Quand en aurai-je suffisamment appris sur les relations personnelles pour qu’elles se déroulent sans difficultés? Y a-t-il moyen d’être heureux dans les relations? Sont-elles toujours forcément des défis?
Tu n’as rien à apprendre sur les relations personnelles. Tu n’as qu’à faire montre de ce que tu sais déjà.
Il y a une façon d’être heureux dans les relations personnelles : c’est de les utiliser dans le but pour lequel elles existent et non dans celui que tu as conçu.
Les relations personnelles constituent un défi constant; elles t’appellent constamment à créer, à exprimer et à vivre des visions plus grandes de toi-même, des versions de plus en plus magnifiques de toi-même. Nulle part ailleurs tu ne le feras de façon plus immédiate, avec plus d’impact et de façon plus immaculée que dans les relations personnelles. En fait, sans les relations personnelles, tu ne peux absolument pas le faire.
Ce n’est que par ta relation avec les autres gens, endroits et événements que tu pourras même exister (en tant que quantité connaissable, identifiable) dans l’univers. Rappelle-toi : en l’absence de tout le reste, tu n’existes pas. Tu n’es ce que tu es qu’en relation avec un autre qui ne l’est pas. Il en va ainsi dans le monde du relatif, par opposition au monde de l’absolu — où Je réside.
Lorsque tu auras clairement compris cela, lorsque tu l’auras profondément saisi, tu te sentiras intuitivement reconnaissant envers chacune de tes expériences, toutes les rencontres et surtout les rela-tions personnelles, car tu les trouveras constructives au sens le plus élevé. Tu verras qu’elles peuvent servir, qu’elles doivent servir, qu’elles sont en train de servir (que tu le veuilles ou non) à construire Qui Tu Es Vraiment.
Cette construction peut être une magnifique création de ton propre dessein conscient ou une configuration strictement fortuite. Tu peux choisir d’être le résultat de ce qui s’est passé, ou de ce que tu as choisi d’être et de faire à propos de ce qui s’est passé. C’est sous cette dernière forme que la création de Soi devient consciente. C’est dans cette seconde expérience que le Soi s’accomplit.
Alors, sois reconnaissant pour chaque relation personnelle et entretiens-la comme une chose extraordinaire, comme une occasion de donner forme à Qui Tu Es – et que tu choisis d’être, à présent.
Pour l’instant, ta quête a quelque chose à voir avec les relations humaines individuelles du genre romantique, et Je comprends cela. Alors, laisse-Moi parler, avec précision et détails, des relations amou-reuses humaines, ces choses qui te donnent continuellement tant de difficultés!
Lorsque les relations amoureuses humaines échouent (les relations n’échouent jamais vraiment, sauf au sens strictement humain qu’elles n’ont pas produit ce que tu voulais), c’est parce qu’on y était entré pour la mauvaise raison.
(«Mauvaise», bien entendu, est un terme relatif, voulant dire ce qui se mesure à ce qui est «bon», peu importe ce que c’est! Il serait plus précis, dans votre langage, de dire que «les relations échouent – changent – plus souvent lorsqu’on y entre pour des raisons qui ne sont pas pleinement bénéfiques ou propices à leur survie».)
La plupart des gens entrent dans une relation en ayant à l’esprit ce qu’ils peuvent en tirer, plutôt que ce qu’ils peuvent y apporter.
Le but d’une relation est de décider quelle part de vous-même vous aimeriez voir «apparaître», et non quelle part de quelqu’un d’autre vous pouvez vous accaparer et retenir.
Les relations (comme toute la vie) ne peuvent avoir qu’un but: être et décider Qui Tu Es Vraiment.
Il est très romantique de dire que tu n’étais «rien» avant l’arrivée de cet être extraordinaire, mais ce n’est pas vrai. En outre, cela impose à cet être une pression incroyable pour qu’il soit toutes sortes de choses qu’il n’est pas.
Ne voulant pas te «décevoir», l’autre fait de grands efforts pour être et faire tout cela, jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. Il ne peut plus compléter l’image que tu te fais de lui. II ne peut plus remplir les rôles auxquels il a été assigné. Le ressentiment monte. La colère suit.
