obliger à donner à cela une signification et que tu les reconnaisses par exemple, comme une personne.
Finalement, ton inventaire social va la classifier et la comparer avec tous ceux que tu connais : cette classification va te permettre de l’identifier.
Rends-toi compte qu’une fois là, tu es à bonne distance d’un fait réel qui est indescriptible, parce qu’il est unique.
« La même chose se passe avec tout ce que nous voyons. Nous nous rendons compte que c’est le résultat d’un grand processus de filtrages ou d’écrémages comme le disait Don Juan. Nous écrémons tout, nous modifions tout de telle sorte que du monde qui nous entoure, il nous reste bien peu de l’original.
Une pareille situation, même si elle nous permet de vivre dans de meilleures conditions, nous asservit , met en esclavage notre propre création et nous rend prévisibles.
« En homogénéisant nos points d’assemblage, nous permettons seulement le passage de ce qui ne va pas à l’encontre de notre idée préconçue du monde.
Nous sommes comme des chevaux, qui, après avoir appris un chemin, ne peuvent plus profiter de leur liberté ; tout ce qu’ils feront sera de répéter un modèle.
Cette homogénéité est terrifiante, trop extrême.
Alors tu te mets à penser : Il doit y avoir quelque chose au-delà !
Il rapporta encore que toute idée préconçue, comme par exemple quelque chose d’aussi simple que de nommer les choses, nous maintient enchaînés à la raison en nous forçant à créer des mécanismes de jugement.
« Par exemple, lorsque tu dis :
-’ Je crois en Dieu ‘ en réalité, tu es en train de dire :
-’ On m’a raconté certaines idées et j’ai choisi de les adopter ; alors maintenant, je tue pour elles’ C’est ainsi , ce n’est pas toi qui décides ! C’est l’autre, le jugement implanté.
« L’idéal serait que tu détermines toi-même ta vie à partir de ton expérience. Si ta croyance t’enlève quelque chose, alors attention !
Tout ce qui ne te rend pas libre, te met en esclavage.
« Se focaliser sur un aspect déterminé de l’inventaire humain comporte deux effets : ils nous rend spécialistes dans un domaine mais, en même temps, il fossilise nos conduites énergétiques qui ne réagissent déjà plus qu’à certains stimuli, saturant notre moi d’idées et d’opinions.
« 
Ce texte nous montre implacablement que nous sommes conditionnés par tous les accords que nous avons accepter consciemment ou non avec les autres.
Ainsi nous suivons des rails, un train train qui s’auto-alimente, ce chemin que nous prenons tous pour le seul réel  !
Pour cause il existe parce qu’il fait consensus, mais il n’est qu’une façon d’entrevoir le monde même s’il est partagé, accepté et nourrie.
Pour mettre en lumière les idées que vous venez de lire et voir leur aboutissement normal je vous transcrit un passage du livre : « L’École des Dieux »  de Stefano elio d’Anna.

« Ta certitude la plus inébranlable et la plus nocive est qu’il existe un monde extérieur à toi, quelqu’un ou quelque chose dont tu puisses dépendre, quelqu’un ou quelque chose qui puisse t’enrichir ou t’appauvrir, te choisir ou te condamner.

« Si un guerrier croyait, ne serait-ce qu’une seconde, en un secours extérieur, il perdrait sur le-champ son invulnérabilité. »

Il n’y a rien au-dehors.

Aucun secours ne peut te venir de l’extérieur.

« La pire maladie de l’homme est sa dépendance. Il n’y a pas de mal plus grand que la dépendance par rapport aux autres, que la subordination au jugement d’autrui. Pour s’affranchir de tout cela, il faut une longue préparation. »

« Les gens comme toi ne se sentent vivants qu’au milieu des autres ; ils préfèrent les foules ; ils trouvent du travail dans les administrations gouvernementales ou dans les grandes sociétés, partout ou ils peuvent sentir le frôlement rassurant des multitudes.

Ils célèbrent tous les rituels de la dépendance et en occupent les temples – cinémas, théâtres, hôpitaux, stades, tribunaux, église – pour être avec les autres, pour se fuir eux-mêmes et fuir le fardeau insoutenable de leur solitude. »

« Un homme comme toi se rend malade et se laisserait volontiers charcuter par des chirurgiens, par les chamans d’une science encore primitive, tout ça pour attirer l’attention, pour se cramponner au monde. »

« Tu te souviens du tableau ? »

Je revis mentalement l’image de Narcisse se mirant dans l’eau avant que celle-ci ne l’avale.

« C’est la représentation symbolique de l’homme prisonnier de son propre reflet. La fable de Narcisse est la métaphore de l’homme victime du monde extérieur. » Il me révéla ensuite que, contrairement à la croyance générale, Narcisse ne tombe pas amoureux de lui-même, mais de son reflet, sans se rendre compte que ce n’est qu’une image. Croyant voir quelqu’un d’autre, un être extérieur à lui, il s’en éprend, tombe à l’eau et s’y noie misérablement.

« Quand tu comprends que le monde est une projection de toi, tu t’en libères. »

Aux cotés du rêveur, j’entendais clairement résonner la voix des géants dont l’âge avait pris fin avec Socrate et l’invention consolatrice de la philosophie.

L’écho de leur sagesse continu de traverser le temps jusqu’à nous et nous continuons de méconnaître leur fable éternelle qui nous révèle notre véritable condition humaine.

Nous persistons de faire de Narcisse l’archétype de la vanité quand, au contraire, il est une mise en garde, un cri d’alarme contre la stupidité, le danger d’une vision ordinaire du monde.

L’histoire de Narcisse était le message que nous adressait une école du renversement, le même message qui avait inspiré le Caravage et qui l’avait amené la crucifixion de Pierre et la chute de Paul.

« Tomber amoureux de quelque chose d’extérieur à nous et nous oublier nous-même signifient se perdre dans les méandres d’un univers subordonné.

Cela signifie oublié que nous sommes les seuls artisans de notre réalité personnelle.

« Il n’y a pas de monde extérieur à nous, insista-t-il.

Tout ce que nous croisons, tout ce que nous voyons, tout ce que nous touchons nous reflète.

Les autres, les événements, les circonstances de la vie d’un homme révèlent sa condition. »

Blâmer les autres, se plaindre, se justifier et se cacher sont les manifestations d’une humanité malheureuse, les symptômes révélateurs de la dépendance, de l’absence d’une volonté authentique.

 »

Et la volonté est la clef ultime dont tous pense en être pourvu alors qu’au contraire la volonté est absente du plus grand nombre, même de la majorité !

Mais ici débute l’histoire nouvelle du dépassement d’une représentation ordinaire du monde car dans celle-ci la volonté n’est pas !

Et en cela il va falloir allez la chercher !

Mais où ?…