Le coucou de l’existence


« Enfant, tu jouais à cache cache…. » Tour à tour, ayant « perdu », un des enfants appuyait le front sur son bras replié contre le mur et comptait pendant que les autres couraient se cacher.


« Coucou ! », voilà le cri qu’il lançait à ceux, surpris et effrayé, dont il découvrait ensuite la cachette.


« La vie agit de même. Elle nous crie « Coucou ».


« La vie te déniche où que tu sois et porte son masque le plus laid pour te montrer dans quel état tu es.

De quoi as-tu peur?De devenir pauvre ?

D’être laissé pour compte ?

De tomber malade, de perdre une propriété ou encore ton emploie ?

Voila le déguisement qu’emprunte la vie pour t’effrayer.


Quelle que soit la peur d’un homme, elle prend la forme des obstacles dressés devant lui.

Comme lorsqu’il rate un examen et qu’il lui faut tôt ou tard le reprendre. »


« L’homme ordinaire trouve le courage de fuir les ombres et les spectres qu’ont engendrés ses traumatismes d’enfant et ses sentiments de culpabilités uniquement lorsqu’il se sent menacé.

« Un homme authentique n’a pas besoin de danger. Il vit dans un perpétuel ‘ état de confiance ‘ ».


« Même l’homme ordinaire se sent en sécurité ; ses peurs sont ses certitudes, ses doutes sont sa vérité.

Il les aime et il ne s’en séparerait pas pour tout l’or du monde. Il se nourrit depuis l’enfance de peurs illusoires, il a mangé le fruit de ses idées noires, de sa créativité inversée.

Il prend par conséquent ces ombres pour de réelles contrariétés, et il croit vivre sous une menace perpétuelle. »


Le Rêveur m’expliqua qu’on finit par ne plus ressentir la souffrance qu’engendre cet état intérieur.

Elle se confond à la vie et disparaît.

La souffrance et l’insécurité font tôt ou tard partie intégrante de l’existence, elles deviennent des gardes-fous familiers et si rassurant que la plupart des gens ne peuvent pas y renoncer.


« Sens-toi en sécurité. Tu n’as aucun ennemi extérieur. En réalité, c’est toujours toi qui te menaces.


Seul un vrai rêveur peut se sentir à l’abri.


Le rêve est sa sécurité.


Le doute, la peur et la souffrance sont des illusions mais les seules réalités de l’homme ordinaire.


Pour être à l’abri, tu dois être sans péché, sans tache.


Je compris tout d’un coup que seuls ses ennemis intérieur peuvent attaquer un homme.

Celui qui ment, qui feint, qui trompe, l’homme peccable, incertain, dubitatif, bref, celui qui a peur, n’a aucun moyen d’évasion.

Ses terreurs ouvrent la porte aux malfaiteurs.

« Seul peut réussir un homme capable de tout miser sur lui-même, un homme qui veut vraiment, qui demande à changer et fait tout ce qu’il peut pour y parvenir. »


Lui seul sait qu’il risque rien.

Quel que soit les circonstances, même dans les moments désespérés, il trouve toujours une réponse.

Et les événements lui donnent toujours raison puisque la solution, c’est lui.


Sens-toi à l’abri pour toujours.


Sois en sécurité et dis-toi dés maintenant que tu es immortel


« Même si l’homme ordinaire se sent constamment menacé et s’il a toujours peur de quelque chose ou de quelqu’un, en réalité rien ni personne de l’extérieur ne peut le nuire.

Le monde est la projection, la matérialisation de notre rêve ou de nos cauchemars.


« Le monde peut être un paradis ou un enfer. A toi de décider où tu veux vivre !


« Libère toi de ta peur ! Le sang froid est une porte ouverte sur la confiance et l’intégrité, pourtant ce n’est pas par l’effort que tu te débarrasseras de ta peur.

Le sang froid viendra de lui-même quand tu comprendras que tu n’as aucune raison d’être effrayé. »


Cette révélation, à savoir qu’aucune menace ne nous vient du dehors, me fit vaciller au bord du précipice.

L’absence de peur, le maintien d’un état intime qui exigeait une vigilance ininterrompu pour empêcher l’intrusion de la plus microscopique poussière d’enfer représentaient pour moi les plus terrifiantes de toutes les conditions humaines.

Avoir peur, hésiter, sentir la menace de ce qui peut nous arriver, tout cela était notre seule certitude et, au bout du compte, la quintessence de ce que l’on considère comme l’état naturel de l’homme.


« Derrière chaque douleur, chaque peur, chaque hésitation et chaque incertitude, il y a une pensée destructrice, il y a la cause de tout : l’idée de l’inevitabilité de la mort.

C’est elle qui est le véritable tueur de l’humanité, la source de tous les malheurs de l’homme, de toutes les guerres et de tous les crimes commis dans les sociétés qu’il a créés.


« Le simple fait pour l’homme de savoir qu’ils possède en lui ce germe de mort mettrait fin pour toujours à sa mort physique. »


« La mort, les bornes qu’il s’impose protège l’homme de son effarement devant l’infini. »


Le Rêveur m’expliqua que le sentiment de mort de l’homme semble naître en même temps que lui alors qu’en réalité ses origines sont beaucoup plus lointaines.

A la naissance, la première sensation du bébé est celle d’une suffocation, d’un écrasement.

Dans nos sociétés dites civilisées, la vie commence par un rituel des plus cruels, « une authentique entrée en enfer », selon les mots du Rêveurs.

Enfanté dans la douleur, ébloui par la lumière aveuglante de la salle d’accouchement, assourdi par le brouhaha des voix animés des
médecins et des cris de la mère, accueilli par une fessé et étendu sur une surface d’acier glacé, le nouveau né reçoit la peur comme première impression et, dés cet instant, comme dans le phénomène de l’empreinte chez les oies, il suivra cette peur comme si elle était sa véritable mère.


« Dés lors, rien ne nous est plus familier que la saveur douceâtre de l’effroi », déclara le Rêveur.


Toute la vie d’un homme ordinaire est dominée par ce premier instant, par ce feu liquide qui a envahi ses poumons au moment terrifiant où, de créature aquatique, il est devenu une créature qui a besoin d’air pour survivre.