Finalement, afin de se sauver (et de sauver la relation), cet être extraordinaire se met à reprendre son moi véritable et agit davantage en fonction de Qui Il Est Vraiment. C’est vers ce moment que tu dis qu’il a «vraiment changé».
II est très romantique de dire que, maintenant que ton être extraordinaire est entré dans ta vie, tu te sens complet. Mais le but de la relation n’est pas d’avoir quelqu’un d’autre qui pourrait te compléter, mais d’avoir quelqu’un d’autre avec qui tu pourrais partager ta complétude.
Voici le paradoxe de toutes les relations humaines : tu n’as besoin de personne en particulier pour vraiment faire l’expérience de Qui Tu Es, et… sans quelqu’un d’autre, tu n’es rien.
C’est à la fois le mystère et la merveille, la frustration et la joie de l’expérience humaine. Cela exige une compréhension profonde et une volonté totale de vivre d’une façon sensée au sein de ce paradoxe. J’observe que très peu de gens le font.
Lorsque vous entamez, pour la plupart, vos années de formation aux relations personnelles, vous êtes remplis d’anticipation, pleins d’énergie sexuelle, le coeur grand ouvert et l’âme joyeuse bien qu’im-patiente.
Quelque part entre 40 et 60 ans (et pour la plupart, c’est plus tôt que tard), vous avez abandonné votre plus grand rêve, laissé de côté votre plus grand espoir et vous vous êtes contenté de votre attente la moins élevé, ou de rien du tout.
Le problème est si fondamental, si simple et pourtant si mal compris que c’est tragique : votre plus grand rêve, votre idée la plus élevée, et votre espoir le plus cher avaient quelque chose à voir avec votre cher autre plutôt qu’avec votre cher Soi. L’épreuve de vos relations personnelles a permis de mesurer à quel point l’autre a été à la hauteur de vos idées et à quel point vous vous êtes considéré à la hauteur des siennes. Mais la seule épreuve véritable mesure à quel point vous êtes à la hauteur des vôtres.
Les relations personnelles sont sacrées, car elles fournissent la plus grande des occasions (en fait, la seule) de créer et de produire l’expérience de l’idée la plus élevée que vous vous faites du Soi. Les relations personnelles échouent lorsque vous les considérez comme la plus grande chance, dans la vie, de créer et de produire l’expérience de l’idée la plus élevée que vous vous faites d’un autre.
Si toute personne qui se trouve en relation se préoccupait du Soi, de ce que le Soi est en train d’être, de faire et d’avoir; de ce que le Soi est en train de vouloir, de demander, de donner; de ce que le Soi est en train de chercher, de créer, de ressentir; toutes les relations personnelles rempliraient magnifiquement leur rôle – et serviraient leurs participants!
Que chaque personne se trouvant en relation se préoccupe, non pas de l’autre mais seulement, seulement, seulement de Soi.
Cette stratégie paraît étrange, car on vous a dit que, dans la forme de relation la plus élevée, on ne se préoccupe que de l’autre. Mais Je vous dis ceci : le fait de vous concentrer sur l’autre (votre obsession pour l’autre), c’est ce qui fait échouer les relations personnelles.
Qu’est-ce que l’autre est en train d’être? Qu’est-ce que l’autre est en train de faire? Qu’est-ce que l’autre est en train d’avoir? Qu’est-ce que l’autre est en train de dire? De vouloir? D’exiger? Qu’est-ce que l’autre est en train de penser? D’espérer? De planifier?
Le Maître comprend que ce que l’autre est en train d’être, de faire, d’avoir, de dire, de vouloir, d’exiger, n’a aucune importance. Ce que l’autre est en train de penser, d’espérer, de planifier n’a aucune importance. Tout ce qui importe, c’est ce que vous êtes, en rapport avec cela.
La personne la plus aimante est celle qui est centrée sur le Soi.
C’est un enseignement vraiment radical…
Pas si tu observes attentivement. Si tu ne peux aimer ton Soi, tu ne peux aimer quelqu’un d’autre. Bien des gens font l’erreur de chercher l’amour du Soi à travers l’amour d’un autre. Bien entendu, ils ne s’en aperçoivent pas. Ce n’est pas un effort conscient : cela se déroule dans le mental, au fond du mental, dans ce que vous appelez le subconscient. Ils s’imaginent : «Il suffit que j’aime les autres pour qu’ils m’aiment. Alors, je serai digne d’être aimé, et je pourrai m’aimer.»
