Elle se lève doucement, personne ne fait de toute façon attention à elle, tous sont bloqué sur l’écran de leur vie, de leur espoir et de leur rêve.
Elle rentre dans sa chambre avec le même merveilleux sourire sur son visage. Elle récupère son sac à dos, mets quelques affaires dedans, puis elle s’assoit délicatement sur son lit.
Dans sa tête tout est clair comme de l’eau de source, limpide, c’est la première fois qu’elle ressent une tranquillité toute rempli d’excitation, de jubilation même.
Elle se sent pour la première fois de sa vie en phase avec elle-même, même si ce qu’elle s’apprête à faire va à l’encontre de toute logique, elle sait que c’est la seule solution.
Sa solution à elle pour enfin commencer à vivre et non plus survivre…
Le temps d’un instant, elle suspend son invariable vole, plus de bruit, plus rien, seulement elle face à elle-même.
Plus personne ne peut plus l’empêcher d’être elle-même, de vivre sa vie.
Elle prend une grande respiration, prend son sac sur le dos, se lève et délicatement contemple sa chambre comme si c’était la dernière fois qu’elle la voyait. Pas après pas, un sentiment de joie la submerge, elle a envie de crier mais elle se retient. Des grimaces de bonheur arrive quand même à transpercer sa retenu, elle accélère le pas car elle sait qu’elle ne pourra pas se retenir plus longtemps.
Elle sort de sa chambre, voit au loin toute la tribu scotché à l’écran de télé, se dirige vers la porte de sortie, ouvre la porte sans faire de bruit, la referme de la même manière.
Voilà, maintenant il faut sortir de l’immeuble, plus que vingt-quatre étages, l’ascenseur ne marche pas, ah la technologie quand tu nous tiens.
Elle ouvre la porte des escaliers, personne, enjambe la première marche, c’est parti. Étage après étage, marche après marche, tout s’accélère dans sa tête, les pensées se succèdent, les images s’enchaînent, tout un film se crée peu à peu dans l’espace de son être.
Elle croise un jeune complètement hypnotisé par son portable, avec un petit sourire en coin elle pense alors :
Encore un autre, qu’est-ce qui ont tous avec leur écran, quoi que moi aussi je suis subjugué par mon film mais il se trouve à l’intérieur de moi déjà. Cela doit être surement plus agissant par le fait qu’il n’y ai pas d’écran interposé. Mes images proviennent du tréfonds de mon être, je les sais mienne. Alors que les leurs appartiennent à d’autres, et tous peuvent le voir et les vivent-ils comme moi je vis mon film à l’intérieur.
Pourquoi je me prends tellement la tête c’est leur problème, pas le mien, c’est leur film, leur histoire, si ils veulent s’enfermé dans des films fabriqué par d’autres c’est leur problème. Moi je décide de sortir de leur histoire pour trouver ma propre histoire, et cette fiction même si pour l’instant elle ne réside que dans ma tête elle a toute la possibilité de naître dans ce monde.
C’est à moi de la faire vivre, c’est à moi d’être l’acteur de ma vie, c’est ça je comprends, je viens de laisser ma famille d’accueil comme on laisse des amis au cinéma. Assis sans effort, spectateur de leur film, je pars d’un monde à l’autre, d’une réalité passive vers une réalité active.
Tout prend sens, je comprends pourquoi je me sentais si mal à l’aise, si pas à ma place, c’est parce que je ne suis pas comme ça, et maintenant je suis fier d’être différente.
Ma différence est ma porte de sortie, sortir de cette comédie dramatique.
Enfin la dernière la marche sous les pieds, Douce ne sent pas la fatigue, ces dernières pensées l’ont complètement éveillé à ce nouveau monde. Elle ouvre la porte, la dernière porte entre l’avant et l’après, entre son ancien monde et le nouveau…