Le Rêveur me dit que, dans toutes les cultures et à toutes les époques, des écoles avaient formé des hommes hors du commun. Au-delà des différences philosophiques et culturelles qui semblaient les distinguer les unes des autres, ces « écoles » étaient en fait une seule et même École.
La voix de celle-ci était demeuré immuable, sa pensée avait traversé les siècles et les civilisations.
Cette École, dit-il, c’est l’« École de Dieux », une officine universelle de rêveurs ou visionnaire et brillants utopiste qui affinent depuis toujours leur idéaux.
« Une École de transformation », ajouta plus tard le Rêveur.
« L’École des Dieux où, avant même de pouvoir gouverné les autres, on apprend à se gouverner soi-même. »
« Une École de bouleversement où l’on renverse les incertitudes et les idées, et pardessus tout la notion d’inexorabilité de la mort. Mourir, c’est résister à la vérité, à l’harmonie, à la beauté. Mourir détruit tout ce qui ne peut passer dans le camp de la vérité. Si nous sommes authentiques dans chacune des cellules de notre corps, nous ne mourrons jamais. »
Le Rêveur m’expliqua que, dans les zones les plus enfouies de l’existence, là où bouillonnent les émotions négatives, là où coule le léthé des pensées destructives et des sentiments de culpabilité, se trouve le berceau de toutes ces créatures monstrueuses, la source de nos vilenies, de nos morts, de nos chutes.
« Tu dois d’abord extirper l’ennemi de ta chair. Quand tu l’auras fait sortie de sa tanière, il reviendra t’affronter, toujours plus subtil, plus fort, plus impitoyable. L’antagoniste grandit à ton rythme ! Tu n’as pas de millier d’ennemis, tu n’en as qu’un seul, et il n’y a qu’une victoire possible – la victoire sur toi-même.
« Le voyage de retour procure à l’homme une très belle occasion de remédier à son passé ».
« Le monde entier est le passé. Les gens que tu vois et que tu touches, même si tu les vois dans l’instant, n’est que la matérialisation de tout ce que tu as été. Rien ne peut arriver si tu n’y as pas déjà consenti en pensée.
« Le monde est poussière. Souffle dessus, disperse-le. »
« Seule une telle École peut combattre des préjugées et des croyances millénaires, bouleverser les paradigmes mentaux de notre vieille humanité et la guérir pour toujours de ses conflits et de sa souffrance.
L’idéal et la réalité sont une seule et même chose. Le monde extérieur est ton reflet. Renverse tes certitudes et le monde te suivra comme une ombre. La réalité se présente sous la forme d’une nouvelle vision. »
« Pour toi et pour ceux qui, comme toi, croient que la vérité est dans les livres, il serait utile de retrouver les traces de cette ancienne École. »
« Tu comprendras un jour que le monde extérieur n’a rien à t’apprendre, que tu ne peux rien ajouter à ce que tu sais déjà, que les enseignements et les expériences n’accroissent pas la compréhension. On ne peut que se souvenir du vrai savoir.
« La connaissance d’un homme ne peut être moindre ou plus grande que lui. Un homme ne sait que ce qu’il est.
« Connaître signifie avant tout être. Plus tu es, plus tu sais ! »
Plus tard, le Rêveur me parlerait d’une mémoire intemporelle, d’une mémoire verticale composée d’états et de paliers renfermant un savoir infini. Elle est le patrimoine de tout homme ; nous la possédons tous, mais nous en avons perdu les clés, le souvenir.
« Le savoir appartient inaliénablement à tout homme;il est aussi ancien que lui.
« Un jour tu comprendras que, pour atteindre la connaissance, il ne faut rien ajouter, et beaucoup, beaucoup retrancher. »