La situation inverse, c’est qu’un grand nombre de gens se détestent eux-mêmes parce qu’ils ont l’impression que personne ne les aime. C’est une maladie – quand les gens sont vraiment «malades d’amour» – car, en vérité, d’autres les aiment vraiment, mais ça n’a aucune importance. Peu importe combien de gens leur témoignent leur amour, ça ne leur suffit pas.
D’abord, ils ne te croient pas. Ils pensent que tu essaies de les manipuler, d’obtenir quelque chose. (Comment peux-tu vouloir les aimer pour ce qu’ils sont vraiment? Non. Il doit y avoir une erreur. Tu dois vouloir quelque chose! Alors, qu’est-ce que tu veux?)
Ils restent là, à essayer de s’imaginer comment il se peut que quelqu’un les aime vraiment. Donc, ils ne te croient pas et se lancent dans une campagne pour te le faire prouver. A toi de prouver que tu les aimes. Pour cela, ils peuvent te demander de commencer à modifier ton comportement.
Deuxièmement, s’ils en viennent enfin à pouvoir croire que tu les aimes, ils commencent tout de suite à se demander combien de temps ils pourront garder ton amour. Alors, afin de s’accrocher à ton amour, ils commencent à modifier leur comportement.
Ainsi, deux personnes se perdent littéralement dans une relation. Elles entrent en relation en espérant se trouver, mais elles se perdent. Cette perte du Soi dans une relation, c’est ce qui cause la plus grande part d’amertume au sein de telles associations.
Deux personnes se lient dans un partenariat, en espérant que le tout soit plus grand que la somme des parties, mais elles découvrent qu’il est moindre. Elles se sentent moindres que lorsqu’elles étaient célibataires, moins compétentes, moins aptes, moins passionnantes, moins attirantes, moins joyeuses, moins contentes.
C’est parce qu’elles sont moindres. Elles ont abandonné la plus grande part d’elles-mêmes afin d’être (et de rester) en relation.
Les relations personnelles n’ont jamais été faites pour se dérouler ainsi, mais c’est ainsi que les vivent plus de gens que tu ne crois.
Pourquoi? Pourquoi?
C’est parce que les gens ont perdu contact avec (s’ils ont jamais été en contact avec) le but des relations personnelles.
Quand vous perdez de vue que vous êtes des âmes sacrées, engagées dans un voyage sacré, vous ne pouvez voir le but, la raison, derrière toutes les relations personnelles.
Si l’âme est venue au corps, et le corps à la vie, c’est dans le but d’évoluer. Tu es en train d’évoluer, tu es en train de devenir. Et tu utilises ta relation avec tout afin de déterminer ce que tu es en train de devenir.
C’est la tâche que tu es venu accomplir. C’est la joie de créer le Soi, de connaître le Soi, de devenir, consciemment, ce que tu souhaites Être. C’est ce qu’on entend par devenir conscient de Soi.
Tu as fait entrer ton Soi dans le monde relatif afin d’avoir les outils nécessaires pour connaître et faire l’expérience de Qui Tu Es Vraiment.
Qui Tu Es, c’est tel que tu te crées, en relation avec tout le reste.
Tes relations personnelles sont les éléments les plus importants de ce processus. Par conséquent, tes relations personnelles constituent un terrain sacré. Elles n’ont presque rien à voir avec l’autre personne mais, parce qu’elles l’engagent, elles ont tout à voir avec elle.
C’est la divine dichotomie. C’est le cercle fermé.
Alors, ce n’est pas un enseignement tellement radical que de dire : «Bénis soient ceux qui sont centrés sur le Soi, car ils connaîtront Dieu.» Ce ne serait peut-être pas un mauvais but, dans ta vie, que de connaître la part la plus élevée de ton Soi, et d’y rester centré.
Tu dois d’abord voir toute la valeur de ton Soi avant de pouvoir voir toute la valeur de quelqu’un d’autre.
