06 – Reflets infini


Tous les reflets infinis de ce monde n’étaient que les pales lueurs de ce qui se cachait en moi !

J’entrevoyais ce cache-cache sans fin entre soi et le monde, entre l’intérieur et l’extérieur, toute cette articulation de l’un vers l’autre était le mouvement même de la vie !

Tout était là pour nous montrer ce que l’on ne voulait pas voir : Soi !

Le monde était mort car nous étions tous ces morts-vivant, perdu dans les plus basses sphères de l’existence !

Le monde nous parlait de nous mais nous ne savions plus le lire, la société hurlait ses haines et ses guerres mais nous ne savions plus l’écouter !

Tout était là, devant chaque être vivant, mais la vie partait, se défiler à cause de notre irresponsabilité, de notre inconscience totale de tout ce qui se tramait !

Nous avions des yeux mais nous ne voyons plus rien !

Nous avions des oreilles mais nous n’entendions rien !

Nous étions ainsi dépourvu de toute l’essence de ce que nous sommes !

Les morts régnaient en maître et la vie se perdait indéfiniment !

J’étais las, de cette mort programmée, acceptée, engendrée, alimentée par ce monde au abois !

J’étais sortie des tentacules de ce monde extérieur mais l’intérieur me mâchait, s’en jamais arriver à me digérer !

J’étais dans l’antre de la baleine, dans son ventre tout était inversé, ou bien peut être, étais-ce le monde qui restaient inversé, et pour cela tout ce dévoilait enfin à l’endroit !

En tout cas, j’étais déstabilisé à l’extrême et l’outrance de ce qui s’y trouver me bouleversait indéniablement…

Je n’étais plus de ce monde, mais de qu’elle monde j’étais ?

Je comprenais que le monde dans lequel j’ai grandit n’était que chimère, qu’un conte à dormir debout, qu’une histoire mouvante et enfermante, qu’un leurre qui m’empêchait de rechercher ma propre histoire !

Et il fallait que j’aille la chercher cette histoire, mon histoire !

Mais avant de la trouver, il me fallait débroussailler toute cette forets sauvage, toute cette construction de malheur que j’avais pris pour mienne !

Non, elle ne m’appartenait plus, elle était juste utilisé comme cadre afin de délimiter toutes mes possibilités.

Et dans cette impossibilité comprise les limites inhérente à ce système me montraient son pouvoir réel sur le monde, sur les gens !

Son pouvoir était d’asservir le monde, d’être le guide ultime de ce qu’il devait faire ou pas !

Ce système était le maître en sa demeure, le souverain bien, ce qui fallait suivre, ce qui fallait vivre !

Ma première solution était de déconstruire tout ce que le monde avait engendré en moi !

Pour ensuite me rééduquer non plus à la mesure de ce monde mort mais de ce monde à venir, de ce monde vivant où l’intégrité, la vérité, et l’authenticité en deviendraient les piliers !

Je savais intimement que ce monde existait déjà, là dans le cœur de chacun, dans la partie la plus invisible de l’être !

Je pressentais que tout vient en ce monde par cette partie invisible, inaudible, par cette partie oublié, mis de côté, là où se sont imaginés, rêvés toutes les réalisations extraordinaires en cette terre.

Cette graine en était le commencement et surtout la mise en branle de tout mon système de fonctionnement.

Personne ne pouvait la voir, ni même la prédire, pourtant elle était le premier élan vers le retour à ma propre authenticité !

Car authentique je ne l’avais jamais été !

Dans cet ébranlement total de toutes mes certitudes je devais tout revoir, pour me voir vraiment !

J’étais aveugle et je le découvrais maintenant !

Ainsi toute ma vie durant j’ai couru après des chimères, après des idées inutile, après des pensées même nuisible.

Je me prenais pour ce que je n’étais pas, et n’étant pas, je me leurrait ainsi moi-même tout le temps.

Je vivais dans un mensonge flagrant, sans cesse dans ma tête je me racontais des histoires que je prenais pour mienne.

C’était d’une certaine manière de l’auto-hypnose, j’alimentais sans cesse en moi ce refrain, qui à force me faisait prendre des vessies pour des lanternes !

J’étais subjuguais par toutes les histoires qui se tramaient en moi, je ne pouvais me débrancher de ce courant d’information continu car c’était l’aliment-même de ce que je vivais.

Et je faisais tout pour protéger mes croyances de toutes déstabilisations en mon système !

Et c’est ce que chacun faisait, il se battait pour le bien fondé de sa structure mental, car si elle venait à être bouleverser l’être deviendrait fou, du moins c’est ce qu’il pouvait croire !

Et c’est là tout le subterfuge, car tant que j’avais pas mis en branle tout mon système, je ne pouvais voir, ni même imaginer que tout cela n’était qu’illusion, conte pour enfant !

Et c’est vraiment, totalement un conte pour enfant, tout ce que j’ai ingurgité de ce système n’a eu comme effet que de m’infantiliser, m’assister, me manœuvrer dans un asservissement béant !

Je me croyais libre et pourtant je ne l’étais pas !

Je me croyais vivant et pourtant j’étais mort !

Je me croyais heureux et pourtant je ne l’étais pas !

Je me croyais vrai et pourtant j’étais entièrement faux !

Je me rendais compte que tout avait été comme inversé !

Que toute mes croyances n’était qu’une parodie, une mystification, qu’un tour de passe-passe, me montrant d’un coté tout en agissant de l’autre !

Tout cela me demontrait pourquoi tout était sans dessus dessous, pourquoi tout était inversé, pourquoi tout cela paraissait insensé !

Et en effet il ne pouvait y avoir de sens dans tout ce fatras d’injustice, de guerre, de manipulation, de différence, d’agonie infinie !

Mais pourtant le sens y était !

C’était juste que tant que le désordre et l’insensé vivait en moi, je ne pouvais voir que ça, c’était la barrière même de ma vision, le filtre déformant de mon être qui me projetait tout cela pour que je puisse apprendre et comprendre par moi-même tout le processus qu’est la vie.

Pour qu’enfin je me prenne par la main et que je me dise :

« A force de tomber, j’apprends à marcher, a force de reculer, j’apprends à avancer ! »

« Seul avec moi-même, je prend conscience de ce que je suis ! »

« C’est pour personne d’autre que moi, que je deviens qui je suis vraiment »

Au plus bas de la déchéance, je ne pouvais aller plus bas, par contre je ne pouvais que remonter, non plus pour les autres, pour le monde !

Non, juste pour moi-même !

J’étais rien, mais par ce rien, grâce à ce vide je pouvais tout recevoir, je comprenais enfin, qu’avant je ne pouvais ni changer, ni même évoluer, car j’étais rempli à ras bord !

Et que ce plein, même si il n’existait pas, était par là même cette interférence d’avec moi-même !

Car il me barrait indéfiniment le passage !

Et pour cause il n’y avait plus d’espace pour pouvoir y entrer !

Alors il ne pouvait y avoir de silence pour ainsi écouter une nouvelle histoire car seul le brouhaha hypnotisant de la même rengaine m’aveugler sans cesse !