Tu dois d’abord voir toute la grâce de ton Soi avant de pouvoir voir toute la grâce de quelqu’un d’autre. Tu dois d’abord connaître la sainteté de ton Soi avant de pouvoir reconnaître la sainteté de quelqu’un d’autre.
Si tu mets la charrue avant les boeufs (comme la plupart des religions te demandent de le faire) et que tu reconnais la sainteté de quelqu’un d’autre avant de te reconnaître toi-même, tu en auras un jour du ressentiment.
S’il y a une chose qu’aucun de vous ne peut tolérer, c’est que quelqu’un soit spirituellement supérieur à vous. Mais vos religions vous obligent à considérer les autres comme des êtres spirituellement supérieurs. C’est ce que vous faites – un certain temps. Puis, vous les crucifiez.
Vous avez crucifié (d’une façon ou d’une autre) tous Mes Maîtres, et pas seulement Un. Et vous l’avez fait, non pas parce qu’ils étaient spirituellement supérieurs à vous, mais parce que vous avez dit qu’ils l’étaient.
Mes Maîtres sont tous arrivés avec le même message. Non pas «Je suis spirituellement supérieur à vous», mais «Vous êtes aussi saints que moi.»
C’est le message que vous n’avez pas été à même d’entendre; c’est la vérité que vous n’avez pas été capables d’accepter. Et c’est pourquoi vous ne pourrez jamais vraiment, purement, tomber amoureux les uns des autres. Vous n’êtes jamais vraiment, purement tombés amoureux avec votre Soi.
Alors, Je te dis ceci : sois maintenant, et à jamais, centré sur ton Soi. A tout moment, sois à l’affût de ce que tu es en train d’être, de faire et d’avoir, et non de ce qui se passe chez un autre.
Ce n’est pas dans l’action d’un autre mais dans ta ré-action, que tu trouveras ton salut.
Je sais cela mais, d’une certaine façon, c’est comme si nous ne devions pas nous occuper de ce que les autres nous font dans la relation. Ils peuvent nous faire n’importe quoi, et pourvu que nous gardions notre équilibre, centrés dans notre Soi, et toutes ces bonnes choses, rien ne peut nous atteindre. Mais les autres nous atteignent vraiment. Parfois, leurs gestes nous blessent vraiment. C’est quand la blessure entre dans les relations personnelles que je ne sais pas quoi faire. C’est très bien de dire «détache-toi; fais en sorte que ça ne porte pas à conséquence», mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Je me sens vraiment blessé par les paroles et les actions des autres avec qui je suis en relation.
Un jour viendra où tu ne le seras plus. Cela sera le jour où tu comprendras (et actualiseras) la véritable signification des relations personnelles, leur raison véritable.
C’est parce que tu as oublié cela que tu réagis ainsi. Mais c’est correct. Cela fait partie de ton processus de croissance. Cela fait partie de ton évolution. C’est le travail de l’âme qui s’accomplit dans les relations personnelles; c’est un grand pas vers la compréhension, un grand pas vers le rappel. Jusqu’à ce que tu te rappelles cela (et que tu te rappelles aussi comment utiliser la relation comme un outil de création de Soi), tu devras travailler au niveau où tu te trouves déjà : au niveau de la compréhension, de la volonté, du souvenir.
Ainsi, quand tu réagis avec douleur et blessure à ce qu’un autre est, dit ou fait, il y a des choses que tu peux faire. La première est d’avouer, à toi et à l’autre, honnêtement et précisément, comment tu te sens. Nombre d’entre vous craignez de le faire, car vous craignez que cela «noircisse» votre «image». Quelque part en vous, vous trouvez sans doute ridicule de vous «sentir ainsi». C’est sans doute une réaction médiocre de votre part. Vous êtes «plus grand que ça». Mais vous n’y pouvez rien : vous vous sentez comme ça.
Il n’y a qu’une chose à faire. Vous devez respecter vos sentiments. Car respecter vos sentiments, cela veut dire respecter votre Soi. Et vous devez aimer votre semblable autant que vous-même.
Comment pouvez-vous vous attendre à comprendre et à respecter les sentiments d’un autre si vous ne pouvez respecter ceux de votre Soi?
La première question, dans tout processus interactif avec un autre, c’est : à présent, Qui Suis-Je et Qui Est-Ce Que Je Veux Être dans tout cela?
Souvent, tu ne te rappelles pas Qui Tu Es, et tu ne sais pas Qui Tu Veux Être, jusqu’à ce que tu essaies quelques façons d’être. C’est pourquoi il est si important de respecter tes sentiments les plus vrais.
Si ton premier sentiment est négatif, le simple fait de vivre ce sentiment, c’est souvent tout ce qu’il faut pour t’en dégager. C’est quand tu vis cette colère, vis ce chagrin, vis ce dégoût, vis cette rage, assumes cette envie de «riposter», que tu peux désavouer ces sentiments et les dissocier de Qui Tu Veux Être.
Le Maître est celui qui a vécu un nombre suffisant de ces expériences pour savoir à l’avance ce que sont ses choix définitifs. II n’a besoin de rien «essayer». Il a déjà porté ces vêtements et sait qu’ils ne lui vont pas; que ce n’est pas «lui». Et puisque la vie d’un Maître est consacrée au constant accomplissement de Soi tel qu’on sait qu’on est, il n’entretiendrait jamais des sentiments qui lui vont mal.
C’est pourquoi les Maîtres sont imperturbables devant ce que d’autres pourraient appeler une calamité. Le Maître exprime sa reconnaissance devant la calamité, car le Maître sait que les germes du désastre (et de toute expérience) engendrent la croissance du Soi. Et le second but de la vie du Maître, c’est toujours la croissance, car lorsqu’on a pleinement réalisé le Soi, il ne reste plus rien à faire, sinon de l’être davantage.
C’est à ce stade que l’on passe du travail de l’âme à l’oeuvre de Dieu, car c’est Moi qui M’en charge!
Je supposerai, pour les fins de cet exposé, que tu t’occupes encore de l’oeuvre de l’âme. Tu es encore en train de chercher à réaliser (à rendre «réel») Qui Tu Es Vraiment. La vie (Moi) te donnera suffisamment d’occasions de le faire (rappelle-toi, la vie n’est pas un processus de découverte, mais un processus de création).
Tu peux créer Qui Tu Es, à plusieurs reprises. En effet, c’est ce que tu fais – tous les jours. Mais dans l’état actuel des choses, tu ne trouves pas toujours la même réponse. Tel jour, peut-être choisiras-tu d’être patient, aimant et gentil en relation avec une expérience extérieure identique. Le lendemain, peut-être choisiras-tu d’être en colère, laid et triste.
Le Maître est celui qui aboutit toujours à la même réponse, et cette réponse est toujours le choix le plus élevé.
En cela, le Maître est éminemment prévisible. À l’inverse, le disciple est tout à fait imprévisible. Pour évaluer ses progrès sur la voie de la maîtrise, il suffit de remarquer à quel degré de prévisibilité on fait le choix le plus élevé, en réponse ou en réaction à n’importe quelle situation.
Bien entendu, cela soulève la question : quel est le choix le plus élevé?
C’est une question autour de laquelle ont tourné les philosophies et les théologies de l’homme depuis le commencement des temps. Si la question te passionne vraiment, tu es déjà sur la voie de ta maîtrise. Car il est tout de même vrai que la plupart des gens continuent de se passionner pour une tout autre question. Non pas «quel est le choix le plus élevé», mais «quel est le plus rentable»? Ou : comment puis-je perdre le moins?
Lorsqu’on vit en termes de limitation des dégâts ou d’avantage optimal, on perd le véritable bénéfice de la vie. On perd une occasion. On perd une chance. Car on vit à partir de la peur, et cette vie est un mensonge à ton propos.
Car tu n’es pas la peur, tu es l’amour. L’amour qui n’a besoin d’aucune protection, l’amour qui ne peut être perdu. Mais tu ne sauras jamais cela dans ton expérience si tu réponds continuellement à la seconde question, et non à la première. Car seule une personne qui croit avoir quelque chose à gagner ou à perdre pose la seconde question. Et seule une personne qui voit la vie différemment, qui voit le Soi comme un être supérieur, qui comprend que le critère n’est pas de gagner ou de perdre, mais seulement d’aimer ou d’échouer à aimer – seule cette personne pose la première.
Celle qui pose la seconde question dit : «Je suis mon corps». Celle qui pose la première dit : «Je suis mon âme.»
Que tous ceux qui ont des oreilles écoutent. Car Je vous dis ceci: à la jonction critique, dans toutes les relations humaines, il n’y a qu’une seule question :
Que ferait l’amour, à présent?
Aucune autre question n’est pertinente, aucune autre question n’a de sens, aucune autre question n’a d’importance pour ton âme.
Alors, nous arrivons à un point d’interprétation très délicat, car ce principe du parrainage de l’action par l’amour a été fort mal compris – et c’est ce malentendu qui a mené au ressentiment et à la colère – qui, en retour, a poussé tant de gens à s’écarter de la voie.
Depuis des siècles, on vous a dit que l’action animée par l’amour vient du choix d’être, de faire et d’avoir tout ce qui fait le plus grand bien à un autre.
Mais Je vous dis ceci : le choix le plus élevé est celui qui vous fait le plus grand bien.
Comme toute vérité spirituelle profonde, cette affirmation est ouverte à une fausse interprétation immédiate. Le mystère s’éclaircit un peu dès qu’on détermine quel est le «bien» le plus élevé qu’on puisse se faire à soi-même. Et lorsqu’on a fait le choix absolument le plus élevé, le mystère se dissout, le cercle se complète et le plus grand bien pour vous devient le plus grand bien pour un autre.
II te faudra peut-être plusieurs vies pour comprendre cela, et encore davantage pour l’appliquer, car cette vérité tourne autour d’une autre plus grande encore : Ce que tu fais pour ton Soi, tu le fais pour un autre; ce que tu fais pour un autre, tu le fais pour le Soi.
C’est parce que toi et l’autre ne faites qu’un.
Et cela, c’est parce que…
ll n’y a que Toi.
Tous les Maîtres qui ont foulé le sol de votre planète ont enseigné cela. («En vérité, en vérité, Je vous le dis, tout ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites.») Mais c’est resté, pour la plupart des gens, une grande vérité ésotérique sans grande application pratique. En fait, de tous les temps, c’est la vérité «ésotérique» la plus applicable, au point de vue pratique.
II est important, dans les relations personnelles, de se rappeler cette vérité car, sans elle, les relations seront très difficiles.
Revenons aux applications pratiques de cette sagesse et écartons-nous pour l’instant de son aspect purement spirituel et ésotérique.
II est arrivé si souvent, dans la conception ancienne des choses, que les gens (bien intentionnés et pour nombre d’entre eux très religieux) fassent, dans leurs relations, ce qu’ils croyaient être le plus grand bien à l’autre. Hélas, tout ce que cela produisait dans bien des cas (dans la plupart des cas), c’était un abus continuel de la part de l’autre, un mauvais traitement continuel, une dysfonction continuelle de la relation.
En définitive, la personne essayant de «faire le bien» en fonction de l’autre (pardonner rapidement, montrer de la compassion, continuellement ignorer certains problèmes et comportements) devient rancu-nière, coléreuse et méfiante, même à l’égard de Dieu. Car comment un Dieu juste peut-il exiger une souffrance, une absence de joie et un sacrifice sans fin, même au nom de l’amour?
La réponse est : Dieu ne l’exige pas. Dieu te demande seulement de t’inclure toi-même parmi ceux que tu aimes.
Dieu va plus loin. Dieu te suggère (te recommande) de t’accorder la première place.
Je fais cela en sachant fort bien que certains d’entre vous allez appeler cela un blasphème, disant que ce n’est pas Ma parole et que d’autres, parmi vous, feront pis encore : l’accepter comme étant Ma parole, et en donner une fausse interprétation, ou la déformer en fonction de leurs propres objectifs, c’est-à-dire justifier des actes sans amour.
Je te dirai ceci : le fait de t’accorder la première place, au sens le plus élevé, ne mène jamais à un acte irrespectueux.
Si, par conséquent, tu t’es surpris en flagrant délit de commettre un acte sans amour après avoir fait ce qui te convenait, la confusion ne consiste pas à t’être accordé la première place, mais plutôt à avoir mal interprété ce qui te convenait le mieux.
Bien entendu, pour déterminer ce qui te convient, il te faudra également déterminer ce que tu essaies de faire. C’est une étape importante que bien des gens ignorent. Qu’est-ce que tu veux faire? Quel est ton but dans la vie? Si tu ne réponds pas à ces questions, tu ne sauras jamais, au grand jamais, ce qui «convient».
En termes pratiques (encore une fois, en laissant de côté les aspects ésotériques), si tu considères ce qui te convient le mieux dans ces situations où l’on abuse de toi, au moins, tu feras cesser l’abus. Et ce sera bon à la fois pour toi et pour celui qui abuse de toi. Car même la personne qui abuse est victime d’abus quand on lui permet de continuer.
Abuser n’est pas une forme de guérison mais fait tort à celui qui abuse. Car si celui qui abuse trouve son abus acceptable, qu’a-t-il appris? Mais si celui qui abuse découvre que son abus n’est plus accepté, que découvre-t-il?
Par conséquent, traiter les autres avec amour ne veut pas nécessairement dire laisser les autres faire tout ce qu’ils veulent.
Les parents l’apprennent rapidement avec les enfants. Les adultes ne l’apprennent pas aussi rapidement avec les autres adultes, ni les nations entre elles.
Mais il ne faut pas laisser prospérer les despotes : il faut stopper leur despotisme. L’amour de Soi et l’amour du despote l’exigent.
Voilà la réponse à ta question : «S’il n’y a que l’amour, comment l’homme peut-il justifier la guerre?»
Parfois, l’homme doit aller à la guerre pour affirmer ce qu’il y a de plus élevé en ce qui concerne l’homme : détester la guerre.
A certains moments, tu devras abandonner Qui Tu Es afin d’être Qui Tu Es.
II y a des Maîtres qui ont enseigné qu’on ne peut avoir tout à moins d’être prêt à tout céder.
Ainsi, afin de devenir un homme de paix, tu devras peut-être abandonner l’idée que tu es un homme qui ne part jamais en guerre. L’histoire a demandé à des hommes de prendre de telles décisions.
La même chose est vraie dans les relations les plus individuelles et les plus personnelles. La vie te demandera peut-être plus d’une fois de prouver Qui Tu Es en démontrant un aspect de Qui Tu N’Es Pas.
Si tu as vécu quelques années, ce n’est pas si difficile à comprendre bien que, pour les jeunes idéalistes cela puisse sembler l’ultime contradiction. Avec la perspective qu’offre la maturité, cela peut apparaître comme une divine dichotomie.
Ce qui ne veut pas dire que, dans les relations humaines, tu doives «riposter» si tu te sens blessé. (Cela ne s’applique pas, non plus, aux relations entre nations.) Cela veut tout simplement dire que le fait de laisser un autre infliger un tort continuel n’est peut-être pas le plus grand geste amoureux, envers ton Soi ou envers l’autre.
Cela devrait enterrer certaines théories pacifistes selon lesquelles le plus grand amour interdit toute réponse vigoureuse à un mal apparent.
Cette discussion redevient ésotérique, car aucune exploration sérieuse de cette affirmation ne peut ignorer le mot «mal» ainsi que les jugements de valeur auxquels il invite. En vérité, il n’y a rien de mal : il n’y a que des expériences et des phénomènes objectifs. Mais ton but, dans la vie, exige que tu puises dans la collection infinie de phénomènes que certains d’entre vous appellent le mal, car si tu ne le fais pas, tu ne peux pas te qualifier, ni rien qualifier d’autre, de bien… et ainsi, tu ne peux connaître, ou créer, ton Soi.
Tu te définis par ce que tu appelles le mal — et par ce que tu appelles le bien.
Par conséquent, le plus grand mal serait de dire qu’il n’y a rien de mal.
En cette vie, tu existes dans le monde du relatif où quelque chose ne peut exister qu’en relation avec autre chose. C’est à la fois la fonction et le but des relations personnelles : fournir un champ d’expérience au sein duquel tu te trouveras, te définiras et (si tu le choisis) recréeras constamment Qui Tu Es.